Elle a participé à l'avènement d'Emmanuel Macron. Et puis, elle a fini par partir, un peu avant le premier tour. Aujourd'hui, cette ancienne de la CFDT publie Confusions, le livre qui revient sur l'enfer de la campagne.
Sommaire

"Ces gens-là, ils ne sont pas comme toi, Marie", l'avait sobrement alerté Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT. C'est de là qu'elle venait, avant de rejoindre le pôle "Idées" de l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron. Un choix qu'elle a depuis eu le temps de regretter. Et pour cause ! Dans son livre, Confusions, cette ancienne plume du - futur, alors - président de la République raconte en long, en large et en travers son expérience. Elle parle d'un monde oppressant qui, chaque soir, lui arrache des larmes. Elle raconte comment elle a transformé son corps et la poussée à bout. Plongée - difficile, il faut le dire - dans "l'enfer de la macronie", dont L'Obs publie quelques extraits.

L'histoire que raconte Marie Tanguy, l'autrice de ce "repentir", ainsi que le décrit Le Point, est aussi celle de personnages peut-être plus connus des Françaises et des Français. Elle parle, bien sûr de Brigitte et d'Emmanuel Macron, mais aussi de quelques uns de ces "jeunes bien nés" et "péremptoires" que sont Ismaël Emelien, David Amiel et consorts.

Mépris de classe et violence symbolique

"Ces deux derniers mois, j'ai passé près de cinq cents heures dans une pièce de onze mètres carrés qui était l'endroit le plus stratégique de France, mais qui avait fini, au fil des semaines, par prendre l'allure d'un campement sauvage", décrit-elle, non sans évoquer "l'odeur de sueur" et celle de soja. Ce petit bureau, c'est celui dans lequel elle travaillait alors, avec Quentin Lafay et David Amiel. Chaque jour, dit-elle, ils "rendaient des avis susceptibles de bouleverser des vies, et de changer la face d'un pays". Ils "maillaient le territoire de maisons de services publics, d'établissement de santé ou de tribunaux", poursuit-elle, non sans raconter toute la "violence" de leur démarche. Le mépris de classe, aussi. Au sein même de l'équipe de campagne, par ailleurs, puisque les deux hommes méprisaient celles et ceux qui ne travaillaient pas au même étage qu'eux, écrit Marie Tanguy. "On, découvre, effaré, la langue de ces ‘gens-là'. C'est technique, prétentieux, abstrait, sec, froid", notent d'ailleurs les journalistes du Point qui commentent son ouvrage.

L'avenir de la France décidé entre deux chirashis

"Il faudrait imaginer une fin de conversation fatiguée, dans un bureau sale, et deux hommes qui finissent par tomber d'accord sur les modalités techniques. (Ca te va ?, Ca me va, Alors on fait comme ça.)", poursuit Marie Tanguy qui raconte en détail comment a pu se décider l'avenir de tout un pays, loin des réalités que connaissent ses habitants. "L'un d'eux se charger de rédiger la note pendant que l'autre va pisser", insiste-t-elle encore, non sans rappeler : "Voilà comment s'écrit l'histoire".

Vidéo du jour

Mais la violence ne se limite pas à celle que s'apprêtent à subir les Françaises et les Français. Elle ne s'arrête pas non plus au mépris de classe précédemment évoqué. Elle concerne aussi la jeune femme bien plus directement. Tous les dossiers sont toujours "TTU", c'est à dire "très très urgent". Dès lors, explique L'Obs, "Il n'y a pas de soirées, pas de pause déj, pas de week-ends". C'est tout juste s'il y a le temps de dormir. De leurs côtés, "Quentin" et "David" carburent aussi. Entre deux chirashis et deux sondages, ils lâchent l'une de ces "menaces de démissions", dont ils ont la bouche pleine… mais jamais devant Emmanuel Macron.

Fatigue et corps transformé

"Pendant deux mois, j'ai vécu des moments de panique, d'humiliation, d'accablement. J'ai voulu mille fois disparaître, et autant de fois j'ai cru que ma vie était finie", détaille Marie, dont le corps a subi le contrecoup de cet "enfer" macronien.

"Mon ventre et mes joues gonflées comme ceux d'un noyé. Mon haleine, l'odeur de mon cuir chevelu et de mes aisselles étaient de plus en plus aigre", écrit-elle, alors qu'elle raconte passer jours et nuits enfermés dans ces 11 mètres carrés. Elle craint le burn-out, quand elle finit par tout abandonner, "consciente de n'être point faite pour cet univers", note Le Point. Non sans une autre certitude : avec Emmanuel Macron, la rupture est consommée.