De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Dans les rues du nord de Paris, entre les XIXe et XXe arrondissements, un bus peinturluré de décors asiatiques et floqué des sigles de "Médecin du monde" est bien connu des habitants du quartier, mais surtout d’une catégorie de personnes bien spécifiques.
En effet, le "Lotus bus" parcourt depuis 2004, trois fois par semaine en fin de journée, les rues de la capitale afin d’aller à la rencontre des prostituées chinoises ; des femmes vulnérables et souvent en situation irrégulière. Quand "le bus putes", comme certains l’ont surnommé, entame sa tournée, les prostituées chinoises l’attendent patiemment.
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"Nous voulons préserver leur anonymat"
Tour à tour, ces professionnelles du sexe montent dans le bus munies d’une petite carte leur permettant d’obtenir en retour 24 préservatifs et un tube de gel lubrifiant. "Sur les cartes, nous ne mettons ni nom ni photo. Nous voulons préserver leur anonymat", expliquait en 2009 au Monde Hélène Lebail, l’une des bénévoles du programme.
En effet, la quasi-totalité des prostituées chinoises qui viennent dans ce bus sont sans papiers et rare sont celles qui parlent le français. C’est pourquoi les bénévoles sont tous sinophones. Contrairement aux autres prostituées de la rue, celles-ci se distinguent par leur âge : les deux tiers ont plus de 40 ans et toutes, ou presque, ont laissé un enfant en Chine. L’argent gagné avec la prostitution leur permet de rembourser leur voyage jusqu’en France et d’envoyer un petit pécule à leur famille dans leur pays d’origine.
Un lieu pour "promouvoir l’accès à la santé, au droit et à la prévention"
Comme l’indique le coordinateur du programme "Lotus bus", Tim Leicester, le dispositif entend "promouvoir l’accès à la santé, au droit et à la prévention pour ces personnes qui se prostituent". "Concrètement, le bus intervient dans différents lieux de la ville où ces personnes se prostituent et où elles peuvent obtenir des outils de prévention, voir un médecin, et avoir un espace aussi d’écoutes".
Reste que cette aide apportée chaque année à un peu plus d’un millier de prostituées chinoises dans la capitale n’est pas du goût de tout le monde. Dans son édition de mercredi, le Canard enchaîné explique ainsi que les maires du XIXe et XXe arrondissement, alliés aux communistes, ont tenté, en décembre au Conseil de Paris, de faire annuler la subvention de 37 000 euros alloués au Lotus bus. Tout cela dans un contexte où les abolitionnistes ont réussi à faire adopter la loi pénalisant les clients de prostituées.
"Nous souhaiterions vivement, a expliqué le porte-parole des abolitionnistes au Conseil de Paris, que nous réorientions (sic) notre aide vers des associations qui ont clairement pris ce parti, celui de l’être humain et celui de la sortie de la prostitution, plutôt que vers celles qui sont, pour le moins, ambiguës sur le sujet." Mais finalement, la subvention a bien été votée avec le soutien d’Anne Hidalgo, maire de Paris. Le Lotus bus va donc pouvoir continuer ses maraudes…
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