Chaque fin d’année, Google dévoile son classement des dernières tendances de recherche en France et dans le monde. Tour d'horizon des sujets qui ont marqué l’année 2024 en France.
Parmi les pistes envisagées aujourd'hui pour la répartition des coûts de la dépendance (suppression d’un RTT, création d’un système d’assurance, augmentation de la CSG…) lesquelles vous semblent les plus pertinents ?
Pour l’Association des Paralysés de France (APF) cette réforme de la dépendance doit reposer sur un droit universel à compensation garantissant l’intégralité des besoins liés à la perte d’autonomie. Cette réforme doit répondre aux besoins spécifiques de chacun, quel que soit son âge et l’origine de sa perte d’autonomie. Un financement par le recours aux assurances privées aboutirait à exclure les publics qui en ont le plus besoin et les plus précaires. Seul un financement basé sur la solidarité nationale pourra garantir une égalité de traitement entre les citoyens en perte d’autonomie et donc l’universalité de ce droit à compensation. Pour l’APF, une saine gestion du financement de cette réforme exige :- un regroupement de toutes les enveloppes budgétaires existantes au sein d’un « fond national pour l’autonomie »- une augmentation de la CSG au regard des besoins non encore couverts (prestations individuelles, services et établissements)Le risque dépendance doit être assuré pour tous, que les personnes aient cotisé (système contributif) ou non (système de solidarité nationale). Le financement par la CSG renforce ainsi l’universalité de ce droit.
Que pensez-vous de l'organisation du débat public sur la dépendance orchestré par la Ministère des Solidarités et de la Cohésion sociale?
L’APF prend acte de la décision de Nicolas Sarkozy d’organiser un débat avec tous les partenaires concernés par cette réforme. L’APF désire apporter sa contribution à cette consultation afin de faire entendre la voix des personnes en situation de handicap pour ne pas réduire le débat à un plan de financement de la dépendance des personnes âgées, mais bien envisager un plan d’action cohérent et des réponses concrètes pour le public en perte d’autonomie. Nous souhaitons que le débat soit le plus ouvert et le plus fructueux possible et que toutes les pistes de financement soient étudiées. L’APF attend de ce débat une réforme juste et ambitieuse.
On semble assister à un début d’amalgame «dépendance = troisième âge ». Comment l’APF compte-t-elle s’imposer dans le débat, afin que les paralysés de tous âges n’en soient pas exclus ?
Le 13 septembre dernier, lors de la rencontre entre Nicolas Sarkozy et le Comité d’entente, ce dernier a assuré à nos associations que « la situation des personnes handicapées serait partie prenante de la réforme à venir sur la dépendance ». De plus, la récente création d’un ministère des Solidarités et de la Cohésion sociale, regroupant en son sein les personnes en situation de handicap et les personnes âgées va également dans ce sens. Il n’est pas possible de créer une 5ème branche de la Sécurité sociale traitant des problèmes de perte d’autonomie tout en excluant une partie des publics concernés !
Depuis quelques mois, l’APF a impliqué ses adhérents dans l’élaboration d’une position pour cette réforme, notre association sensibilise également les parlementaires et les décideurs politiques à nos revendications. L’APF va continuer, dès à présent, à faire savoir sa position et va diffuser des témoignages de personnes en situation de handicap, donc dépendantes, afin de montrer à quel point cette réforme est essentielle pour ces personnes. Nous allons également demander à être reçus par Mme Bachelot-Narquin afin de lui faire part de nos revendications. L’APF fera entendre sa voix pour que les personnes en situation de handicap, quel que soit leur âge ou l’origine de leur perte d’autonomie, soient inclues dans cette réforme.
D’après une étude menée par l’ANSP (Agence nationale des services à la personne) et Ipsos en octobre 2010, 90% des Français feraient appel à un intervenant à domicile en cas de perte d’autonomie d’eux ou un proche. Or cela coûte en moyenne 1800 euros mensuels. Qu’en est-il aujourd’hui, et cela peut-il évoluer ?
Il est inacceptable que des personnes en perte d’autonomie dépensent de telles sommes chaque mois et contraire au principe constitutionnel de solidarité, socle de notre république. Déjà touchées par la perte d’autonomie elles sont désignées pour en assurer elles-mêmes, quand elles le peuvent, le financement, ce qui relève d’un douloureux cumul des peines. Ces coûts instaurent de plus un système à 2 vitesses, entre ceux qui peuvent faire face à de tels frais et la grande majorité de ceux qui ne le peuvent pas. Comment les personnes en situation de handicap, qui ne peuvent pas travailler et qui ont comme seule ressource l’Allocation aux adultes handicapées (AAH) soit 711€ par mois, peuvent-elles faire face à cette dépense ? Actuellement, les personnes bénéficiaires de l’AAH sont obligées de choisir entre se nourrir et se loger ou faire face à leur perte d’autonomie. Ceci est inacceptable ! Pour l’APF la réforme de la dépendance doit aboutir à une couverture intégrale des besoins liés à la perte d’autonomie et doit couvrir toutes les dépenses qu’elles soient liées aux aides humaines, aux aides techniques et à l’aménagement du logement, aux frais de transports supplémentaires, aux frais spécifiques ou exceptionnels, ou aux aides animalières.
Jean-Marie Barbier est le président de l’Association des Paralysés de France (APF). En situation de handicap depuis sa naissance, il a fait la connaissance de l’APF très tôt. Après de brillantes études - diplômé en maîtrise de mathématiques et en maîtrise d’informatique -, il a occupé différents postes comme analyste programmeur puis chef de projet et enfin ingénieur en informatique. A 29 ans, il intègre le Conseil d’Administration de l’APF. D’abord administrateur puis trésorier-adjoint, trésorier et enfin vice-président à partir de 2000. Elu président de l’association le 24 mars 2007, il a déclaré s’inscrire dans la continuité de l’action menée par l’APF, notamment pour une politique transversale du handicap et reste très vigilant quant à l’application de la loi handicap du 11 février 2005. Jean-Marie Barbier a été décoré de la Légion d’honneur le 30 septembre 2009.