Une bavure policière ultra violente filmée dans un commissariat parisienIllustrationIstock
Les images filmées par des caméras du vidéosurveillance sont choquantes. Tard, le 24 juillet dernier, un homme ivre de 42 ans placé en garde à vue a reçu une pluie de coups de la part de policiers de la brigade nuit du commissariat des Ve et VIe arrondissements, son bras étant même cassé par une matraque. Deux d'entre eux sont sous contrôle judiciaire dans l'attente de leur procès.
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Durement touchée ces dernières semaines par la délinquance, particulièrement par les refus d'obtempérer, la police est cette fois mise en cause par ce que l'on ne peut nommer autrement qu'une "bavure". Les faits ont été filmés par les caméras de surveillance du commissariat des Ve et VIe arrondissements de Paris et la vidéo diffusée par Libération. Attention, les images sont très choquantes.

Les policiers n'ont pas sur garder leur sang-froid face aux provocations de l'homme ivre de 42 ans qu'ils venaient de placer en garde-à-vue, d'origine péruvienne. Elles avaient commencé bien avant : il avait été interpellé par les gendarmes chargés de la sécurité des JO qui lui avaient lors d'un contrôle demandé d'écarter les jambes.

Ce à quoi il aurait répondu : "c'est ta mère qui écarte les jambes et que je baise, fils de pute".  Direction le commissariat où un test d'alcoolémie révèle un taux de 1,08 mg par litre d'air expiré, nous apprend le quotidien.

Le bras cassé par une matraque télescopique

La suite va dégénérer. L'homme assis sur un banc, qui s'apprête à être fouillé, subit une clé de bras et un premier coup au visage avant même d'avoir commencé à se déshabiller. Il est ensuite amené dans une salle où la violence d'un policier en particulier va se déchaîner. Ce qu'a confirmé le parquet de Paris à France Info.

Il évoque des "gifles" et des "coups de matraque télescopique entraînant une fracture de l’avant-bras compatible avec une lésion de défense." Fracture nettement visible sur la vidéo quand l'homme tente à nouveau de parer les coups.

D'autres coups avant d'aller à l'hôpital

Plus tard, au moment d'être mis en cellule pour la nuit, un fonctionnaire frappe l'homme au visage avec les clés de cette dernière, lui ouvrant l'arcade sourcilière, provoquant un saignement. C'est à cause de cette blessure qu'il sera amené à l'hôpital pour être examiné.

En attendant son transfert sur un banc, confirme là aussi le parquet, un deuxième policier "lui porte une douzaine de gifles et coups de poing dans le champ de la caméra et sous les yeux de ses collègues" qui n'interviendront pas.

Toutefois, l'un des deux policiers incriminés décide de porter plainte contre le gardé à vue pour "violences", oubliant de mentionner sa matraque.

L'un des deux policiers accusés a menti avant d'avouer

Deux fonctionnaires qui n'ont pas participé à ce passage à tabac ont confirmé dans un premier temps cette version rapporte Libération. Avant de se rétracter. L'un deux déclare : "il est venu me parler de ce qu’il avait dit dans sa plainte et on s’est mis d’accord pour que mes déclarations soient cohérentes avec les siennes."

Interrogé par l'IGPN, le policier qui avait déposé plainte s'est expliqué : "j’ai omis certains détails sans vouloir les cacher". Il a affirmé "regretter" les violences face aux images de vidéosurveillance. "Je n’ai jamais pété les plombs comme cela."

Le problème, relate France Info d'apès les informations du parquet, est qu'il avait déjà été mis en cause pour d'autres faits. En 2022, il lui était  " reproché d’avoir fait usage de gaz lacrymogène de façon inappropriée, à cinq reprises, dans le visage d’une personne qu’on lui avait demandé de raccompagner après avoir refusé de prendre sa plainte".

Il est poursuivi aujourd'hui pour "violences aggravées par deux circonstances ayant entraîné une incapacité de travail de plus de huit jours", "violences par personne dépositaire de l’autorité publique n’ayant pas entraîné d’incapacité de travail", et "dénonciation calomnieuse".

Son collègue, qui a porté la deuxième série de coups l'est pour "violences volontaires sur personne vulnérable par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné une ITT supérieure à huit jours". La victime a, en effet, eu une ITT de 30 jours suite à son passage à l'hôpital. Début du procès le 29 octobre.