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On est encore loin du roman de Michel Houellebecq (Soumission) décrivant l'arrivée au pouvoir d'un parti politique musulman en 2022. Mais beaucoup ont été surpris de voir des partis politiques et des candidates revendiquant ostensiblement leur lien avec la religion islamique durant ces élections législatives.
Certes, les candidates qui se sont présentées voilées sur leur affiche électorale ne sont pas nombreuses. En tout, elles étaient au moins quatre à être dans cette situation : Hülya Sahin (Yvelines) et Nadia Omani (Bouches-du-Rhône) du Parti égalité justice, Sandra Fourastié (Hauts-de-Seine), une convertie qui se présente sous l'étiquette UDMF (Union des démocrates musulmans français), et Hanan Zahouani, du Parti français et musulmans, candidate dans la 5e circonscription de Seine-Saint-Denis.
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Nous avions contacté cette dernière lors de la campagne. Cette franco-marocaine de 40 ans nous disait ceci : "Porter le voile est pour moi un choix personnel et je ne le vois pas comme un signe religieux. Je le porte depuis environ deux ans à la suite d'un cheminement spirituel." A ses détracteurs, la candidate leur disait "d'accepter la société française d'aujourd'hui."
Leur point commun : la lutte contre "l'islamophobie"
Officiellement, loi est de son côté puisqu'aucun texte législatif n'impose une neutralité religieuse aux parlementaires, ni même aux candidats à des élections. Mais leur présence a interrogé voire choqué, tout comme celle de partis musulmans. Ainsi du Parti égalité justice, fondé en 2015 et présidé par Sakir Colak. Ce mouvement islamo-conservateur est considéré comme une officine française du Parti de la justice et du développement (AKP), qui n'est autre que le parti du président turc Recep Tayyip Erdogan. Dans un article, Marianne écrit que "de Valenciennes à Marseille, cette drôle d'officine investit barbus et voilées en réclamant la refonte de la loi de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat au nom des 'accommodements raisonnables concernant les musulmans'".
Il y a aussi l'UDMF, pour "Union des démocrates musulmans français (dans cet ordre, ndlr)". Le parti a été créé en 2012 par Najib Azergui et regroupe selon ces dires un millier d'adhérents ainsi que 10 000 sympathisants. Le parti se présente comme "non confessionnel et non communautaire", mais beaucoup de mesures de son programme sont sans équivoque : droit de vote des étrangers aux élections locales, développement du commerce hallal, lutte contre l 'islamophobie, abrogation de la loi interdisant le port du voile à l'école... En 2015, pour les régionales, nous avions interrogé le candidat Nizzarr Bourchada, qui est aujourd'hui au Parti français et musulmans, sur le fait que dans le nom de l'UDMF, "musulmans" passait avant "Français". Il nous avait expliqué que l’ordre avait été longuement réfléchi et qu’il avait été choisi ainsi pour mettre en avant le fait que "l’éthique musulmane peut apporter quelque chose à la France."
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Toujours est-il que ce dernier est parti en 2015 à l'issue des régionales pour fonder le Parti français et musulmans. Le programme de ce tout jeune parti est basé sur "une éthique musulmane en parfaite adéquation avec les valeurs républicaines", explique l'un de ses membres au Parisien. Citons enfin d'autres partis qui ne cachent pas leur inspiration islamique : le Parti des musulmans de France fondé en 1997 et la Nouvelle union française (NUFR) fondée en 2010.
"Ils ciblent la jeunesse, plus malléable"
Pour Laurence Marchand-Taillade, co-auteur d'Une France soumise et présidente de l'Observatoire de la Laïcité du Val-d'Oise, cette incursion de l'islam en politique est un danger. "Ces partis utilisent des méthodes iniques, ils ciblent tout particulièrement la jeunesse qui, on le sait, est plus malléable", remarque-t-elle. "Avec une équipe, nous avons infiltré le 25 février dernier la mosquée de Montreuil - qui compte 2000 places ! - lors d'un meeting du Parti français et musulmans. On a entendu des propos particulièrement choquants", explique celle qui assure détenir des enregistrements audio de ses dires. Elle a d'ailleurs publié une tribune sur cet évènement dans Causeur.
Pour Laurence Marchand-Taillade, ces candidats de partis "musulmans" s'appuient sur "une présupposée islamophobie" pour faire de l'entrisme et rallier à eux une jeunesse en mal de repère. Celle qui est aussi présidente de Forces Laïques condamne également les candidates voilées. "C'est le principe d'égalité homme/femme qui est attaqué. Qu'est-ce qu'elles veulent dire en mettant le voile ? 'Je le mets parce que moi je suis pudique, donc les autres ne le sont pas de fait' ?", tempête la militante laïque.
"Ces tentatives ont fait un gros bide"
Sur ce dernier point, le politologue Thomas Guénolé rejoint Laurence Marchand-Taillade. "A titre personnel, je désapprouve le port du voile car il renvoie à un système patriarcal", explique-t-il avant de nuancer l'influence des partis "musulmans" en France. "Ces dernières années, on a pu voir en effet une tentative de former un 'vote musulman', sauf que ces tentatives on fait un gros bide. Ça pourrait marcher, mais de manière exceptionnelle et au niveau micro-local. Mais en réalité, on voit que les Français de confession musulmane ont un comportement électoral semblable aux autres citoyens : c'est-à-dire pluriel", explique l'auteur de Les jeunes de banlieue mangent-ils les enfants ?.
"Il n'y a qu'à voir les résultats que ces partis ont fait au premier tour pour s'en convaincre", ajoute-t-il. Et en effet, Hanan Zahouani n'a obtenu que 1,46 % soit 347 votes en Seine-Saint-Denis, Hülya Sahin a fait sensiblement pareil dans les Yvelines avec 1,07 % soit 333 votes. Nadia Omani, du Parti égalité et justice, a elle obtenu 0,3 % soit 103 votes dans les Bouches-du-Rhône. Quant à Sandra Fourastié (supppléante d'Abdelmajid Aodella), elle a obtenu 2,06 %, soit 487 voix. Le seul qui avait fait sensation est Samy Debah, candidat sans étiquette mais fondateur du Collectif contre l'islamophobie, dans le Val-d'Oise. Il s'était qualifié pour le second tour avec 14 % mais a échoué dimanche dernier avec tout de même 34 % des voix, soit un peu plus de 5 000 voix.
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