De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
C’était une promesse de campagne. Un véritable engagement pris alors qu’il lui fallait de nouveau vaincre Marine Le Pen, après que celle-ci se soit elle aussi hissée au second tour de l’élection présidentielle. Pour convaincre son électorat et s’assurer de faire pencher le vote en sa faveur, le chef de l’Etat a dévoilé plusieurs des mesures qu’il entendait alors conduire. L’une d’entre elles concernait assez directement les retraités : il s’agissait alors de revaloriser les pensions de retraite de sorte à préserver les retraités de l’inflation. Celle-ci n’était pas encore aussi élevée qu’elle ne peut l’être aujourd’hui, mais la hausse de 1,1% appliquée en janvier ne suffisait de facto pas à maintenir leur pouvoir d’achat.
Le président de la République, qui a su se faire réélire, a bel et bien tenu sa promesse. Quelques difficultés législatives l’ont empêché de procéder aussi rapidement qu’il n’avait pu espérer le faire, certes, mais les retraités ont pu bénéficier d’une revalorisation de 4% de leur pension issue du régime général ce vendredi 9 septembre 2022, date de versement des sommes dûes au titre du mois d’août. Parce que la hausse était rétroactive, ils ont aussi touché la revalorisation prévue pour le mois de juillet ce qui, en moyenne, représente une centaine d’euros de hausse environ, expliquait l’économiste Philippe Crevel dans nos colonnes.
Seulement, voilà : tout le monde ne profite pas autant de cette hausse des pensions. Elle fait, c’est indéniable, des perdants et des gagnants. A quelle caste appartenez-vous, au juste ?
Revalorisation des retraites : qui sont les grands gagnants ?
Seules les pensions de retraite issues du régime principal ont bénéficié, pour l’heure, d’une revalorisation calculée sur la base de l’inflation. Une bonne nouvelle pour l’ensemble des retraités, d’autant que la hausse du barème d’imposition devrait leur éviter de désagréables effets de seuils. Mais elle profite davantage aux salariés qu’aux cadres, rappelle le directeur du Cercle des Epargnants. En cause ? La composition même de leur pension de retraite. La pension du régime général ne représente que 40% de ce que touchent les cadres, en moyenne. Pour les salariés non-cadres, il faut compter environ 70%, souligne Le Figaro. Très concrètement, cela veut dire que les revenus des anciens actifs qui n’occupaient pas un poste de cadre sont proportionnellement plus revalorisés que les autres. Il faut compter sur une hausse du montant final d’environ 2,8% pour ces derniers, contre seulement 2% en moyenne pour les cadres.
"Les régimes de retraite ne convergent pas mais ils vont encore plus diverger du fait de l'inflation. L'inflation va accentuer les différences entre les Français", juge d’ailleurs Valérie Batigne, présidente du cabinet spécialisé Sapiendo, que nos confrères ont interrogé sur la question. Et pourtant, les retraités non-cadres ne sont même pas les mieux lotis !
Revalorisation des retraites : et si c’était les fonctionnaires qui s’en sortaient le mieux ?
Au final, poursuit Le Figaro, ce sont les fonctionnaires qui ressortent grands gagnants de cette seconde revalorisation (elle survient en effet après la hausse mécanique des pensions, appliquée le 1er janvier de chaque année). Et pour cause ! A l’inverse des cadres qui ont travaillé dans le secteur privé tout au long de leur parcours professionnel, les agents de la fonction publique dépendent quasi exclusivement de la retraite issue du régime général. Elle pèse pour 98% du montant total de leur pension, soulignent nos confrères. En clair, le gain estimé pour ces retraités est de 3,9% — nettement plus que le reste des travailleurs.
Cela ne signifie pas que les anciens fonctionnaires ne bénéficient d’aucune retraite complémentaire : ils cotisent aussi auprès de la RAFP, la retraite additionnelle de la fonction publique. Il s’agit d’un dispositif spécifique qui permet de compléter conséquemment le montant perçu in fine.
La revalorisation des retraites complémentaires permettra-t-elle un rééquilibrage ?
Avant de décréter les fonctionnaires grands gagnants absolus de la revalorisation des pensions de retraite en 2022, il importe de pointer deux autres phénomènes importants. D’abord, souligne encore Philippe Crevel, une troisième hausse attend l’ensemble des retraités. Son montant exact n’est pas connu, puisqu’il doit encore être discuté à l’occasion des débats parlementaires relatifs au vote du PLFSS 2023 (Projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2023). Elle sera, quoiqu’il arrive, appliquée au moment du versement des pensions de janvier 2023. Là encore, elle devrait essentiellement profiter aux anciens salariés non-cadres et aux agents de la fonction publique, puisqu’elle concernera les pensions du régime général.
Ceci étant dit, l’Agirc-Arrco a aussi annoncé une revalorisation des pensions complémentaires, qui ne dépendent pas de l’Etat. Le montant exact du taux appliqué doit encore être dévoilé, mais la caisse de retraite a d’ores et déjà fait savoir qu’il serait plus généreux que celui appliqué en juillet. Il devrait à priori être compris entre 4,9 et 5,2%, ce qui implique un gain particulièrement conséquent pour les cadres, puisqu’il s’applique sur 60% de leur pension environ. Au total, expliquait Planet, il faudrait donc compter entre 42 et 130 euros de plus environ, pour une pension comprise entre 1 000 et 3 000 euros à la base. De quoi excéder les gains des autres ? Peut-être.