Bruno Rejony avait 52 ans et était cheminot à la SNCF. Le soir du 24 décembre, il s'est suicidé en se jetant du TGV qu'il conduisait, créant une immense pagaille sur le réseau et privant des milliers de...
Le magazine Challenges s'est penché sur les missions des hauts fonctionnaires d'Etat, et le résultat n'est pas reluisant. Des centaines d'entre eux seraient actuellement payés à ne pas faire grand chose... voire rien du tout.
En effet, le magazine souligne que les différentes inspections (des finances, des affaires sociales, de l'éducation nationale, de l'administration...), la Cour des Comptes et les Conseil d'Etat servent surtout à recaser les proches des personnalités politiques.
Des recrues à vie
En effet, grâce au système appelé "tour extérieur", les présidents de la République et les Premiers ministres français peuvent nommer à vie qui ils souhaitent dans ces institutions, sans que ces personnes aient besoin de passer le moindre concours.
Challenges révèle ainsi que, juste avant les dernières présidentielles, des proches de Nicolas Sarkozy et François Fillon avaient pu trouver une place confortable au sein de ces institutions. Le magazine note donc que les rapports qu'elles peuvent parfois sortir sont bien de qualité, mais elles sont surtout devenues des "foyers d'accueil pour hauts fonctionnaires en déshérence".
"L'Etat ne sait pas gérer ses ressources humaines"
Jean-Michel Severino, inspecteur général des finances et ancien directeur de l'Agence française de développement explique à Challenges que "ces placards existent, car l'Etat ne sait pas gérer ses ressources humaines, notamment ses cadres supérieurs en fin de carrière".
Un rapport officiel de la mission d'évaluation du Conseil général de l'environnement et du développement durable reconnait d'ailleurs que ce Conseil, qui emploie 252 fonctionnaires, est devenu "une structure d'accueil pour cadres dirigeants en retrait" dont la "fonction officieuse" est la "gestion de fin de carrière".
"Un niveau d'effectifs souvent jugé excessif"
Les 252 fonctionnaires du Conseil, un "niveau d'effectifs [...] souvent jugé excessif", ne produisent que très peu de rapports : 262 par an, soit, comme le souligne Challenges, à peine plus d'un par agent. Il sert donc surtout à recaser les fonctionnaires ! Ainsi, rien que le corps des ingénieurs des Ponts, géré par le Conseil général de l'environnement et du développement durable, représente 3 900 agents qui peuvent revenir n'importe quand se faire recaser dans l'institution.
Et les autres inspections ne seraient pas mieux gérées. Challenges évoque ainsi l'exemple de Bercy, et ses 308 hauts fonctionnaires du contrôle général économique et financier, ainsi que ses 90 inspecteurs des finances qui ont vu largement diminuer leur mission depuis les différentes privatisations et qui touchent encore pourtant encore jusqu'à 12 000 euros par mois.
1 539 hauts fonctionnaires qui végètent...
Au total, c'est un nombre important de hauts fonctionnaires que le contribuable rémunère toujours pour pas grand chose. Le magazine évalue à 1 100 le nombre de hauts fonctionnaires, ajoutés au 439 contrôleurs de la Cour des Comptes, qui végètent dans ces "placards" au lieu des veiller aux comptes de l'Etat.
Et l'absence de contrôle aidant, les primes versées aux fonctionnaires pour leur mission le sont souvent de façon automatique. D'ailleurs un magistrat de la Cour des Comptes regrette auprès de Challenges que "comme il n'y a pas d'indicateur de productivité, ces bonus sont attribués par les présidents de chambre de façon discrétionnaire"...