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Les Français ne veulent pas de la réforme des retraites proposée par Emmanuel Macron et son gouvernement. Selon un récent sondage du JDD, ils sont désormais 68% à rejeter en bloc le texte présenté par Elisabeth Borne le 10 janvier. Dans ce contexte délétère, alors que la contestation sociale grandit, le gouvernement doit trouver l’arbitrage adéquat pour faire baisser la tension. Une situation qui n’est pas sans rappeler celle déjà vécue par plusieurs gouvernements successifs au moment de mettre en œuvre une réforme de tous les dangers.
Ils ont voulu réformer les retraites : une mesure qui met le feu aux poudres
À chaque tentative de réforme, la question des retraites pousse, à la fois, l’exécutif et les Français dans leurs retranchements, incapables de s’harmoniser sur des mesures épineuses. Dans une récente enquête, Le Parisien a interrogé plusieurs ministres ayant dû faire face à une réforme des retraites qui a entraîné crispation et débats au sein du gouvernement.
Pour Eric Woerth, auteur de la réforme en 2010, la réforme des retraites représente, ni plus, ni moins que “l’Everest” à gravir tant les problématiques sont nombreuses au moment de mettre en œuvre ces mesures controversées. Jean-Pierre Raffarin, quant à lui, estime que cette réforme doit impérativement être faite “au début du quinquennat” afin que le Président de la République puisse encore profiter de l’élan électoral. En 2002, il s’était occupé de cette lourde tâche pour faire voter la loi Fillon, qui plaçait la durée de cotisation du public à durée égale avec celle du privé, mais aussi l’augmentation à 41 annuités.
Ils ont voulu réformer les retraites : un lourd combat à mener
Jean-Pierre Raffarin l’affirme : il faut pouvoir négocier avec les syndicats et entretenir de bons rapports avec eux sur un ensemble de sujets importants. Ce sont, en effet, des mois de travail qui s’ouvrent et des réunions qui se succèdent pour trouver un accord et réussir à faire voter cette délicate réforme des retraites.
Pierre Mayeur, son ancien conseiller technique retraites, se rappelle également des voyages en Europe et évoque de longues observations afin “d’étudier la façon dont s’y prenaient les autres Européens”. L’ancien Premier ministre conclut en estimant qu’il “faut toujours se garder quelque chose à pouvoir lâcher, pour la négo finale”.
Ils ont voulu réformer les retraites : faire face aux crises et aux négociations
Dans ce contexte de réforme, Eric Woerth se remémore des “manifestations répétitives et très suivies”, qui ont été associées au sentiment “d’un chemin de croix interminable”. Avec, à cette époque, la décision de reporter l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans, les difficultés ont été compliquées à affronter malgré “la conviction que [le] texte était adapté à la situation”.
Pour Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé de 2012 à 2017, la réforme des retraites ne demeure pas un souvenir flatteur dans son esprit, malgré une mobilisation moins importante. Avec, cette fois, un allongement de la durée de cotisation et l’amélioration des carrières longues, l’ancienne ministre a, comme Jean-Pierre Raffarin, cherché à se rapprocher des syndicats. Aujourd’hui, elle reste “fière” d’avoir réussi à faire passer la loi sans trop de complications. Reste à savoir comment le gouvernement d’Elisabeth Borne va relever le défi.