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Une catastrophe. Le déficit public est bien supérieur aux prévisions initiales de l’exécutif, qui tablait sur un déficit à 4,9% du PIB. Selon les chiffres dévoilés par l’Insee ce mardi 26 mars, le déficit de la France s’élève désormais à 5,5% du PIB en 2023.
Un bilan compliqué pour l’hexagone qui a largement dépassé le budget l’année dernière et qui contraint le gouvernement à réduire drastiquement ses dépenses. Gabriel Attal doit par ailleurs prendre la parole lors d’une allocution télévisée, ce mercredi 27 mars sur TF1 au 20 heures, afin d’annoncer les mesures mises en place.
"Des efforts supplémentaires"
Invité sur RTL, Bruno Le Maire, ministre de l’économie, exprimait sa “détermination à rétablir les finances publiques”. Il indique que le gouvernement maintient l’objectif de repasser sous la barre des 3% de déficit public d’ici 2027. “Ça va demander des efforts supplémentaires, parce que c’est le même objectif qu’avant mais avec une situation qui est plus dégradée. Ça demandera plus de détermination, beaucoup de méthode et beaucoup de sang-froid”, assure-t-il.
En effet, les chiffres dévoilés par l’Insee sont bien loin de l’objectif initial fixé à 4,9% qui n’a “pas été atteint”. “Il faut en tirer les conséquences”, souligne-t-il. Selon lui, malgré une “bonne croissance” de près de 1%, la France a récolté des recettes fiscales “bien moins importantes que prévu”.
Des pistes d’économies à prévoir
“Là, il y a une situation exceptionnelle où les recettes fiscales ne suivent pas”, admet Bruno Le Maire. Afin de rattraper le retard, le ministre de l’économie souligne que les finances publiques “doivent être rétablies”, en étant “plus déterminée, méthodique et calme”. “Notre objectif doit rester le plein emploi, le soutien aux entreprises, une fiscalité stable ou en baisse (...) Ne faisons pas de tête-à-queue dans le quinquennat, ne finissons pas le prochain quinquennat en augmentant les impôts et en laissant filer le chômage et le déficit public”.
Bruno Le Maire prévoit de faire des économies “sur toutes les dépenses” dont “celles de l’État, les dépenses sociales et des collectivités locales”. “C’est ce que je propose, ce n’est pas un serrage de ceinture mais c’est faire des choix”, a-t-il estimé. Une équation pas si simple, selon Christophe R, analyste financier dans une compagnie d’assurance. “La croissance dépend beaucoup des facteurs extérieurs comme la guerre en Ukraine qui a eu une conséquence sur le prix de l’énergie et du gaz. L'État a donné énormément d’aides pour combler le hausse des prix des matières premières.”
La période du Covid a aussi impacté les dépenses avec les prêts garantis par l’Etat pour sauver de nombreux commerçants de la faillite. Pour Christophe R., “il faut faire un travail pédagogique pour expliquer que la France ne peut pas être l’alpha et l'omega de tous les problèmes, mais c’était des choix à faire. Si on avait laissé les entreprises fermer la porte pendant la période covid, on aurait pas eu autant de déficit”, souligne l’analyste.
Les impôts des français en hausse en 2024 ?
En attendant les nouvelles pistes évoquées par le gouvernement, Bruno Le Maire assure que les impôts des Français ne seront pas augmentés. “Il est tout à fait possible de réaliser des économies dans les dépenses publiques sans puiser dans les poches des Français”, rassure-t-il. Une hypothèse plausible pour Christophe R, analyste financier. “Le leitmotiv d’Emmanuel Macron au début de sa campagne présidentielle était de ne pas augmenter les impôts des Français les plus modestes. Il ne peut donc pas faire marche arrière.”
Autre mesure envisagée, Bruno Le Maire souhaite mettre en place une imposition minimale sur les plus hauts revenus européen et internationaux. “Je suis prêt, après avoir mis en place l’imposition sur les géants du numérique et l’imposition internationale sur les très grandes multinationales, à mettre en place une imposition minimale au niveau international sur les plus hauts revenus", souligne-t-il. Une imposition minimale sur le revenu qui pourrait concerner “quelques centaines de personnes en France”.
Quelles sont les mesures qui peuvent être envisagées ?
Selon l’analyste, Christophe R, il y a “plusieurs leviers” à contrôler pour faire des réductions : la santé, la retraite, le chômage et les collectivités locales. “Au niveau du secteur santé, la sécurité sociale va peut-être devoir réduire des postes. Les remboursements des consultations et des médicaments peuvent aussi être impactés avec une diminution des remboursements. Du côté des retraites, la mesure la plus radicale serait de geler les retraites. Mais on peut aussi imaginer que le gouvernement cible les retraites des personnes plus aisées en faisant en sorte qu’elles augmentent moins fortement”.
Pour les impôts, il est possible que les ménages et les entreprises les plus aisés soient plus ponctionnés que les plus modestes. “Il y a aussi les dettes des collectivités locales qui rentrent dans le deficit budgétaire, des directives peuvent être données pour réduire le coût des dépenses”, suppose l’analyste. L’axe premier reste d’investir “pour soutenir la croissance, même si l’Etat lui-même ne peut pas tout faire pour respecter la trajectoire budgétaire”, conclut l'analyste.
D’ici mercredi soir, le Premier ministre, Gabriel Attal, doit dévoiler les décisions “finales” du gouvernement.