De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Une nouvelle étape de la vie. La retraite est attendue autant qu’elle est redoutée par certains, car si elle signifie plus de temps pour soi et pour ses proches, c’est aussi la fin d’une certaine vie sociale liée au travail. Une chose est sûre, la retraite se prépare bien en amont et pas seulement d’un point de vue financier ou administratif.
Comme le précise Sébastien Garnero auprès de Planet, psychologue clinicien, sexologue et psychothérapeute interrogé par Planet , la retraite est "un cap important de sa vie qui nécessite de faire le deuil de sa jeunesse, mais aussi de son activité professionnelle". Selon le psycothérapeute, "la retraite apparaît comme une transition, un repositionnement et une redéfinition de soi". En effet, quel que soit l’âge du passage à la retraite, celle-ci s’inscrit dans "une rupture avec un certain rythme de vie qui était ponctué par l’organisation du travail, des contraintes horaires, des obligations familiales". Pour certains cette phase peut en effet être particulièrement difficile car leur "vie était exclusivement centrée autour du travail". Comme la plupart des phases de transition, le Dr Garnero assure que "l’accession à une retraite épanouie va passer le plus souvent par trois phases : une phase de retrait, une phase de perte (le deuil), et une phase de renaissance au travers d’une redéfinition de soi et d’acceptation de cette nouvelle vie qui s’amorce".
Il y a peu de temps, Planet donnait la parole à une sexagénaire qui s’ennuie depuis qu’elle a cessé son activité d’enseignante. Elle donnait alors un conseil à ceux qui s’apprêtaient à sauter le pas : il faut se prévoir des activités, préparer son emploi du temps et son rythme bien avant de s’arrêter. Ne pas l’avoir fait est la seule erreur qu’elle regrette aujourd’hui.
Retraite : je regrette d'avoir prévu trop d'activités
Lise, au contraire, regrette de l’avoir trop préparée. Interrogée par Planet, elle explique ne pas supporter un agenda vide de toute activité et avoir donc choisi de le remplir au maximum, par peur de s’ennuyer. "J’avais à peine pris ma retraite que je m’étais déjà inscrite à un cours de marche et à un club de bridge. Ensuite je me suis portée bénévole auprès d’une association qui vient en aide aux animaux", explique-t-elle.
Un agenda bien rempli auquel s’ajoute d’autres activités de sa vie active qu’elle a conservées une fois à la retraite, comme la natation et un club de lecture entre voisines. "Au final j’étais encore plus fatiguée qu’avant de prendre ma retraite", précise-t-elle, car elle n’a pas eu le temps de "ne rien faire" : "J’aurais dû prendre ce temps pour moi, les premières semaines, de rester chez moi, de prendre le temps d’avoir le temps".
Aujourd’hui, Lise a cessé le bridge et la marche, pour se concentrer sur deux-trois activités : "Quand j’ai envie de marcher je mets mes chaussures et je pars quand je veux. Pareil pour le bridge, je joue avec des amies une à deux fois par mois". Si Lise a trouvé son équilibre, ce n’est pas encore le cas d’Alain, qui s’est arrêté il y a deux ans. Si lui a trouvé ses activités, il a du mal à prendre sa place au sein de sa famille toujours active… Divorcé depuis de nombreuses années, il est resté célibataire et comptait sur sa retraite pour passer plus de temps avec ses petits-enfants. Un choix qu’il a vite regretté.
Retraite : je regrette d'avoir fait le baby-sitter
Alain adore ses enfants et petits-enfants et s’attendait à passer tous ses mercredis avec les plus jeunes, puisqu’ils n’ont pas école. Une heure de train le sépare de sa famille, ce qui n’est pas un problème : "Les mercredis avec mes petits-enfants m’ont épuisé plus que ce que je pensais. Je ne me rendais plus compte de l’énergie qu’il faut pour passer la journée avec des enfants !".
S’il s’en amuse aujourd’hui, le sexagénaire a pourtant mis du temps à se l’avouer puis à le dire à son fils. "Je commençais à redouter le mercredi, parce que parfois j’avais simplement envie de rester chez moi ou de voir des amis, pas de faire 2 heures de train et passer la journée à faire la police", explique-t-il à Planet. Surtout, puisque les parents travaillent, Alain devait être chez son fils et sa belle-fille à 8 heures et devait donc se lever… Avant 6 heures le matin.
"Au bout de quelques mois, j’ai dit stop parce que je ne passais pas des moments de qualité avec eux, je ne les supportais plus en fin de journée", conclut-il. C’est désormais une étudiante qui s’occupe de ses deux petits-enfants et lui profite d’eux le week-end… En compagnie de leurs parents.
Marie, elle, a eu le problème inverse en prenant sa retraite. Elle a décidé de s’installer définitivement dans sa résidence secondaire, un choix qu’elle a vite regretté.
Retraite : je regrette de m'être installée dans ma maison de vacances
Marie a toujours vécu en région parisienne, où elle a élevé ses enfants avec son époux, décédé il y a presque 10 ans. Ensemble, ils avaient acheté une maison en Loire-Atlantique, pour leurs vacances avec leurs grands enfants puis pour leurs vieux jours. Un projet que la sexagénaire a tenu à garder, même si elle devait désormais le faire toute seule : "La maison était terminée et aménagée, mais je m’y suis vite sentie seule".
"Mes enfants et petits-enfants étaient à plusieurs centaines de kilomètres, ils venaient dès que possible, sur de longs week-ends, mais pas assez pour que je profite vraiment d’eux", confie-t-elle à Planet. Si elle a retrouvé quelques connaissances des étés passés là-bas, elle se trouvait aussi loin de ses amies : "Elles venaient de temps en temps, mais ça représente beaucoup de kilomètres en voiture et ça reste assez cher de le faire en train".
Marie a tenu trois ans à ce rythme, avant de se rendre à l’évidence : sa maison était celle de ses vacances, pas de sa retraite et ce n’est pas la même chose. Il y a un an, après l'isolement lié au Covid-19, elle a pris la décision de faire six mois près de la côte et six mois dans son ancienne ville, où elle loue un petit appartement. "Je fais plusieurs allers-retours dans l’année, en passant une grosse partie de l’hiver près de mes enfants", explique-t-elle.
Les beaux jours arrivés, elle passe trois à quatre mois d’affilée dans sa jolie maison, parfois seule, parfois avec ses enfants et petits-enfants. "Je ne regrette pas de m’être lancée toute seule, mais je regrette de ne pas avoir préparé un peu plus mon arrivée. Je ne pensais pas que je me sentirais aussi seule", conclut-elle.