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Emmanuel Macron et Édouard Philippe : la "connerie" des 80km/h
Entrée en vigueur en juillet dernier, c'est l'une des mesures pour lesquelles le Premier ministre s'est le plus mobilisé. La réduction à 80 km/h sur tout un pan des routes de France cristallise pourtant les mécontentements... Et pas seulement chez les conducteurs. A l'époque ou Édouard Philippe se battait en faveur de la réforme, certains membres du gouvernement exprimaient publiquement leurs doutes, comme Gérard Collomb. D'après les informations du Figaro, ces mêmes interrogations travailleraient aussi le chef de l’État.
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En effet : les 80 km/h marqueraient même le premier réel désaccord entre Édouard Philippe et son président, Emmanuel Macron. "Jusqu'alors, aucune tension n'était apparue au sein du tandem Élysée-Matignon", écrivent nos confrères du Figaro. Pourtant, alors qu'il recevait des élus locaux au Palais présidentiel en décembre dernier Emmanuel Macron n'aurait pas mâché ses mots à propos de cette décision du Premier ministre. Il l'aurait même qualifié de "connerie". Quelques jours plus tard, sur Europe 1, il s'en était encore désolidarisé avec un "J'aime la bagnole", poursuit le quotidien.
Sans désavouer Edouard Philippe à proprement parler, Emmanuel Macron a décidé de jouer la montre, assurant que si la mesure ne fonctionnait pas, elle serait abandonné et qu'un bilan serait réalisé sous deux ans.
Après un rebond de la mortalité sur les routes en septembre, le gouvernement n'exclut pas de "revenir au 90 km/h", indique le journal local Sud Ouest. "Si cette mesure n'a servi a rien, alors oui nous pourrons revenir au 90 km/h", a déclaré récemment le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner.
Pour autant, pas question de revenir sur les 80 km/h dans le cadre du référendum d'initiative citoyenne (RIC). Le président aurait peur de créer de nouvelles tensions avec Matignon, souligne le quotidien national.
Édouard Philippe, un "branleur" au centre de tous les critiques ?
La crise des "Gilets jaunes" semble avoir malmené la relation entre Édouard Philippe et Emmanuel Macron. Certains proches du président reprochent au Premier ministre son côté trop technique. "Il faut que la politique reprenne ses droits, ce ne sont pas les technos qui doivent gouverner le pays", jugeait notamment Aurore Bergé, porte-parole des députés La République En Marche (LREM) en novembre dernier. Elle pointait du doigt l'aller-retour de Matignon dans sa gestion de la crise sociale.
"Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Je n'ai rien compris. Je suis complètement ahuri. Il faut qu'il aille se reposer et qu'il arrête de déconner", s'offusque un proche du président dans les colonnes du Figaro. Pour l'entourage de ce dernier, Édouard Philippe figurerait parmi les responsables de l'éloignement entre le peuple et le président. "Le président a senti le pays pendant la campagne, mais, depuis, il a mis en place un système dans lequel il a repris ses équipes du ministère de l’Économie. Il y a à l'évidence deux lignes : celle du président et celle du Premier ministre", poursuit-il.
Mais la majorité parlementaire n'est pas la seule à trouver des torts au pupille d'Alain Juppé. Emmanuel Macron lui même se serait sévèrement attaqué à Édouard Philippe, début décembre, le traitant de "branleur" et lui reprochant son absence sur le terrain, le soir de son anniversaire comme le rapportait Le Canard Enchaîné (édition papier).
Les 80 km/h : le début de la chute pour le tandem Élysée-Matignon ?
"Les 80 km/h, c'est le moment de l'inversion de la courbe de popularité du tandem exécutif entre Emmanuel Macron et Édouard Philippe", rappelle le délégué général de l'association 40 millions d'automobiliste, Pierre Chasseray. Il voit dans cette décision le "détonateur" de la colère qui anime les "Gilets jaunes".
"Avec sa décision sur les 80 km/h, Édouard Philippe a craqué les allumettes qui ont embrasé la situation", confirme un proche du chef de l’État dans les pages du Figaro. Pour le directeur de recherche au CNRS Romain Pasquier, la réforme du Premier ministre a eu un impact sur les "classes sociales précaires vivant dans ces territoires ruraux fragilisés par la mondialisation". Ils seraient systématiquement touchés par ce genre de mesures, explique-t-il au journal marqué à droite.
Les manifestations contre les 80 km/h auraient donc constitué un dernier avertissement avant le mouvement des "Gilets jaunes" dont l'acte IX a eu lieu le samedi 12 janvier, dans toute la France.