Parmi les 51 hommes accusés d’avoir violé Gisèle Pelicot, Christian L., un pompier professionnel, est également jugé pour détention d’images pédopornographiques. Sa compagne a été entendue comme témoin...
- 1 - Meurtre de Lola : que s'est-il passé après 15h17 ?
- 2 - Meurtre de Lola : à 17 heures, la rencontre de Dahbia avec un habitant du quartier
- 3 - Meurtre de Lola : à 19 heures, le trajet en VTC
- 4 - Meurtre de Lola : à 22h30, le retour sur les lieux du crime
- 5 - Meurtre de Lola : Rachid, l'ami de Dahbia, connaissait-il le contenu de la malle ?
119, rue Manin, 19ème arrondissement de Paris. C'est à cette adresse qu'une malle contenant la dépouille de Lola, 12 ans, a été retrouvée le vendredi 14 octobre 2022, aux alentours de 23h20. Le calvaire de l'adolescente du quartier des Buttes-Chaumont débuté quelques heures plus tôt, à 15h17, heure à laquelle les caméras de surveillance de sa résidence la filment en train de rentrer chez elle.
A ce moment précis, la collégienne croise le chemin d'une femme, identifiée comme pouvant être Dahbia B., mise en examen pour "meurtre sur mineur de 15 ans accompagné de torture ou d'actes de barbarie" et de "viol sur mineur".
Les enquêteurs ont tenté de reconstituer l'emploi du temps de la meurtrière présumée entre 15h17, dernière fois que Lola a été aperçue en vie, et le lendemain matin, heure de son interpellation.La suspecte, âgée de 24 ans, aurait emmené l'enfant dans l'appartement de sa soeur, qui vivait dans le même immeuble.
Meurtre de Lola : que s'est-il passé après 15h17 ?
Selon les informations du Parisien, la collégienne aurait été contrainte de se doucher avant d'être abusée sexuellement. Dahbia B. aurait ensuite pris soin d'appliquer du scotch sur l'ensemble du visage de Lola, morte des suites d'une asphyxie. Après avoir infligé à la victime des coups de couteau ou de ciseaux, la suspecte affirme avoir bu du sang de l'adolescente après l'avoir versé dans une bouteille.
Aux alentours de 17 heures, la principale suspecte est de nouveau aperçue par les caméras de surveillance, seule. Elle porte une robe verte, des claquettes noires au pied, et est coiffée d'un chignon. Elle porte avec elle deux valises, ainsi qu'une malle. Mais que s'est-il passé entre ce moment et la découverte du corps de Lola, six heures plus tard ? Voici les éléments de l'enquête qui tentent de retracer le chemin de la meurtrière présumée après le crime.
Meurtre de Lola : à 17 heures, la rencontre de Dahbia avec un habitant du quartier
Selon les derniers éléments de l'enquête, Dahbia B. aurait pu sortir de l'immeuble de la rue Manin aux alentours de 17 heures. Près d'un bureau de poste non loin de là, elle aurait alors interpellé un homme, Martin (le prénom a été changé, NDLR), riverain du quartier.
La suspecte demande à ce dernier de bien vouloir l'aider à transporter ses bagages jusqu'au métro le plus proche, ce que l'homme âgé d'une vingtaine d'années refuse. Elle voulait aller dans les Hauts-de-Seine, selon un témoin et ami de l'homme alpagué par la meurtrière présumée.
Quand Martin commence à s'en aller, Dahbia B. le retient, en lui indiquant qu'elle avait de la "marchandise" dans sa malle. "Il a cru que c’étaient des téléphones ou du matériel de bricolage et a pensé qu’il pouvait peut-être se faire un petit billet", rapporte le témoin.
"C'est un rein"
Dès lors, Martin demande à la jeune femme de lui révéler le contenu de la malle, ce qu'elle refuse de faire en public. Pour l'aider, il porte alors ses deux valises dans un bar, le Rallye, tandis qu'elle le rejoignait cinq minutes plus tard, malle à la main.
Selon le témoignage du jeune homme, la malle était ouverte et laissait apparaître une couverture rougeâtre "comme une tache de sang effacée" et dégageant une forte odeur d'eau de Javel. Martin aurait touché le contenu de la malle du doigt, le trouvant "compact" et "bizarre"... Ce à quoi Dahbia aurait répliqué : "C'est un rein". "À ce moment-là, Martin s’est dit qu’il était tombé sur une psychopathe qui racontait n’importe quoi", rapporte son ami. Finalement, il quitte les lieux et abandonne la principale suspecte qui reste près du bar-tabac...
Meurtre de Lola : à 19 heures, le trajet en VTC
Ignorée par les passants à qui elle demande de l'aide, Dahbia B. finit par contacter une connaissance, chauffeur VTC de métier, Rachid. L'homme de 43 ans vient la récupérer aux alentours de 19 heures, en Dacia grise.
La suspecte charge sa malle et ses valises dans le véhicule de fonction de son ami et prend la route jusqu'Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine), où habite le conducteur. Le trajet dure une trentaine de minutes.
Une boisson gazeuse et une boîte de préservatifs
Arrivés à l'appartement de Rachid, qui habite au rez-de-chaussée, lui et Dahbia déposent la malle qui contiendrait alors le corps sans vie de Lola. Selon des voisins, les deux amis seraient ressortis pour acheter une boisson gazeuse et une boîte de préservatifs.
"L’homme s’est-il déplacé jusque dans le XIXe arrondissement, non pas pour porter assistance à Dahbia dans sa funeste besogne mais dans l’objectif d’avoir une relation sexuelle avec elle ?", questionne Le Parisien.
Une chose est sûre : le quadragénaire est aujourd'hui mis en examen pour recel de cadavre et a été placé sous contrôle judiciaire. Rachid, qui était déjà connu des forces de police pour violences sur mineur et port d'arme blanche, affirme avoir été piégé par Dahbia.
Lors d'une audition, l'homme a toutefois avoué avoir su que la femme avec qui il passait la soirée était recherchée par la police. Aux alentours de 22h30, la meurtrière présumée décide de quitter les lieux. Où va-t-elle ensuite ?
Meurtre de Lola : à 22h30, le retour sur les lieux du crime
A 22h30, Dahbia B. quitte l'appartement de son ami et fait appel à un autre chauffeur VTC via la plateforme Heetch. Rachid, qui aide alors la jeune femme à charger ses affaires dans le véhicule, aurait demandé à l'automobiliste de ne pas regarder à l'intérieur de la malle. Une fois seule, la suspecte aurait décidé de revenir au 19, rue Manin, pour abandonner la malle contenant le cadavre de Lola dans les parties communes de l'immeuble.
Seulement quelques minutes plus tard, à 23h20, le corps est retrouvé par un homme sans domicile fixe. Déjà dans les transports en commun, direction un squat de Bois-Colombes (Hauts-de-Seine), Dahbia sera finalement interpellée le lendemain matin, alors qu'elle est accompagnée de trois hommes. Clap de fin pour la cavale de la tortionnaire présumée de la petite Lola.
Rappelons qu'à ce stade, la suspecte, Dahbia B., bénéficie toujours de la présomption d'innocence.
Son ami, avec qui elle a passé la soirée, a lui aussi été mis en examen pour recel de cadavre avant d'être remis en liberté sous contrôle judiciaire. Que sait-on de cet homme ?
Meurtre de Lola : Rachid, l'ami de Dahbia, connaissait-il le contenu de la malle ?
D'après les informations du Parisien, Rachid et Dahbia se sont rencontrés trois ou quatre ans plus tôt, dans un café d'Asnières-sur-Seine où la meurtrière présumée travaillait en tant que serveuse. Les deux amis ont "flirté", mais n'ont jamais entretenu de relation sérieuse.
"Le soir des faits, ce n’était que la seconde fois qu’elle venait au domicile de Rachid à Asnières-sur-Seine", a expliqué une source proche du dossier au quotidien francilien.
Rachid est formel : il n'avait aucune connaissance du contenu de la malle. Il n'aurait pas senti l'odeur d'eau de Javel décrite par d'autres témoins. Contrairement aux déclarations du chauffeur de VTC qui a reconduit Dahbia sur les lieux supposés du crime quelques heures plus tard, le suspect affirme n'avoir jamais demandé au conducteur de ne pas regarder le contenu de la malle.
Célibataire et sans enfant, Rachid n'a pas de diplôme et travaille en tant que chauffeur pour une société de transport parisienne. "S es patrons lui ont même renouvelé leur confiance malgré sa situation", affirment nos confrères.
L'avocate de Rachid, Me Khalida Mehani, conclut : "Mon client conteste le chef de sa mise en examen dans la mesure où il n’avait pas conscience de ce qui pouvait se trouver dans cette malle".