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A quelques jours des élections européennes et tout juste deux ans après son élection, Emmanuel Macron peine à convaincre. Sa personnalité, autant que le bien-fondé de sa politique, sont régulièrement questionnées. Suppression de l'ISF, CSG… Nombre de ses réformes ont encore du mal à passer.
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Le véritable bilan d’Emmanuel Macron : un président particulièrement impopulaire, à quelques jours des élections ?

Il a décidé de faire campagne. Plutôt que d’être spectateur de l’histoire de l’Union Européenne, Emmanuel Macron a décidé de l’embrasser à bras le corps. Quitte à donner une interview sur YouTube à l’avant-veille du scrutin et contourner les règles du CSA selon une partie de l’opposition, rapporte Le Figaro. Ou à s’impliquer jusqu’à recentrer le scrutin sur sa personne, explique le Huffington Post. Une situation dangereuse, d’autant plus quand c’est la personnalité même du chef de l’Etat qui pose question…

En effet, d’après La Tribune, le bilan des deux ans d’Emmanuel Macron souffre notamment de la perception que les Françaises et les Français peuvent avoir de lui. Deux ans après sa prise de fonction, c’est à dire tout récemment encore, seuls 36% d’entre eux le trouvaient compétent. Cela représente une chute de 24 points sur un an. Par ailleurs, ils sont seulement 34% à l’estimer sympathique et à peine 28% à le juger sincère. 20% le trouvent proche des gens tandis qu’il n’est rassembleur que pour 17% de la population — soit une perte de 12 points en une année.

Pour autant, si impopulaire qu’il puisse être, Emmanuel Macron n’est pas le plus détesté des présidents, à cette période de son mandat. Il n’a pas encore battu François Hollande, par exemple. Deux ans après le début de son quinquennat, le chef de l’Etat recueille encore 32% d’opinions positives. Seuls 21% des Françaises et des Français soutenaient encore l’ancien patron du PS à ce moment de son action.

"Cela fait plusieurs décennies que la France est perturbée par les évolutions économiques et technologiques apportées par la mondialisation. Ce phénomène travaille le pays au corps depuis longtemps et tous les exécutifs ont, successivement, essayé de l’accompagner. Cette situation illustre bien le fait que quelque soit le président, il ou elle devra gérer cette angoisse et toutes les questions qu’elle engendre", analyse pour sa part Bruno Cautrès, politologue et chercheur au Centre d’études de la vie politique française (CEVIPOF). Indépendamment de son bilan, Emmanuel Macron aurait donc dû faire face à de telles complexifications. Mais quid du bilan en question ?

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Le véritable bilan d’Emmanuel Macron : des promesses tenues ?

Emmanuel Macron l’a assuré : il veut réussir "furieusement, passionnément" son mandat. Pas pour être candidat à sa propre réélection, dit -il - il estime la question "indécente", rappelle La Tribune - quoique certains de ses anciens conseillers aient déjà réfléchi à ce sujet, rappelle Le Monde. S’il décidait de revenir sur cet avis exprimé publiquement fin avril et débuté une nouvelle aventure de cinq ans, le chef de l’Etat devrait pouvoir afficher un bilan susceptible de convaincre les électeurs et les électrices.

Auprès des Français, le président de la République a multiplié les engagements. D’après le site Lui président, tenu par l’ESJ Lille, après 2 ans et dix jours de mandat, il a tenue 50 des 397 promesses prises et en a réalisé partiellements 21 autres. Comme il l’avait déclaré, le locataire de l’Elysée s’est appliqué à composer un gouvernement paritaire, à supprimer le régime spécial de retraite des parlementaires ou à interdire les embauches familiales pour les élus comme les ministres. Il a également pris soin d’aligner la fiscalité du diesel sur celle de l’essence, de supprimer l’ISF au profit de l’IFI, de créer une flat tax de 30% sur les revenus du capital ou encore d’encadrer les indemnités prud’homales en cas de licenciement sans cause réelle et sérieuse.

"En pratique, Emmanuel Macron a mis en oeuvre tout un pan de son programme. Comme Nicolas Sarkozy, par exemple, il a tenu un nombre considérable de ses promesses de campagne. Cependant, cela n’a rien d’extraordinaire pour autant. Il ne fait pas nécessairement mieux que ses prédécesseurs et sa performance n’est pas particulièrement spectaculaire", rappelle pour sa part Bruno Cautrès.

Dans les 289 engagements qu’Emmanuel Macron n’a pas encore rempli, plusieurs ont attrait à la retraite. Il avait en effet assuré qu’il ne modifierait pas le montant des pensions de retraite et qu’il ferait converger les différents régimes. En outre, il est définitivement revenu sur l’augmentation du taux de la taxe carbone comme sur la création d’un tribunal de première instance pour chaque département.

Le véritable bilan d’Emmanuel Macron : ce qu’il a réussi à mettre en place, ce qui marche moins

Code du travail, réforme de la SNCF, suppression de l’IFI… Après deux ans de gouvernance, Emmanuel Macron a d’ores et déjà pu mettre en place une partie du projet qui l’a fait élire. Au bout d’un an, le chantier concernant la libéralisation du marché du travail était déjà bien entamé, rapporte par exemple La Tribune, qui rappelle aussi que les réformes ont été "menées au pas de charge". Ce qui ne constitue peut-être pas pour autant la plus grande réussite du président…

"Indéniablement, Emmanuel Macron a su mettre en place une partie de son programme. Plus important à relever, il a su faire bouger durablement les lignes de la vie politique française", souligne en effet le politologue Bruno Cautrès. "Pour autant, il n’a pas encore su transformer le quotidien des Français et manque aujourd’hui de résultats tangibles. Il n’y a pas eu de changement drastique en matière de chômage ou de déficit public, par exemple. Il en va de même pour de nombreuses questions récurrentes de la vie politique française", pointe-t-il encore du doigt. "Emmanuel Macron avait promis la révolution, c’est d’ailleurs le titre de son livre-programme. Or, pour le moment, un sentiment de continuité dans la routine semble s’installer en France", assène-t-il encore.

Le véritable bilan d’Emmanuel Macron : comment expliquer une telle différence entre la présidence et la campagne ?

Robert Hue, Daniel Cohn-Bendit, Christophe Castaner, Jean-Paul Delevoye… Tout au long de la campagne qui précédait l’élection présidentielle en 2017, Emmanuel Macron n’a cessé de convaincre des individus issus de (presque) tous les bords du spectre politique. Il a, mécaniquement, engrangé un nombre considérable de soutiens, une situation qui semble moins visible aujourd’hui estime le chercheur au CEVIPOF.

"Quand il n’était que candidat, Emmanuel Macron laissait davantage paraître l’idée d’une importante coalition rassemblant les progressistes du centre-gauche au centre-droit. En pratique, dorénavant, il peut compter sur un nombre d’alliés très restreint. Le seul à se positionner systématiquement de son côté, c’est le MoDem de François Bayrou.La différence de dynamique est considérable et contribue nécessairement à son isolement", juge en effet l’enseignant-chercheur.

Un phénomène qui pourrait peser sur la formation d’Emmanuel Macron, à l’approche des Européennes ? Potentiellement. "La difficulté du président à rassembler sur son programme engendre nécessairement d’importantes complications quand il s’agit de relancer une dynamique. On constate d’ailleurs qu’il n’a pas su élargir sa liste en vue des européennes…", précise encore le politologue. Avant de nuancer : "Cependant, ce n’est pas le seul facteur. Je pense que le mouvement des ‘gilets jaunes’ a eu plus d’impact par exemple."