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Une femme sans cœur, qui sévit dans trois pays différents, durant 15 ans ? Ce n’est pas le scénario d’un nouveau thriller, mais une des affaires les plus médiatiques de la fin du XXe siècle. Nous sommes en 2007 lorsque le fantôme d’Heilbronn fait parler de lui une nouvelle fois. Cette ville du sud de l’Allemagne est le théâtre d’un crime sanglant avec la mort d’une jeune policière, tuée d’une balle en pleine tête. Pour les enquêteurs, il s’agit d’un crime commis de sang-froid et complètement gratuit.
Heureusement pour eux, un ADN est relevé dans la voiture des policiers et ce n’est pas la première fois qu’il fait parler de lui. En plus de l’Allemagne, sa présence a aussi été détectée en Autriche et en France. A chaque fois, il s’agit d’une mystérieuse femme impliquée dans des affaires de natures bien différentes…
Fantôme d'Heilbronn : des meurtres dans trois pays différents
Si c’est la ville d’Heilbronn qui donne son nom à l’affaire, celle-ci a en réalité commencé en 1993, toujours en Allemagne, après le meurtre d’une femme de 62 ans, étranglée à son domicile. Des traces d’ADN, relevées notamment sur la tasse à café, permettent de dire qu’il s’agit d’une femme. Pendant six ans, entre 1994 et 2000, la tueuse ne fait plus parler d’elle et les enquêteurs pensent qu’elle est morte ou incarcérée, voire même qu’elle a connu des maternités successives.
Le tournant du XXIe siècle s’accompagne d’une nouvelle affaire, après la découverte d’un nouveau cadavre, celui d’un homme de 61 ans en mars 2001. Quelques mois plus tard, un enfant se blesse avec une seringue d’héroïne laissée à l’abandon dans une forêt allemande. L’ADN correspond une nouvelle fois à celui de cette inconnue, qui serait donc une toxicomane. Est-elle à l’origine de divers crimes crapuleux pour payer ses doses ? Etrangement, trois ans après cette dernière apparition, la mystérieuse tueuse en série frappe une nouvelle fois… En France. Elle est soupçonnée d’avoir participé à l’agression d’un commerçant et de sa femme, séquestrés et dépouillés de plusieurs milliers d’euros.
Cette femme insaisissable fait encore parler d’elle à de nombreuses reprises en 2007, en Allemagne et en Autriche pour des cambriolages et des vols en tout genre, à la fois dans des bureaux et des supermarchés. Après le meurtre de la jeune policière la même année, la tueuse est soupçonnée d’avoir tué trois Géorgiens, dont les corps sont repêchés dans une rivière allemande. On l’appelle désormais la « femme sans visage » et elle commence à inquiéter de plus en plus en Europe…
Si les éléments semblent nombreux pour prouver tous ces crimes, les enquêteurs – qui sont plus de 100 à travailler sur l’affaire – ont bien du mal à les relier entre eux. Comment passe-t-elle de l’Allemagne à l’Autriche puis à la France ? Comment a-t-elle croisé la route de toutes ces personnes ? Frappe-t-elle au hasard ? La réponse n’est apportée que deux ans plus tard et c’est un coup de théâtre dans toute l’Europe…
Fantôme d'Heilbronn : le portrait-robot de la dernière chance
La « femme sans visage » est désormais surnommée le fantôme d’Heilbronn, car les enquêteurs ne parviennent toujours pas à lui mettre la main dessus. Il faut dire que son palmarès est impressionnant puisqu’elle est impliquée dans 32 scènes de crimes, dont 6 meurtres. Après 16 ans de traque, les policiers allemands sont loin d’avoir la réponse à toutes leurs questions.
Surtout, les différents témoignages recueillis se contredisent, car certaines personnes n’ont absolument rien vu, quand d’autres affirment qu’il s’agissait d’un homme. Les enquêteurs se demandent s’il ne s’agit pas d’un transsexuel et la rebaptisent « personne féminine inconnue ». Le meurtre de la jeune policière est l’affaire de trop pour les forces de l’ordre, qui diffusent alors le portrait-robot de la recherchée partout dans le pays. Cheveux court, barbichette, traits aussi féminins que masculins… Leurs efforts restent vains, jusqu’à l’année 2009.
Fantôme d'Heilbronn : le jour où l'ADN a enfin parlé
Il faut parfois de nombreuses années à la police et à la justice pour résoudre une affaire, encore plus lorsque ses ramifications sont aussi nombreuses, comme c’est le cas dans ce dossier. En mars 2009, les médias allemands sont les premiers à dévoiler l’identité du fantôme d’Heilbronn qui est depuis 16 ans… Un coton-tige. Aussi fou que cela puisse paraître, cette tueuse récidiviste, qui a sévi dans trois pays différents, n’a jamais existé. L’ADN retrouvé sur les différentes scènes de crime correspondait en réalité à celui d’une ouvrière de l’usine où ont été fabriqués les cotons-tiges utilisés par la police.
Forcé de reconnaître la supercherie, le parquet d’Heilbronn explique que ces écouvillons ont été vendus dans toute l’Europe et que de nombreux services de police les ont utilisés, par souci d’économie, même s’ils étaient périmés depuis longtemps. La « femme sans visage » en avait bien un et n’a jamais été un fantôme. Par contre, elle n’a jamais souhaité dévoiler son identité.