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Le 27 novembre 2015, jour de deuil national dédié aux victimes des attentats du Bataclan et de la rue de Charonne, François Hollande appelait les Français à "pavoiser". "Pavoiser", c’est arborer à la vue de tous son drapeau, notamment en le suspendant à sa fenêtre. Déjà, l’initiative crispait certains. Interrogée par France TV Info, une jeune femme admettait alors avoir "peur que ce soit un appel à rejeter les étrangers".
Cette gêne s'est retrouvée à Cagnes-sur-mer, en novembre dernier. Dans cette commune des Alpes-Maritimes, deux femmes affichant le drapeau français ont été sommées de le retirer de leur fenêtre. Même chose pour un couple de retraités niçois, qui l'avaient planté dans leur jardin, et à qui on a expliqué que le drapeau pouvait donner lieu à des "débordements". Pourtant, comme l'indique le politologue Gil Delannoi, chercheur à Sciences Po, "du point de vue de François Hollande, ce n’était pas vu comme une provocation".
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Des séquelles historiques qui dérangent
Pour comprendre jusqu'où remonte cet embarras, il faut remonter à la Seconde Guerre mondiale, explique Jean Viard, directeur de recherches au CNRS. "Du temps du régime de Vichy, rappelle le chercheur en sociologie, il y avait deux drapeaux français : celui de de Gaulle avec la croix de Lorraine, et celui de Vichy qui est le même qu’aujourd’hui". Selon lui, il est étonnant que la France n'ait pas conservé le premier, symbole de la Résistance et des valeurs françaises.
Ce drapeau était également "celui des forces en Algérie", et donc "de la torture en Algérie", une période qui a traumatisé l'Hexagone. En outre, "il a plutôt été porté par l’extrême droite" et "on ne le voyait jamais dans des manifestations syndicales, par exemple", remarque Jean Viard. "Il y a des moments où la gauche a abandonné le drapeau aux nationalistes", renchérit Gil Delannoi. Ajoutons à cela une mauvaise gestion de l'image du drapeau en France, par rapport aux Anglais et aux Américains qui glorifient le leur, notamment par le biais du cinéma.
Le retour du tabou
"Avec la construction de l’Europe", reprend Jean Viard, "tout le monde a remis le drapeau français", même s'il était systématiquement "à côté du drapeau européen". Il visait à symboliser l'appartenance de la France à l'Union européenne. Ces dernières années, les vagues d'attentats et la montée de l'extrême droite ont donné un autre visage au drapeau.
Certes, si le président lui-même a demandé à ce qu'il soit exhibé, c'était surtout "pour afficher son soutien aux forces de l’ordre", montrer son "attachement aux valeurs démocratiques" et protester "contre le terrorisme". Mais son image nationaliste est revenu, à moins qu'elle ait simplement était réveillée. Désormais, l'opinion publique, hantée par l'idée de faire des amalgames entre terroristes et musulmans, "estime que c’est une attaque contre l’islam". Or "les gens, poursuit le chercheur, ne veulent pas faire de vagues".
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