AFP
Emmanuel Macron et son épouse prennent ce vendredi la direction du fort de Brégançon pour une quinzaine de jours de vacances. Ce choix de villégiature est loin d'être anodin.

Emmanuel Macron, Brégançon et la communication

En grand professionnel de la communication, Emmanuel Macron n’a pas choisi le fort de Brégançon (Var) pour ses vacances estivales au hasard. Le chef de l’Etat y a posé ses valises ce vendredi après un ultime conseil des ministres.

Pleinement entré dans son quinquennat après une première année de mandat, le président a choisi contrairement à l’année dernière une résidence officielle de la présidence. En ce sens, il marque une nouvelle fois la rupture avec son prédécesseur auquel il a craint pendant sa campagne et pendant les premiers mois suivant son élection d’être comparé. François Hollande avait choisi de ne pas séjourner à Brégançon et d’en laisser la jouissance aux touristes, Emmanuel Macron s’est, lui, approprié les lieux allant jusqu’à y faire construire une piscine.

A lire aussi :Vacances : quelles sont les obligations des ministres ?  

Autre point de comparaison avec François Hollande, la notion de "vacance du pouvoir". Emmanuel Macron tient absolument à éviter les écueils qui ont été reprochés à celui dont il fût le conseiller, y compris l'été. Au cour de son premier été suivant son élection, le président socialiste avait pris trois semaines loin de l’Elysée, un temps jugé beaucoup trop long et qui avait fait l'objet de saillies diverses. C’était d’ailleurs au fort de Brégançon. Pas question pour Emmanuel Macron de tomber dans le piège et les éléments de langage vont en ce sens : adieu fort de Brégançon, rebonjour "Elysée d’été". Une façon appuyer le propos quand l'entourage explique au Monde qu’Emmanuel Macron "va prendre du repos tout en continuant à travailler dans une ambiance calme".

Vidéo du jour

Emmanuel Macron en vacances : le fort de Brégançon devint un bureau

Emmanuel Macron a choisi comme Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac ou François Mitterrand d’utiliser la puissance diplomatique et politique de Brégançon. Ainsi la presse a abondamment relayé la visite de la Première ministre britannique, Theresa May, et de son époux, façon "soft power". Il sera notamment question du Brexit entre les deux dirigeants lors d'un dîner de travail dès ce vendredi soir. Un procédé qui n’est pas sans rappeler Camp David, auquel l'entourage du président fait d'ailleurs références. D'autres représentants internationaux sont-ils attendus ? Pour l'instant, l'agenda ne le dit pas. 

Enfin, impossible d’écarter la dimension symbolique du fort de Brégançon, tant Emmanuel Macron charge son exercice du pouvoir de signifiants. "Ce choix s'inscrit parfaitement dans la volonté d'Emmanuel Macron d'incarner la fonction présidentielle en fréquentant les lieux symboliques de l'Histoire, comme le château de Versailles, où il a reçu Vladimir Poutine, ou les Invalides", soulignait ainsi Guillaume Daret, auteur d’un ouvrage sur le fort de Brégançon, à l'AFP. Président même en vacances, on ne serait pas étonné que comme Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron s'offre aussi quelques sorties médiatisées.