De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Après la dérive sécuritaire, Fukushima s’expose à la dérive humaine. En effet, l’agence de presse Reuters, relayée par Le Parisien, a publié une enquête révélant les nombreux excès entourant le nettoyage du site, avec notamment une surexploitation de sans-abris engagés afin de purger la zone contaminée. L’investigation révèle par ailleurs que nombreux des sous-traitants y officiant sont en réalité autant d’écrans dissimulant les Yakuza, les mafieux nippons.
Selon Jacky Bonnemains, porte-parole de l’association écologiste Robin des toits et connaisseur du Japon, "le pays a une tradition d’employer une main-d’œuvre nomade pour tout ce qui touche à la périphérie de l’industrie nucléaire. Mais c’est la première fois que l’on entend parler d’une telle dérive." Cette dérive, elle consiste en un esclavagisme pur et simple d’une population aussi peu regardante que démunie. "Vous avez faim ?", d’ailleurs, serait la formule d’approche favorite des recruteurs, prêts à tout pour amasser une véritable milice de "liquidateurs". Recrutés sur le tas, ceux-ci sont ensuite rémunérés 4,40 euros de l’heure, soit un peu plus que le minimum légal, avant que la majeure partie de cette somme ne soit ponctionnée par des frais d’alimentation et d’hébergement dans des conditions plus qu’insalubres.
Selon Jacky Bonnemains, ces sans-abris "sont sous-protégés et sous-informés des dangers qu’ils encourent. Et s’ils ont des problèmes sanitaires dans quelques années, on aura beaucoup de mal à établir des responsabilités."
L’Etat japonais impuissant
La mission de ces nettoyeurs consiste à racler les couches superficielles de terre de la zone, ainsi que d’évider les habitations s’y situant, pour la plupart vides des suites du déplacement de plus de 60 000 personnes. Cette entreprise colossale d’un coût de 25,7 milliards d’euros fait la part belle des mafieux de tout bord, profitant de l’impuissance étatique, comme le souligne Jacky Bonnemains, pour se servir une part de ce gâteau juteux. Ainsi, pas moins de 56 sous-traitants, contractés par le ministère de l’Environnement nippon, officient dans les zones où la contamination est la plus importante, tout en faisant fi des normes établies au Japon en matière de travaux publics.