De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
"Sauver le système par répartition". Tel est le mantra du gouvernement pour vendre sa réforme des retraites tant controversée. De quoi parle-t-on, exactement ? En France, le régime de retraite de base concerne la totalité des salariés. Les cotisations des actifs servent à financer les pensions des retraités actuels... Et à leur ouvrir des droits pour leur propre retraite future. Le régime de retraite complémentaire vient s'ajouter à ce régime de base, et suit les mêmes règles dites "par répartition".
Le système de répartition s'inscrit dans une certaine solidarité entre les générations. Son équilibre est garanti par le rapport entre le nombre de cotisants et le nombre de retraités. "Les taux de croissance des revenus et de la population active occupée constituent les deux principaux facteurs d’évolution", précise le site officiel du service public. A l'inverse, la retraite par capitalisation correspond aux dispositifs mis en place par une entreprise ou par le salarié pour que ce dernier constitue lui-même sa future pension.
Retraite : les baby-boomers bénéficient-ils d'un taux de récupération de 200% ?
Le projet du gouvernement pour réformer les retraites soulève bon nombre d'interrogations. Parmi elles, la question de l'équité. Selon un tweet de Maxime Sbaihi, économiste, "la 1ère vague des #boomers touche aujourd'hui 2 fois (!) ce qu'elle a cotisé pendant sa vie active".
Relayés et vérifiés par franceinfo, ces chiffres interrogent. Ils sont accompagnés d'un graphique, qui indique le taux de récupération du régime de retraite pour chaque génération, soit : le rapport entre les pensions perçues et le montant des contributions versées. "Sur la base de cet indicateur, on constate que les retraités nés en 1960 bénéficient bien d'un taux de récupération de 200%", affirment nos confrères. Qu'en est-il vraiment ?
Retraite : qu'est-ce que le taux de récupération ?
Lionel Ragot, économiste et co-auteur de l'article sur lequel s'appuie le tweet, tempère auprès de franceinfo : "Il ne faut pas croire que les retraités touchent aujourd'hui une pension égale à deux fois le montant de leurs cotisations. Le taux de récupération, c'est la somme des pensions que vous allez recevoir pendant toute la durée de votre retraite, divisée par la somme de tout ce que vous avez versé comme cotisation retraite pendant toute la durée de votre vie active", explique-t-il.
Ainsi, à l'issue de sa retraite, un retraité né en 1960, aussi appelé "baby-boomer", gagnera un montant total de pensions deux fois plus élevé que la somme de ses cotisations. Pourquoi ce fameux taux de récupération s'amenuise-t-il au fil des années ?
Comment expliquer cet écart entre les générations ?
En somme, cette différence entre les générations s'expliquerait par la démographie d'une part, et un effet de la mise en place du système de retraite par répartition.
Egalement interrogé par franceinfo, Maxime Sbaihi note une baisse du nombre de cotisants par retraité. "Jusqu'en 1982, la retraite était à 65 ans et les retraités ne vivaient pas longtemps. Il y avait cinq cotisants pour un retraité. C'était quasiment indolore pour les actifs. Aujourd'hui, la situation s'est inversée. Il y a plus de retraités, qui partent plus tôt à la retraite et vivent plus longtemps", résume-t-il.
Aujourd'hui, on ne compte plus qu'1,7 cotisant par retraité. Pour rétablir l'équilibre, l'économiste propose, par exemple, de "mettre à contribution les 18 millions de retraités qui n'ont pas assez cotisé". "O n peut laisser les plus hautes retraites se dévaluer, en ne les réévaluant pas au niveau de l'inflation", conclut-il.