"C’était dirigé contre la famille royale" : comment Lady Diana a utilisé les paparazzis pour s'émanciper©PA Photos/ABACAabacapress
Interview. Au fil de sa vie, Lady Diana est devenue une icône de la mode planétaire grâce à son style vestimentaire étonnant pour l'époque. Une volonté de s'émanciper progressivement de la famille royale britannique que nous raconte la biographe Irène Frain, auteur de "Diana".
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Lady Diana : une jeune femme au style fragile

Lady Diana : une jeune femme au style fragile© abacapress

Le 29 juillet 1981, la jeune et timide Lady Diana, de son vrai nom, Diana Spencer, épousait le prince Charles, futur héritier de la couronne britannique. Avec cette union des plus médiatisées, la jeune femme embrassait également les coutumes, protocoles et autres diktats de la royauté anglaise. Tout le monde se souvient encore de son incroyable robe de mariée dont les images ont fait le tour du monde. 

"Sa robe de mariée était totalement ringarde, c'était très maladroit. On sentait qu’elle n’avait aucune conscience de son corps et c’était une fille mal dans sa peau", nous confie l'écrivaine Irène Frain, auteur de l'ouvrage Diana, paru aux Éditions Assouline. Un style vestimentaire de jeune adolescente, bien loin des looks actuels de la duchesse Kate Middleton ou de Meghan Markle. "Les premiers temps de son mariage, on l’avait vu avec un pull où étaient dessinés des moutons. C’était attendrissant, mais ce n’était pas une affirmation d’elle-même. On sentait qu’elle était perdue", nous rappelle la biographe. 

En somme, Lady Diana reflétait l'image de jeune fille fragile, mal dans sa peau, peinant à s'affirmant seule dans les années 1980. Il faudra attendre 1982, après la naissance de son premier enfant, le prince William, pour que la jeune princesse prenne conscience de ses atouts. "Comme elle avait donné naissance à un enfant, elle était de plus en plus populaire", nous explique Irène Frain et d'ajouter : "Au fur et à mesure qu’elle a senti qu’elle attirait l’oeil, elle a commencé à s’intéresser à son look". 

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Une grande popularité qui s'était fait ressentir lors de son premier séjour officiel en Australie en 1983. Premier signe d'émancipation : Lady Di rompt avec la tradition, emmenant avec elle et son époux, leur jeune fils William.

Lady Diana : son apparence au service de la communication

Lady Diana : son apparence au service de la communication© abacapress

Contrairement à certains membres de la famille royale britannique, Lady Diana a marqué le coeur des Britanniques. Son émancipation s'est faite dans un premier temps à travers son image et son style vestimentaire, comme nous rappelle Irène Frain. "Elle a compris qu’une apparence était un moyen de s’affirmer et de transmettre un message".

Si la princesse Lady Di devait suivre des règles protocolaires, "comme porter un chapeau, porter des couleurs vives ou encore ne pas être indécente, elle pouvait sinon faire ce qu'elle voulait", rappelle l'écrivaine. Au fil de son mariage avec le prince Charles, elle a changé de coupe de cheveux et pris le temps de s'occuper de son corps. "Sa volonté de s’inscrire dans la mode des années 1980 était une façon de dire qu’elle n’appartenait pas à ce monde de la royauté et une manière de dire 'Je fais ce que je veux, vous ne pouvez pas m’atteindre'".

Un style vestimentaire à la manière d'un langage qui lui a permis de se faire entendre, là où, la famille royale britannique n'avait aucune emprise. 

Lady Diana : comment elle a utilisé les photographes contre la famille royale

Lady Diana : comment elle a utilisé les photographes contre la famille royale© abacapress

Lors de ses sorties officielles, Lady Diana a souvent utilisé les photographes à des fins personnelles, nous explique l'écrivaine. "Elle jouait en tant qu’actrice et manipulatrice". On se souvient notamment de sa "revenge dress", portée pour la première fois lors d'un dîner en 1994 à la Serpentine Gallery de Kensington Gardens.

"Elle voulait montrer qu’elle était plus belle que Camilla. C’est un peu la cour de récréation", nous explique Irène Frain. En effet, les fondations de leur mariage ont souvent été déstabilisées par l'ombre de Camilla Parke-Bowles, grand amour du prince Charles. "C’était dirigé contre la famille royale. Elle avait une rancune terrible. C'était une adolescente dans sa tête qui n’arrivait pas à sortir du ressentiment".

L'écrivaine se souvient notamment d'une soirée pour la fondation Anémone-Giscard D’Estaing à Versailles où Lady Diana avait attiré tous les regards. "J’étais invitée, de façon proche, à la chapelle du Château de Versailles. Il faisait très froid, 14 degrés. On nous avait demandé de venir avec des châles pour ne pas prendre froid. Elle est arrivée sans châle dans une robe avec un décolleté dans le dos et bronzée. Elle a enduré trois-quarts d’heures dans un concert religieux sans rien sur les épaules", nous explique Irène Frain et de poursuivre : "C’était juste, car il y avait les photographes. C’était du délire comment elle jouait avec eux. Cela signifiait, 'Je fais ce que je veux de mon corps, je suis une femme libre'".

Un jeu du chat et de la souris avec les photographes qui lui sera fatal. À l'été 1997, souhaitant éviter les photographes, Lady Diana et son amant Dodi Al-Fayed s'engouffrent dans une voiture et filent à toute allure dans le tunnel du pont de l'Alma. La princesse des coeurs décèdera le 31 août à 4h25 du matin.