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Comment peut-on en arriver à une telle situation ? Pourquoi les voisins n’ont-ils rien remarqué ? Comment se fait-il que les services sociaux n’aient rien soupçonné ? La mère et les enfants ont-ils consenti à vivre enfermés pendant tout ce temps ? Autant de question auxquelles les enquêteurs tentent actuellement de répondre. Quelques jours après qu’une famille avec quatre enfants qui vivait recluse depuis au moins un an dans un appartement de Saint-Nazaire rempli d’immondices et rongé par l’humidité a été découverte par des pompiers, la police tente en effet d’éclaircir cette affaire. "On croyait avec les autres voisins que la femme était partie avec ses enfants, on ne voyait que le monsieur", a ainsi expliqué une voisine des reclus. Seul le père de famille sortait du domicile pour effectuer des courses. La casquette toujours vissée sur des cheveux mi-longs, l’homme n’était pas bavard, ne répondant même pas au "bonjour" de ses voisins.
Le père était-il paranoïaque ?
Découverts par les pompiers intervenus suite à un appel passé par la mère de famille, Christine Barreteau, pour un malaise, les membres de la famille ont aussitôt été pris en charge. Les quatre enfants âgés de 20, 19, 17 et 14 ans ont ainsi été hospitalisés tandis que la mère a dans un premier temps été placée en garde à vue avant de pouvoir les rejoindre. Le père a, quant à lui, été interné dans un hôpital psychiatrique. Jacqueline Wendland, qui enseigne la psychopathologie à l’Université Paris-Descartes, "on peut avancer des hypothèses, mais le fonctionnement familial devait être problématique et le père était probablement atteint de troubles psychiatriques graves (…) on peut imaginer un pathologie de type paranoïaque, avec un délire structuré lui permettant de justifier un comportement abusif aberrant". La fille aînée du couple, âgée d’une vingtaine d’années et ne résidant plus au domicile familial a par ailleurs été entendue par la police.
Des antécédents dans la famille
Alors que le parquet de Saint-Nazaire a décidé d’ouvrir "une enquête pour manquements aux obligations parentales, en termes judiciaires : abandon matériel et moral", des auditions, expertises et examens médicaux ont été demandés. Le parquet a par ailleurs indiqué que « la séquestration n’est pas avérée, il n’y a dans cette enquête ni violences physiques, ni agression sexuelle, ni viol ». Et d’ajouter : "Cette famille a fait l’objet dans le passé de suivi socio-éducatifs, dans les années 1990 et dans les années 2000, mais rien n’était en cours au moment de leur découverte dans cet état d’insalubrité". Et alors que le conseil général de Loire-Atlantique, en charge de la protection de l'enfance, a précisé qu'aucun suivi n'avait été engagé pour cette famille dans les cinq dernières années, le seul dysfonctionnement avéré pour cette famille qui payait ses factures est la visite annuelle du chauffe-eau qui n’avait pas pu être effectuée depuis deux ans.
Une voisine du dessus a cependant affirmé avoir signalé à plusieurs reprises des problèmes d'odeurs, au point qu'elle dit s'être demandée "s'il n'y avait pas un mort dans cet appartement". Un autre voisin s'est, lui, plaint de bruits et d'infiltrations.