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Affaire Benalla : un scandale susceptible de gravement fragiliser le chef de l’Etat ?
"Si ils cherchent un responsable, dites-leur que vous l’avez devant vous ! Le seul responsable de cette affaire, c’est moi, et moi seul", a déclaré Emmanuel Macron après six jours de silence. Six journées de crise au sommet de l’Etat, qui ont contribué à faire de l’affaire Benalla un véritable scandale politique.
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Quand le scandale Benalla a été dévoilé par Le Monde, le 18 juillet, le président de la République avait déjà amorcé une chute dans l’opinion. La victoire de l’équipe de France de football au mondial de Russie n’avait pas su l’enrayer. Dans un tel contexte, peut-on penser qu’il s’agit-là de l’affaire de trop ? Qu’il y aura un avant et un après Alexandre Benalla. "Emmanuel Macron sortira très vraisemblablement fragilisé de cette séquence. Si elle ne laissera probablement pas une marque indélébile sur son mandat, on peut penser que sauf affaire ultérieure, elle va constituer un grand moment de son quinquennat", analyse Christophe Bouillaud, politologue et enseignant-chercheur à Sciences-Po Grenoble.
"Il va surtout radicaliser son opposition et, auprès de ceux qui luis sont acquis, fragiliser la croyance dans le nouveau-monde qu’il dit vouloir instaurer. Au fond, cela devrait renforcer les tendances que l’on observe déjà", poursuit le chercheur. "Forcément, cela signifie aussi qu’il sera affaibli dans la conduite de ses réformes mais aussi dans la gestion qui sera faite des manifestations futures. Il sera plus simple pour la gauche de la gauche et le Parti Socialiste (PS) de pointer du doigt, en cas d’incidents, une volonté gouvernementale visant à délégitimer les manifestants."
Toutefois, l’affaire Benalla ne devrait pas déstabiliser le locataire de l’Elysée, estime le politologue. "D’ici quelques semaines, nous devrions assister à un retour à la vie politique standard. La Vème République donne tant de pouvoir au président qu’il est très compliqué de le bousculer. Nos institutions le rendent trop résilient. Emmanuel Macron l’a dit lui-même : il ne rend de compte qu’au peuple Français. Or, celui-ci n’aura pas l’occasion d’en demander avant la prochaine élection présidentielle", indique le spécialiste. "Jusqu’en 2022, il sera maintenu en place par la force institutionnelle propre à notre régime et à sa force politique. S’il ne souhaite pas rendre de comptes, rien ni personne ne pourra l’y pousser", ajoute le chercheur qui voit une stratégie claire dans la dernière intervention du chef de l’Etat. "En déclarant qu’il assume tout, Emmanuel Macron verrouille l’affaire, il l’amène à un os. Il l’a fait en sachant pertinemment qu’il ne pourra pas être remis en cause."
Affaire Benalla : pourquoi elle pourrait être très vite oubliée
Si l’affaire Benalla deviendra certainement l’un des marqueurs identitaires des différentes oppositions au président, elle devrait être assez vite oubliée du reste de la population. "N’oublions pas qu’elle n’a, finalement, que peu d’impact sur les Français. La limitation de vitesse à 80 km/h ou la hausse de la CSG sont des mesures controversées qui les touchent davantage", rappelle Christophe Bouillaud. "On observe ce genre de scandales depuis la IIIème République. Au fond, cela fait dorénavant partie de la vie politique normale, même si parfois un peu rude. Ce n’est pas de la politique propre, mais ça reste de la politique. Et c’est loin d’être un scandale suffisant pour faire tomber un président", conclut le chercheur.