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Suppression de la taxe d’habitation : vers une tension à la hausse des loyers ?
C’est l’une des promesses du président de la République : la suppression de la taxe d’habitation va débuter dès le mois d’octobre prochain, où elle sera réduite d’un tiers pour 80% des ménages. Elle sera ensuite progressivement diminuée jusqu’à être totalement supprimée à partir de 2020.
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D’après Le Figaro économie (article payant), sa suppression favorisera à terme les propriétaires, comme l’indiquent certains économistes spécialisés en fiscalité. C’est notamment le cas d’Alain Trannoy, directeur d’études à l’Ecole des hautes études de sciences sociales pour qui "la disparition de cet impôt pourrait provoquer une tension à la hausse des loyers", particulièrement dans les "zones tendues" comme cela peut-être le cas dans les grandes métropoles.
La suppression de la taxe d’habitation devrait rapporter 864 euros aux locataires par an, en moyenne, explique le quotidien. A Paris, Lille, Bordeaux, Marseille ou Lyon, il serait donc logique que les propriétaires soient tentés d’augmenter leurs tarifs, pour optimiser leur rendement. Ce faisant, ils entraîneraient collectivement une hausse des loyers.
Le phénomène aurait déjà été observé en Allemagne, rapporte le quotidien, mais pourrait différer en France. "L’argumentaire du Figaro n’est pas infondé, bien au contraire", estime de son côté Henry Buzy-Cazaux, président de l’Institut du Management des Services Immobiliers (IMSI) et directeur général de l’Institut supérieur du commerce de Paris (ISC) au micro de Planet. "Toutefois, il est un peu court. Il faut différencier deux cas de figure : dans les zones où le marché locatif n’est pas tendu, les locataires font la loi. Les propriétaires ne seront pas en mesure d’augmenter leur tarifs. Dans les grandes villes, comme Paris, c’est déjà plus envisageable. Toutefois, le faire c’est oublier que la situation est déjà très difficile. Les impayés et les retards de paiement sont nombreux, y compris chez les locataires relativement aisés", rappelle-t-il.
"S’agissant du marché locatif, je ne pense pas que la suppression de la taxe d’habitation profite particulièrement aux propriétaires. La corde va certainement se détendre mais je ne suis pas sûr qu’il soit possible de récupérer quoi que ce soit", poursuit le directeur de l’ISC Paris. Selon lui, utiliser la suppression de la taxe d’habitation comme prétexte pour augmenter son loyer pourrait même être dangereux. "Pour les propriétaires, la tentation est compréhensible. Cependant, le marché parle. Si votre bien est surévalué, vous vous exposez à des impayés très précoces ou tout simplement au départ du locataire au bout de quelques mois, sinon quelques semaines, une fois qu’il aura trouvé moins cher."
Suppression de la taxe d’habitation : la situation allemande est-elle vraiment comparable ?
"La hausse des loyers en Allemagne est indiscutable. Elle a d’ailleurs provoqué une révolte des locataires en avril. Cependant, il est très difficile de dire si elle est uniquement due à la suppression de la taxe d’habitation", analyse Henry Buzy-Cazaux. Selon lui, l’explication est (au moins partiellement) ailleurs. "Le marché allemand est plus tendu que le marché français. Outre-Rhin, les décisions politiques ont favorisé le marché locatif plutôt que l’accès à la propriété. Par ailleurs il y a, en France, une culture de l’équilibre entre locataires et propriétaires."
Autre point de différence potentiel : les aides au logement qui existent en France. Engendrent-elles structurellement une hausse des prix ? Rien n’est moins sûr. "Sur le segment estudiantin c’est indéniable. C’est pour ça que je lutte contre l’ALS étudiant depuis des années déjà. Toutefois, pour toutes les autres, aucun rapport ne met en lumière un effet d’aubaine de ce genre", conclut le président de l’IMSI.