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Nous sommes le 27 août 2014 et Arnaud Montebourg sait depuis deux jours qu’il ne sera plus le ministre de l’Economie, remplacé par Emmanuel Macron. Ce jour-ci, la passation de pouvoir à lieu entre les deux hommes.
Arnaud Montebourg tient alors un discours pour le moins amphigourique : "C’est avec la fierté du devoir accompli, avec le sens des responsabilités qui m’ont été confiées que j’ai indiqué cet après-midi à monsieur le Premier ministre que s’il jugeait que je me trompais, s’il jugeait que mes convictions étaient contraires aux orientations du gouvernement qu’il dirige, dans ce cas je croyais nécessaire de reprendre ma liberté tout comme il accepte de me la rendre."
La politique du gouvernement ? "On va vers le désastre !"
Une liberté que ne manquera pas d’utiliser l’ancien ministre pour s’attaquer à la ligne économique du gouvernement et au président de la République, François Hollande, qu’il tient en piètre estime.
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Dernière charge en date, sa tribune cosignée avec le banquier Mathieu Pigasse, et parue dans le JDD dimanche dernier, dans laquelle il déclare que "nous marchons droit vers le désastre". Une tribune sortie en plein congrès du PS, à Poitiers, comme un pied-de-nez, et qui n’a pas manqué de faire réagir du côté des ténors socialistes. De Stéphane Le Foll à Michel Sapin en passant par le Premier ministre, Manuel Valls, tous ont dénoncé l’attitude d’Arnaud Montebourg.
Quelques voix cependant se sont élevées pour défendre le chante du "Fabriqué français", à l’instar de Florian Philippot au FN et, à gauche de la gauche, de Jean-Luc Mélenchon qui l’invite à quitter le PS. De son côté, le leader de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, a même invité Arnaud Montebourg à le rejoindre.
Officiellement, la politique est derrière lui
Sollicité de toutes parts, Arnaud Montebourg est pourtant officiellement redevenu un citoyen "lambda" : la politique c’est du passé. "Après 17 années de mandat local et national, le moment est venu pour moi de me retirer de la vie publique professionnelle.", déclarait-il lors de ses vœux de fin d’année 2014. Deux semaines plus tard, il jugeait dans le magazine GQ que le monde politique était une "jungle" et qu’il était "lassé de la médiocrité du personnel politique".
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Comme pour signifier son retrait de la vie publique, Arnaud Montebourg est nommé vice-président de la chaîne d’ameublement Habitat, le 19 mars dernier. Toutefois, lors de l’ascension du Mont Beuvray, le 25 mai dernier, qu’il effectue chaque année, il déclarait à une personne lui demandant de revenir en politique : "Il faut quand même que je gagne ma vie…", comme pour indiquer une attente en vue d’une prochaine échéance électorale.
Un retour est-il tout de même possible ?
Arnaud Montebourg, le trublion du PS, celui qui avait créé la surprise en arrivant troisième à la primaire socialiste de 2011, définitivement éloigné de la scène politique ? L’idée est difficilement soutenable. Nicolas Sarkozy avait déjà fait le coup après son échec à la présidentielle de 2012, et on connaît la suite…
"C’est un toxico de la politique" déclarait au Monde un proche d’Arnaud Montebourg. D’ailleurs, en 2013, au même journal, ce dernier confiait ceci : "Après le ministère, j'arrête la politique, en tout cas comme une carrière (…) La présidentielle est la seule élection à laquelle j'envisage de me représenter un jour". Montebourg président ? L’ancien ministre en est persuadé, forgeant depuis son départ l’image d’un homme proche du terrain, d’un entrepreneur qui se bat pour produire français, et, surtout, d’un anti-Hollande.
Montebourg, un futur Chevènement ?
Une manière de rallier à sa cause les frondeurs du PS comme les souverainistes hors du FN (Dupont-Aignan) ou à sa gauche (Jean-Luc Mélenchon). Mais il semblerait peu probable qu’Arnaud Montebourg rejoigne une formation extérieure, préférant assurément jouer les trublions avec les frondeurs à l’intérieur du PS. D’ailleurs, il aurait vu d’un très bon œil les résultats de la motion (B) frondeuse menée par son ami Christian Paul, arrivée seconde avec 30 % des votes des militants (soit presque le double de ses 17 % à la primaire). Signe qu’il aurait une carte à jouer parmi les ténors du Parti socialiste.
Reste qu’il pourrait, lui l’apôtre de la démondialisation, créer sa propre formation politique à gauche du PS, à l’image d’un Podemos espagnol ou d’un Syriza grec voire un parti souverainiste de gauche. Pour l’heure, Cécile Duflot et Jean-Luc Mélenchon, qui se neutralisent à coup d’invectives, sont bien en peine de pouvoir se targuer de réunir la gauche contestataire. Arnaud Montebourg a donc, certes pas un boulevard, mais une voie devant lui. A la manière d’un Jean-Pierre Chevènement ? L’avenir le dira…
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