Thomas Sotto, Léa Salamé, Isabelle Saporta… Ils ont mis leur carrière en pause pour leur conjoint politique

Isabelle Saporta, une journaliste engagée

©Blondet Eliot/ABACA

Être "femme de" est parfois compliqué. Et Isabelle Saporta en a fait les frais. C'est dans un entretien au Parisien, qu'elle a annoncé mardi 28 mai 2019, quitter son poste à RTL. Cela fait suite à son apparition le 26 mai dernier, aux côtés de son compagnon, Yannick Jadot, tête de liste de la liste Europe-Écologie Les Verts aux élections européennes.

La journaliste a, en effet, subi des attaques sur les réseaux sociaux, ainsi qu’en interne, pour avoir dissimulé sa relation avec l’écologiste. On lui reproche de ne pas s’être mise en retrait durant la campagne, comme sa consœur, Léa Salamé, afin que son impartialité ne soit pas remise en cause. Cette fervante défenseur de l'écologie n'a pourtant jamais occulté ses opinions.

Passée par Europe 1, RMC mais aussi France 2, elle exerce le métier de journaliste depuis une vingtaine d’années. Elle est éditrice et auteure notamment du livre Le Livre noir de l’agriculture, paru en 2011. Celle qui présentait "C’est comme ça", un billet d’humeur très engagé sur RTL, n’a jamais caché ses opinions politiques, ni son combat pour l’écologie.

"Je pensais que ce n'était pas ma place de journaliste. Mais en même temps, cette bataille on l'a tellement menée ensemble, c'était un peu notre victoire", déclare-t-elle le lendemain du scrutin au magazine Paris Match. La journaliste explique avoir aidé son compagnon dans l’ombre "à écrire ses discours et préparer ses interventions". Après avoir longuement hésité à s’afficher à ses côtés, elle déclare au Parisien en avoir eu marre de cette "tartufferie".

Elle souhaite maintenant "assumer sa fibre politique". Elle a d'ailleurs annoncé dans le quotidien "monter un comité d’experts autour de Yannick", mais ne pas délaisser ni son métier d’auteur, ni sa passion pour le terrain.

Face aux critiques qu’elle essuie depuis quelques jours, elle affirme qu’il y a "toujours eu une étanchéité totale entre sa relation avec Yannick Jadot et son travail de journaliste" et ajoute qu’elle n’a pas "perdu son doctorat, son diplôme de Sciences Po, ses vingt ans de journalisme ni sa carte de presse pas plus que ses neurones parce qu’elle est en couple avec Yannick Jadot". Elle n'est pas la seule journaliste et compagne de politique à avoir essuyé des critiques. 

Ces journalistes qui ont mis leur carrière entre parenthèse par amour 

Léa Salamé, Audrey Pulvar, Anne Sinclair, Valérie Trierweiler… Nombreuses sont ces journalistes qui ont dû mettre pendant un temps leur métier de côté.

Léa Salamé, la compagne de Raphaël Glucksmann, tête de liste PS-Place Publique, avait dernièrement pris la décision de se mettre en retrait des émissions qu’elle animait. "Ce qui compte le plus à mes yeux depuis quinze ans, c’est ma neutralité politique : personne ne sait pour qui je vote", déclarait-elle en mars dernier, dans les colonnes du Parisien. "Si je juge à un moment qu’il y a conflit d’intérêts, j’arrêterai !", avait-elle également promis.

Une autre tête d’affiche de France 2 s'est vue durant quelques années, mettre sa carrière entre parenthèses. Il s’agit de Marie Drucker, qui a vécu pendant deux ans aux côtés de François Baroin, alors ministre de l’Outre-mer. Elle ne retournera sur un plateau TV, qu’à l'issue de sa relation avec celui-ci en 2008.

Audrey Pulvar a fait les frais de sa relation avec Arnaud Montebourg, lorsqu'il était ministre de l’Économie. Son impartialité a été remise en cause et sa carrière s'est effritée petit à petit. D’abord évincé d’iTélé après la suppression de son émission politique, elle a été contrainte de laisser sa place sur France Inter et France 2, après la nomination de son conjoint en qualité de ministre du Redressement productif. D'autres avant elles ont dû faire un choix entre vie professionnelle et vie personnelle. 

Un phénomène qui se répète 

Quelques années auparavant, c'est Anne Sinclair, l’ex-femme de Dominique Strauss-Kahn qui s’est retrouvée face à ce dilemme : mettre sa carrière entre parenthèses ou continuer malgré les critiques. Journaliste vedette de TF1 et de l’émission 7 sur 7, c’est la direction l'a contrainte d’abandonner sa place, après la nomination de son mari comme ministre de l’Économie et des Finances. Elle n’a cependant pas abandonné son métier, puisqu’elle a par la suite, occupé des postes moins médiatisés.

Béatrice Schönberg, a également laissé sa place comme présentatrice du 20h de France 2, après s’être mariée avec Jean-Louis Borloo, ministre de l’Économie et des Finances. Cela ne l'a pas empêché par la suite d’animer des magazines TV, comme Histoires en série sur France 2.

L’ex-compagne de François Hollande, Valérie Trierweiler a dû également mettre de côté sa profession de journaliste dans le rôle de nouvelle première dame. Mais elle n’a toutefois pas abandonné sa carrière d’auteur, avec la publication de ses livres Merci pour ce moment et Le secret d’Adèle. Quelques-unes de ses consœurs n'ont au contraire pas cédé à la pression. 

D’autres au contraire resteront journalistes

Certaines n'ont pas cédé ni aux critiques ni à la pression. C’est le cas de Christine Ockrent, qui malgré la fonction de ministre des Affaires Étrangères de son époux, Bernard Kouchner, a continué de présenter des émissions politiques, et ce, malgré les critiques de la part du syndicat national des journalistes. Elle a même été nommée directrice générale déléguée de l’Audiovisuel Extérieur de la France avant de démissionner.

Séverine Servat, femme de François de Rugy, président de l’Assemblée nationale n’a également pas fait le choix de mettre sa carrière de côté pour son homme. En qualité de journaliste people, elle affirme depuis simplement faire attention à ce qu’elle dit et la manière dont elle est habillée.

Valérie de Senneville, l'épouse de Michel Sapin, à l’époque en charge de la rubrique justice aux Echos, a elle laissé le soin à sa rédaction de trancher sur son avenir, qui l'a gardé. Laura Tenoudji, l’épouse de Christian Estrosi n’a également pas abandonné sa carrière, puisqu'elle est toujours présente sur France 2 dans l’émission Télématin, mais aussi sur TV5 Monde et Sud Radio.

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