Compteurs Linky, une bonne affaire pour Enedis, des économies discutables pour les consommateurs Istock
La Cour des Comptes a tiré le bilan du déploiement des boîtiers verts censés permettre de réaliser des économies d'énergie, donc d'argent. Pour les consommateur, celles-ci semblent très limitées.
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Ce compteur électrique aura créé bien des étincelles. Déployé depuis 2015 par Enedis, Linky s’est désormais installé dans la plupart des foyers français. La Cour des comptes a dressé en 2024 un bilan en demi-teinte

Des gains pour Enedis

Les “Sages de la rue Cambon” mettent notamment en exergue la “générosité des modalités de financement accordées à Enedis, assises notamment sur une régulation incitative favorable”. Le boîtier connecté permet en outre à l’opérateur de réaliser d’importantes économies. Au total, le gain cumulé est évalué à 114 milliards d’euros entre 2017 et 2024.  

Et cela ne s’arrêtera pas là, les rapporteurs indiquent ainsi que :

“(...) l’utilisation du système Linky pour améliorer l’exploitation du réseau permettra à l’avenir de générer d’autres gains. Dans le modèle d’affaires initial en 2014, les gains prévus, difficilement chiffrables à l’époque, étaient relativement minimes. Néanmoins, ils représentent un potentiel non négligeable s’ils sont la traduction de développements mis en œuvre de façon généralisée, notamment (par exemple les expérimentations autour de la maintenance prédictive).

En d’autres termes, les évolutions technologiques permettent déjà d’espérer d’autres bénéfices de ce dispositif à l'avenir. 

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Quels gains pour les consommateurs ? 

En revanche, les avantages constatés pour les consommateurs semblent moins évidents. La Cour des comptes estime notamment que les avantages générés par Linky ne se sont pas (encore) traduits par des offres de marché réellement avantageuses pour les ménages. Sa première recommandation concerne précisément cet aspect. Il est ainsi demandé de “de faire évoluer le dispositif de différé tarifaire pour réduire le coût pour le consommateur“.

En cause notamment : des propositions qui ne correspondent pas “à la réalité des usages domestiques”. Le compteur Linky est en effet censé permettre de faire des économies en différant les usages de certains appareils très consommateurs d’énergie. Sauf que, dans “la vraie vie”, il n’est pas si simple de lancer une machine ou de faire cuire ses aliments pendant les heures “creuses”. 

Un intérêt collectif plutôt qu'individuel 

“Les simulateurs de consommation consultables en ligne affichent, pour un usage normal en 2024, des coûts approximatifs de consommation électrique de 3€/mois pour un lave-vaisselle, un lave-linge, une plaque de cuisson ou un four. L’intérêt pour le système électrique de décaler leur usage pour diminuer la puissance appelée en pointe est réel mais il s’agit d’un intérêt collectif. En revanche l’intérêt financier personnel du consommateur à s’imposer cette contrainte est moins évident”, écrivent ainsi les auteurs de ce rapport. 

Carton rouge

La présidente du Directoire d’Enedis, Marianne Laigneau, a répondu dans un courrier associé à la publication du rapport. Elle écrit  notamment que le compteur a permet “joue un rôle majeur dans ta fluidité du marché et permet aujourd'hui notamment aux clients de changer rapidement de fournisseur.

Elle compte parmi les “gains indirects” apportés par le boîtier, le fait de “ne plus imposer la présence du client lors de certaines interventions (augmentation ou baisse de puissance souscrite, relève exceptionnelle, ...)”. 

Au mois de mai, le Médiateur national de l’énergie s’était montré encore plus sévère en adressant un “carton rouge” à l’encontre d’Enedis. En cause notamment : “des mises en service retardées au motif infondé de l’absence de compteur Linky”.