Apparitions, miracles... Les règles du Vatican autour des "phénomènes surnaturels" évoluentIllustrationIstock
Dimanche 18 mai 2024, le Vatican a décidé de durcir les règles concernant le discernement d'éventuels phénomènes dits "surnaturels" comme les apparitions ou les miracles présumés. Explications.
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Civitavecchia, Italie.  Cette ville portuaire située non loin de Rome, entre la mer Tyrrhénienne et les monts de la Tolfa, a été le théâtre d'un "phénomène surnaturel" il y a une trentaine d'années. Comme le rappelle nos confrères de franceinfo, tout commence le 2 février 1995, quand un homme, Fabio Gregori, affirme avoir été le témoin d'un véritable miracle. Dans son jardin privé, une statuette représentant la Vierge Marie, rapportée d'un voyage en Bosnie-Herzégovine, aurait pleuré des larmes de sang. Larmes qui auraient laissé totalement immaculé un mouchoir blanc utilisé pour les essuyer. 

L'homme s'empresse de confier la statue au prêtre de la ville, qui affirme, lui aussi, avoir été témoin des larmes rouges. Jean-Paul II, alors pape, s'intéresse à l'affaire et une enquête commence. Les analyses révèlent alors que la statuette ne montre aucune cavité ni porosité, et que le sang retrouvé était du sang humain. Deux mois plus tard, en avril, le procureur de la République Antonio Albano s'intéresse à ce présumé miracle, et la statue est placée sous séquestre. 

Une trentaine de cas similaires déclarés la même année

"La statue est rendue à l'église de Civitavecchia en juin. Le Vatican n’a cependant pas conclu au caractère surnaturel des faits. En cause, la multiplication des miracles sur d’autres statues et images dans la maison de la famille Gregori et le fait que Fabio a toujours refusé toute analyse de son sang pour le comparer à celui prétendument pleuré par la statue", précise franceinfo. La même année, et suite au miracle de la statuette de Civitavecchia, plus de 30 cas similaires sont déclarés aux quatre coins de l'Italie. 

Cette aventure rocambolesque n'est que l'une des nombreuses histoires autour de "phénomènes surnaturels" auxquelles s'est intéressé le Vatican. Pour en finir avec les débats interminables autour de miracles et autres apparitions divines, le dicastère pour la Doctrine de la foi a publié de nouvelles règles.

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Les nouvelles règles du Vatican

Selon un article du média américain The Debrief, relayé par Korii, une conférence de presse a eu lieu à Rome le vendredi 17 mai dernier. Les porte-parole du Saint-Siège ont déclaré mettree à jour des "normes procédurales pour le discernement de phénomènes surnaturels présumés". Ce texte indique que le Saint-Siège fera systématiquement une déclaration publique pour reconnaître un phénomène miraculeux. "Jusqu'ici, les croyants étaient souvent livrés à eux-mêmes, désorientés par l'absence de validation officielle de la part de l'Église catholique", précise Korii. 

Des investigations plus poussées seront menées, plus précisément sur les phénomènes qui déclencheraient un fort engouement sur les réseaux sociaux. Les évêques seront alors tenus d'ouvrir une enquête. Dans le cadre de cette dernière, une commission sera dépêchée. Celle-ci devra être composée, au moins, d'un théologien, d'un expert et d'un canoniste. Mais comment le caractère surnaturel ou non du phénomène sera-t-il évalué ? 

La nouvelle grille d'évaluation des phénomènes surnaturels

Pour permettre une bonne évaluation du phénomène, une grille a été mise en place. Les points positifs et négatifs permettront d'en venir à six conclusions, par ordre de crédibilité : 

  • Le nihil obstat,  qui indique que rien ne s'opppose à ce que l'on évoque un miracle.
  • Le prae oculis ahbeatur, qui indique que le phénomène doit continuer à être surveillé.
  • Le curatur, qui évoque un phénomène "populaire mais discutable". 
  • Le sub mandato, ou quand un phrénomène est utilisé à des "fins capitalistes".
  • Le prohibetur et obstruatur, qui signifie que les doutes autour du phénomène sont si importants qu'ils invitent à démentir l'existence même de celui-ci.
  • Le declaratio de non supernaturalitate, quand un mensonge a été prouvé.