Ce que l’accord UE-Mercosur implique pour vos achats au quotidien Istock
Le projet de traité entre l'Union européenne et l'Amérique du Sud (Mercosur) suscite la colère des agriculteurs français. Quels en seraient les effets sur les produits disponibles en supermarchés ? Viande, fruits exotiques, voitures… Découvrez comment ce traité pourrait changer votre quotidien.
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“Feux de la colère”, routes bloquées, manifestations… En ce mois de novembre, les agriculteurs français se mobilisent contre la ratification prévue à Bruxelles de l’accord commercial avec l’Amérique du Sud. Le principe de cet accord a été s igné en 2019 entre l’Union européenne et le marché commun d’Amérique du Sud (Mercosur). Il prévoit la levée des barrières douanières entre les deux zones. Il inquiète les producteurs français qui craignent une concurrence déloyale, car les coûts et la réglementation encadrant leur activité sont moindres dans ces pays. Mais quels effets cet accord commercial pourrait-il avoir sur votre quotidien ? 

Des exportations facilitées

En premier lieu, une remise en contexte. La Commission européenne et de nombreux pays européens soutiennent ce projet, car il représente des débouchés supplémentaires pour les produits européens, qu’il s’agisse de voitures ou de produits chimiques. 

Selon les termes de l’accord avec le Mercosur, il est prévu, “à terme, la suppression des droits de douane sur de 91 % des biens exportés par les entreprises de l'UE vers le Mercosur.

A terme, cela devrait concerner “91 % des biens exportés par les entreprises de l'UE vers le Mercosur”, notamment les produits suivants: 

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  • Voitures et pièces de voitures
  • machines
  • produits chimiques
  • les vêtements 
  •  les produits pharmaceutiques
  • les chaussures en cuir 
  • les textiles 
  • le vin
  • le chocolat
  • le whisky
  • les biscuits
  • les pêches en conserve
  • les boissons non alcoolisées

Le pari ? Si ces biens sont moins taxés, ils seront moins coûteux, et la production européenne gagnera en compétitivité. Les entreprises seraient incitées à investir pour répondre à la demande, embaucher, et, in fine, engranger des revenus supplémentaires. L ’industrie automobile, mais aussi chimique auraient beaucoup à y gagner.  

Au total, ce sont entre 40 et 45 milliards d’euros qui sont en jeu, exportations, mais aussi importations comprises. 

Des craintes pour la “souveraineté alimentaire”

Ce qui pose problème non seulement aux agriculteurs et aux défenseurs de l’environnement et de la santé, c’est plutôt le volet “importations” du dossier. La crainte porte notamment sur les importations de viande bovine, produite à moindre coût au Brésil ou en Argentine. Des interrogations sont soulevées sur la traçabilité des produits, notamment parce que l’usage de produits interdits en Europe, notamment des hormones telles que l’oestradiol, qui peut provoquer des cancers, y est moins strictement encadrée. Or, les sujets d’inquiétudes sont bien réels. Un audit de la Commission européenne dont les conclusions ont été publiées le 7 novembre a ainsi observé “des lacunes considérables dans la traçabilité et le contrôle du bœuf brésilien importé par l’UE”. 

Des inquiétudes se portent aussi sur les sucres, le maïs ainsi que les produits exotiques provenant d’Amérique du Sud et qui pourraient contenir des polluants tels que des pesticides.

La France cherche ses alliés

Pour autant, un accord de libre-échange signifierait-il que du bœuf aux hormones finirait directement dans vos assiettes ? Cela reste incertain mais pas improbable. Si jamais vous en achetez, il aura fallu que de nombreux intermédiaires interviennent. Le rôle des entreprises qui importent, transforment et distribuent ces produits serait donc particulièrement crucial. Si les coûts d’importation des matières premières sont plus attractifs, elles auront tout intérêt à s’approvisionner en Amérique du Sud. Quitte à accroître encore les émissions de gaz à effet de serre en raison des transports que cela induit. Ces enjeux climatiques ont été mis en lumière dès 2020 dans le cadre d’un rapport remis au gouvernement français par l’économiste Stefan Ambec

En France, un débat, suivi d’un vote, doit avoir lieu à l’Assemblée nationale à propos de cet accord. Du côté de l’exécutif, Emmanuel Macron et Michel Barnier se sont tous deux dits opposés à celui-ci. Toutefois, Paris semble plutôt isolée dans ce combat, comme l’explique notamment Francetvinfo.fr. Pour que les négociations soient abandonnées, il lui faudrait convaincre au moins 4 pays afin de réunir la minorité de blocage suffisante. La position de l’Italie, de la Pologne, de l ’Irlande et l’Autriche est particulièrement scrutée.