De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Depuis janvier, c’est un chassé-croisé historique qui se joue entre des Français en colère et un exécutif bien décidé à faire passer, coûte que coûte, ses idées. Imaginée comme le chantier majeur de son quinquennat par Emmanuel Macron, la réforme des retraites a finalement été adoptée après des semaines de lutte et de controverse autour d’un texte disputé. Mobilisés dans les rues durant plusieurs mois, les Français ont longuement réclamé l’annulation pure et simple de cette loi jugée injuste par un grand nombre d’entre eux. Malgré le soutien de l’opposition et des syndicats, le gouvernement est parvenu, au terme d’un interminable processus démocratique, à faire voter cette réforme. Comment le pays a-t-il pu revenir sur d’importantes décisions passées et finalement, relever à nouveau l’âge de départ à la retraite ?
Retraite à 65 ans : un seuil abaissé en 1981
Avant d’être plongée dans un débat autour d’un relèvement de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, la France a, par le passé, fait le choix de réduire cette limite. En effet, à partir de 1945, l’âge de départ était fixé à 65 ans pour un taux plein avec 37,5 années de cotisations. Il s’agissait du même seuil que celui établi en 1910 lors de la mise en place des retraites ouvrières et paysannes.
C’est finalement le président de la République François Mitterrand, élu en 1981, qui a choisi de réduire l’âge légal de départ de 65 ans à 60 ans. De cette façon, il mettait en application une promesse forte, faite dans son programme et prévoyant “le droit à la retraite à taux plein [pour les] hommes à partir de 60 ans [et pour les] femmes à partir de 55 ans”. Une petite révolution à cette époque, qui a su accompagner un changement radical de société.
Retraite à 65 ans : un choix souvent controversé
Alors que l’exécutif d’alors fait le choix d’abandonner la différence établie entre hommes et femmes, la réforme des retraites entre finalement en vigueur le 1er avril 1983. L’âge de départ à la retraite est alors avancé à 60 ans pour 37,5 années de cotisation. Si les Français sont particulièrement heureux de ce choix, l’opposition paraît moins séduite par cette mesure votée par le gouvernement.
Au moment où le projet de loi a été déposé à l’Assemblée nationale, de longs débats se sont, en effet, engagés autour de la future réforme. À cette époque, le député des Vosges RPR, Philippe Séguin, avait, d’ailleurs, fustigé une réforme “à contre-courant de l’évolution constatée partout dans le monde occidental”. Comme le rapportent nos confrères de Yahoo ! Actualités, le centriste Jacques Barrot parlait, quant à lui, d’un texte “plus inspiré par la démagogie que par la justice”.
Retraite à 65 ans : un pays en difficulté
Promulguée le 26 mars 1982, la réforme ne reste en vigueur que durant 10 ans. C’est, en effet, Edouard Balladur qui décide d’augmenter la durée de cotisation nécessaire pour liquider sa retraite à taux plein dès 1993. À ce moment, elle passe de 37,5 ans à 40 ans dans le privé. Les années prises en compte dans le calcul du salaire évoluent également de 10 à 25 ans.
À partir de 2010, l’âge légal de départ passe alors de 60 à 62 ans lorsque le taux plein recule à 67 ans. Alors président de la République, Nicolas Sarkozy n’aura de cesse d’exprimer son désaccord avec cette volonté d’avoir avancé l’âge de départ à la retraite en 1983. Selon lui, le pays “aurait [eu] beaucoup moins de problèmes si [François Mitterrand] s’était abstenu”. Une déclaration qui semble bien peu partagée par des Français aujourd’hui furieux face au recul de cet âge de départ.