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Quelle est l’origine du titre phare de la carrière d’Alain SouchonFoule sentimentale sorti en septembre 1993 ? Fabien Lecoeuvre, attaché de presse et spécialiste de la chanson française, confie à Planet la genèse de ce titre à succès. "Il y a une anecdote incroyable qu’il m’avait racontée sur l’écriture de Foule sentimentale. En réalité, l’idée de ce tube lui est apparue en faisant ses courses à Noël. Il faisait ses courses de cadeaux et c’est comme ça que lui est venue l’idée de cette chanson dont il a signé les paroles et la musique", se souvient l’historien de la chanson française.
C’est donc en 1992 en faisant ses emplettes de Noël que l’artiste "a trouvé que les achats étaient frénétiques" dans les magasins.
"C’est e n observant cette frénésie de consommation des gens dans la rue et dans les magasins qu’il a eu l’inspiration de Foule sentimentale". Alain Souchon trouve en effet "que c’est paradoxal à notre époque". "À la fois on fait des émissions pour nourrir des gens dans le monde, des œuvres caritatives comme avec les Restos du cœur, et à la fois les gens consomment à outrance en se faisant des cadeaux pas indispensables", précise l’auteur du dictionnaire officiel des chansons françaises.
Il dénonce ainsi "le paradoxe de cette époque" entre dépenses d'argent et excessives et intérêts humanistes.
"Foule sentimentale" : une ôde anti-capitaliste
Cette chanson à l’air léger entraînant est donc en réalité un pamphlet engagé contre le capitalisme et la consommation à outrance. "Il se désole de voir ce manège où on emballe tout dans des paquets inutiles. Il ressent ça avec une forme de dégoût à ce moment-là", confie à Fabien Lecoeuvre Alain Souchon. Il dénonce aussi "toute cette bouffe ingurgitée jusqu’à l’épuisement le soir de Noël". "C’est de là qu’est partie la chanson Foule sentimentale, de la foule des grands magasins qui, au nom des sentiments et pour faire des cadeaux, nous amenait jusqu’au dégoût et à l’écoeurement", précise-t-il. Une diatribe anti-capitaliste et consommation excessive que l’on retrouve bien dans les paroles du titre à succès d’Alain Souchon.
"Le rose qu'on nous propose . D'avoir les quantités d'choses, qui donnent envie d'autre chose. Aïe, on nous fait croire, que le bonheur c'est d'avoir, de l'avoir plein nos armoires", écrit en effet à l’époque le chanteur. Ce titre de 5 minutes 24 sort de l’ordinaire et est encore à ce jour le plus long de sa carrière, même avec son compère Laurent Voulzy.
Alain Souchon : Victoire de la musique de la chanson de l’année en 1994
Pour Fabien Lecoeuvre, "Foule sentimentale est la photo d’une époque". Il confie que ce titre a tout de même valu à Alain Souchon un procès de Paul-Loup Sulitzer, homme d’affaires et écrivain français cité dans la chanson, et qui "s’était senti ridiculisé, humilié et minimisé dans son œuvre". "On nous Claudia Schieffer. On nous Paul-Loup Sulitzer. Oh le mal qu'on peut nous faire. Et qui ravagea la moukère", écrit Alain Souchon dans Foule sentimentale. Une manière de dire qu’"on vous abêtit avec ses romans de gare".
"Foule sentimentale" : un procès contre Alain Souchon
"Il regrettait d’être comparé à Claudia Schieffer, mais a perdu son procès car la justice a estimé que c’était formidable d’être cité dans une grande chanson populaire et que le public ne percevait pas les choses comme péjoratives mais plutôt flatteuses", explique le spécialiste de la chanson française.
Selon Fabien Lecoeuvre, c’était une simple "citation d’auteur pour la rime et montrer que les années 90 appartenaient à Claudia Schieffer et Paul-Loup Sulitzer". Au final, Foule sentimentale est un titre qui lui permettra d’obtenir la Victoire de la musique en 1994 pour la chanson de l'année et reste à ce jour le titre le plus vendu d’Alain Souchon.