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Ce mardi soir, le Conseil français du culte musulman organise un repas en l'honneur de la rupture du ramadan. Le chef de l'Etat, qui s'y était rendu l'année précédente, a cette fois-ci préféré  décliner l'invitation.

Emmanuel Macron et l'islam de France : une relation complexe ?

Le Conseil français du culte Musulman de France (CFCM) vivrait cela comme un affront. Pire ! Une trahison, indique Le Muslim Post. Emmanuel Macron, qui s’était rendu au dîner de rupture du ramadan l’année précédente, ne viendra pas cette fois-ci. Pour le remplacer, il a dépêché son ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb.

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Edouard Philippe, qui était supposé faire un discours pour l’occasion se contentera finalement d’un rapide passage en soirée, comme le rapporte Public Sénat. Face à ces "désistement", les responsables du CFCM ont fait savoir leur incompréhension. Abdakkah Zekri, délégué général du CFCM, a même confié être "blessé", "outré" par ce qu’il qualifie de "revirement" et d’ "attitude désinvolte" de la part des dirigeants de la République. "Pourquoi offrir un iftar à la République, si elle se montre méprisante à notre égard ?", a-t-il demandé. Pour d’autres, il s’agit même d’un "boycott", explique  Le Parisien.

"Le président de la République n’a pas prévu de venir annuellement, ce n’est pas une obligation", rappelle un des conseillers du chef de l’Etat pour tempérer la situation et cette absence qui fait déjà tant parler. En pratique, c’est l’"agenda politique" du président qui, incompatible avec l’événement, l’empêche de s’y rendre.

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Emmanuel Macron et l'islam de France : un sujet qui embarrasse le président ?

Pourtant, Emmanuel Macron l’avait dit clairement : il souhaite "poser les jalons de toute l’organisation de l’islam de France". Il expliquait en février dans les colonnes du Journal du Dimanche qu’il comptait rendre ses conclusions "durant ce premier semestre 2018". Elles sont désormais repoussées à l’automne. Pour Ahmed Ogras, le président du CFCM, le locataire de l’Elysée se serait "auto-piégé" en "croyant que le sujet était facile". Il déplore également que l’exécutif consulte de nombreux intellectuels, sans faire appel à son organisation, jugée trop proche de puissances extérieures.

A en croire Le Figaro, il ne s’agit plus de hâter le pas pour faire mûrir la réflexion d’ici l’été mais de porter des réformes durables… Et derrière ce changement de tempo, une insatisfaction du président, explique le quotidien. 

D’après Libération, Gérard Collomb a effectivement une mission précise : "sonner les cloches" du CFCM. Précisément parce qu’il est trop proche de certains pays, mais aussi parce qu’il ne jouerait pas efficacement son rôle dans la cohésion ou la lutte contre la radicalisation. "Depuis un an, l’attente de l’Etat est forte pour que le CFCM prenne à bras-le-corps les grands enjeux sur lesquels il se doit d’agir, en particulier la formation des ministres du culte ou la question des financements. A ce stade, on peut encore considérer que les avancées ne sont pas assez ambitieuses", indique-t-on place Beauvau, comme le souligne Le Figaro.

D’une façon générale, le sujet semble complexe pour Emmanuel Macron qui ne s’était pas beaucoup avancé sur ces questionnements pendant la campagne présidentielle. En outre, sa majorité demeure assez fracturée sur le sujet de la laïcité…