De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Journaliste et écrivain, André Bercoff exerce notamment à Sud-Radio. Il est l’auteur de nombreux livres écrits en son nom ou sous pseudonyme, tels que Le retour des peuples (ed. Hugo Doc) ou Précis de décomposition française (ed. Albin Michel).
Planet : Fabien Roussel est aujourd'hui sous le feu des critiques d'une partie de la gauche pour avoir pris la défense de la gastronomie française, déclarant que "Un bon vin, une bonne viande, un bon fromage : c'est la gastronomie française". D'aucuns, à gauche, lui reprochent en effet une certaine déconnexion quand d'autres jugent certains thèmes tabous de la présidentielle. Y a-t-il effectivement des sujets que l'on ne peut plus aborder ?
André Bercoff : Fabien Roussel n’a pas seulement été taxé de déconnexion : il a été traité de raciste, de fasciste et même de suprémaciste blanc après ses déclarations sur la gastronomie française. Comment peut-on encore se contenter de demander si des sujets sont devenus inabordables ? Fort heureusement, il ne sont pas tabous. Nous sommes encore en démocratie et il est toujours possible d’en parler, mais aux yeux d’une partie de la population, ils devraient l’être. Selon eux, il y a des idées et des opinions que l’on ne peut avoir. Ils fonctionnent presque comme des sectes, avec d’un côté les défenseurs du "temple de l’ordre solaire" qui réunit les "wokistes" et les garants de la "cancer"-culture (puisque la cancel-culture est un vrai cancer) et de l'autre "l'ordre des adorateurs des moustiques". Ce ne sont pas les seuls groupes mais tous ont un point en commun : ils refusent d’entendre et de discuter avec qui que ce soit qui ne serait pas d’accord avec eux.
Sujets tabous : nous aurions pu vivre dans un régime similaire à la Corée du Nord, estime André Bercoff
Heureusement, ces gens-là sont encore minoritaires. Autrement, nous serions en train de vivre dans un régime effrayant, qui ressemblerait à certains égards à ce que l’on trouve en Corée du Nord. Mais nous n’y sommes pas et j’espère que nous n’y serons jamais. Cela fait longtemps que de telles tentations existent, puisque ce qui se passe aujourd’hui est assez comparable avec ce qu’a vécu Galilée ou avec les réactions que l’on pouvait observer par le passé chez ceux qui niaient l’existence de camps de travail en URSS. Eux aussi insultaient leurs contradicteurs et s’enfermaient dans leurs certitudes. Pourtant, Nietzsche l’a dit, c’est la certitude qui rend fou. Pas le doute.
Ils ne peuvent pas tolérer la réalité du monde et donc chargent l’autre de tous les vices. Ce serait presque comique si ce n’était pas attristant et affligeant. La situation peut très mal tourner.
Présidentielle 2022 : "imaginer ce que les censeurs auraient pensé des sorties de Georges Marchais !"
Planet : Que dit la fracture aujourd'hui observée de la réalité des lignes à gauche ? Peut-on vraiment reprocher à Fabien Roussel, comme l’ont fait certains à gauche, de tenter de caresser l'électorat identitaire dans le sens du poil ?
André Bercoff : Sandrine Rousseau est la digne représentante de "l’ordre du temple solaire" que nous évoquions tout à l’heure. Fabien Roussel a dit - a osé dire, même ! - qu’il aimait le vin, le fromage et la viande ce qui constitue le fondement de la gastronomie française. Parce qu’il affirmé cela, il se fait maintenant traiter de tous les noms. Cela fait d’autant plus réfléchir qu’il y a quelques décennies, l’homme qui occupait le même poste que Fabien Roussel était applaudi parce qu’il s’était élevé contre l’immigration légale et illégale ; au motif que celle-ci venait "casser le salaire des travailleurs français". C’était Georges Marchais. Imaginez les réactions auxquelles il aurait fait face s’il avait dit cela aujourd’hui !
Cette "gauche"-là, celle d’aujourd’hui, n’a plus grand chose à voir avec ce qu’était la gauche d’autrefois. Aujourd’hui, ils ont perdu tout repère, il ne s’agit que de zombies hagards, aux idées vaporeuses. En lambeaux, en train de numéroter leurs abattis, ils sont désespérés et désespérément en quête d’électeurs. C’est pour cela qu’ils sont prêts à tous les racollages, à toutes les interpellations. Ce n’est pas la vraie gauche, celle de Georges Orwell, que je continue à respecter.
Présidentielle 2022 : "La gauche des censeurs est en soins palliatifs"
Planet : Un homme de gauche aurait-il raison de craindre que son camp abandonne, une fois de plus, certains de ses thèmes à la droite ? Fabien Roussel, affirment certains de ses soutiens, voulait surtout parler d’égalité devant l’alimentation…
André Bercoff : La "gauche" nage avec ferveur dans son fantasme. Elle est persuadée, et c’est peut-être le plus inquiétant, d’être le camp du bien ; de détenir la vérité. C’est une autre de ses habitudes séculaires, là encore, mais cette sincérité n’est pas rassurante. Pour autant, force est de constater qu’elle a effectivement tout abandonné comme a pu le faire la droite il y a déjà 20 ans.
Des années durant, cette "gauche"-là s’est retrouvée en position de domination. Aujourd’hui nous n’en sommes pas encore au suicide, mais elle demeure en soins palliatifs. Ce qui ne veut pas dire que c’est la droite qui domine, désormais : c’est le vide, des deux côtés, qui l’a emporté. Et ce, alors même qu’on observe une volonté populaire de renouer avec le bon sens. La réalité n’a pas d’étiquette et c’est pourquoi il faut remettre, comme le dit le proverbe, l’église au milieu du village. Reste à savoir qui saura s’en charger.