Electricité : quelles sont les mesures d'urgence envisagées pour cet hiver ?IllustrationIstock
Face à la perspective de pénuries d'électricité à travers tout l'Hexagone, les esprits s'échauffent et les scénarios catastrophes se bousculent. Mais qu'en est-il véritablement ? Pourquoi la France serait-elle exposée à des pénuries énergétiques ? Comment les gestionnaires du réseau réagiraient-ils ? On fait le point.
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En Suisse, une vidéo de la RTS (Radio Télévision Suisse) a circulé cet été, sortie de son contexte, et doublée d’un commentaire très alarmiste : nos voisins helvétiques auraient à s’attendre cet hiver à ne pas avoir d’électricité chez eux jusqu’à 12 heures par jour.

Ce plan de mesures drastiques communiqué par les autorités suisses correspond de facto à une stratégie de secours, dans le cas de réalisation d’un scénario catastrophe en termes d’accès à l’électricité et au gaz.

Coupures cet hiver : quels sont les revers du réseau énergétique français ?

Stocker l’électricité n’est pas chose facile, et compte tenu de l’infrastructure du réseau énergétique français et de son fonctionnement, il serait même quasiment impossible chez nous, d’après Le Monde. C’est pour cela que notre accès à l’électricité dans nos foyers repose sur un délicat équilibre entre l’énergie produite et sa répartition sur le territoire en fonction des tendances de consommation.

Cet équilibre est assuré par les gestionnaires du réseau, qui connaissent les tendances et peuvent prédire notamment les pics de consommation : c’est grâce à eux que nous aurons accès au site EcoWatt, la "météo de l’électricité". Lorsque le réseau est trop déséquilibré, des "black-out" peuvent être occasionnés, soit des coupures généralisées et incontrôlées, au niveau national ou même continental, comme cela avait été le cas le 4 novembre 2006. Ces black-out sont à éviter à tout prix !

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Mais comment faire ? Plusieurs facteurs entrent en compte dans l’organisation des gestionnaires du réseau…

Coupures cet hiver : comment les éviter ?

La rééquilibration du réseau passe par de nombreux "leviers" : accélération de la production dans les centrales, imports énergétiques et enfin consommation… Ce dernier levier est en effet un recours ultime envisagé pour cet hiver, comme on le voit déjà au travers des campagnes gouvernementales pour la sobriété énergétique…  

Détail non-négligeable, ce sont les entreprises et les professionnels qui ont été, de loin, les plus grands utilisateurs d’électricité en 2021. En effet, ils représentaient 46% de la consommation finale en électricité, contre 38% pour le secteur résidentiel et 16% pour les grandes industries. Ce sont donc ces pôles-là qui devraient être concernés au premier abord par les mesures de baisse de consommation.

Mais comment en sommes-nous arrivés là ? Les raisons pour lesquelles notre approvisionnement énergétique se voit quelque peu compromis cet hiver sont diverses, mais rétroactives…

Coupures cet hiver : pourquoi une telle tension du réseau ?

Tout d’abord, il convient de noter que le système électrique et le parc nucléaire français se trouvent actuellement en transition. Les gestionnaires du réseau ont comme instruction de redoubler de vigilance durant la période hivernale jusqu’en 2024.

De plus,l’import d’énergie est un remède normalement efficace contre les pénuries, mais se trouve compromis cette année car de nombreux voisins se trouvent dans la même situation que nous, et préfèrent logiquement consommer eux-mêmes l’électricité qu’ils ont l’habitude de revendre, d’après TF1.

La guerre en Ukraine a aussi son rôle à jouer, étant donné qu’elle entraîne des pénuries de gaz, et qu’à l’échelle européenne, le marché du gaz et de l’électricité sont intrinsèquement liés, comme le rapporte BFM. Enfin, la sècheresse historique de cet été rend la production d’électricité dans les barrages d’autant plus compliquée.

Compte tenu de tous ces facteurs, quelles sont donc les mesures d’urgence potentiellement envisagées ?

Coupures cet hiver : quelles sont les mesures d’urgence véritablement envisagées ?

Nos voisins suisses pensent en effet, dans le plus grave des cas, avoir recours à des coupures de 4 heures toutes les 8 heures, à part pour les structures essentielles telles que les hôpitaux évidemment. Ils envisageraient également de fermer temporairement des écoles, réintroduisant les cours à distance, comme le rapporte la RTS.

En France, les premières mesures envisagées n’affecteraient pas les particuliers. Par exemple, un "ordre d’effacement" pour les sites industriels à forte consommation électrique pourrait être émis. Ceux-ci devront alors ralentir ou décaler leur utilisation de machines énergivores.  Les gestionnaires du réseau pourraient aussi envisager d’en baisser la tension. Cette baisse serait à peine perceptible pour les usagers, les seuls effets seraient par exemple une performance un peu diminuée de vos plaques électriques.

Enfin, des coupures programmées de 2 heures, aussi appelées délestages, seraient envisagées par les autorités françaises. Les usagers seront prévenus largement à l’avance si un tel scénario risquait de se produire.