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A Cleveland, dans l’Ohio, entre aout 2002 et avril 2004, trois jeunes femmes sont kidnappées, dans le même quartier.
Le 22 août 2002, Michelle Knight, une jeune mère de famille de 21 ans, disparait après avoir été aperçue en compagnie d’un homme plus âgé. Au départ, ses proches qu’elle a voulu « prendre l’air » : elle venait juste de perdre la garde de son fils. Mais les jours passent, et Michelle ne donne toujours aucun signe de vie. Sa famille s’inquiète de plus en plus.
Un peu moins d’un an plus tard, le 21 avril 2003, Amanda Berry, 17 ans, disparait à son tour dans le même quartier, en rentrant de son travail. La jeune-fille est serveuse dans un fast-food. Ses proches se démènent pour la retrouver. Mais rien n’y fait. Deux ans plus tard, la mère d’Amanda meurt de chagrin.
Le 2 avril 2004, Georgina Lynn DeJesus, 14 ans, s’évapore alors qu’elle rentre de l’école à pied. Elle serait montée dans la voiture d’un homme, selon des témoins. Un portrait-robot est alors diffusé. Mais l’enquête n’avance pas.
Pendant des années, les familles des trois jeunes femmes vont vivre dans l’angoisse, dans l’attente, et dans le désarroi, enchaînant les émissions TV pour passer des appels déchirants.
Les enquêteurs, eux, sont persuadés qu’elles ont été enlevées par un seul et même homme, officiant dans le même quartier, et choisissant ses victimes de plus en plus jeunes… Ils envisagent le pire.
Mais les années passent, et aucun suspect n’est jamais identifié.
Dix ans de sévices
Le 6 mai 2013, dans le quartier résidentiel de Tremont, à 5 kilomètres de là, Charles Ramsey est chez lui lorsqu’il entend soudain des cris en provenance de la rue. Lorsqu’il sort dehors pour comprendre ce qu’il se passe, une jeune femme, visiblement éprouvée, accourt vers lui. Elle lui raconte qu’elle s’appelle Amanda Berry, qu’elle a disparu dans la région il y a 10 ans et qu’elle est séquestrée depuis, avec deux autres femmes, dans la maison du voisin, Ariel Castro. Elle vient de profiter d’une porte qu’il aurait laissée déverrouillée pour s’enfuir.
Charles Ramsey est sous le choc. Avec un autre voisin, lui aussi alerté par le raffut, ils se rendent au domicile d’Ariel Castro, qui s’est absenté. Ils y découvrent deux autres jeunes femmes, et une petite fille. Il s’agit de Michelle Knight et de Gina DeJesus. Les disparues de Cleveland sont en vie. Elles viennent de se libérer de 10 longues années de sévices.
Le monstre
Très vite, la police est appelée en renfort. Les trois survivantes et la petite fille, âgée de 6 ans, sont prises en charge.
Ariel Castro, un ancien chauffeur de bus de 52 ans, est interpellé sur le champ. Son casier judiciaire est bien rempli : arrêté pour des violences conjugales à l’encontre de son ex-femme, il a aussi été licencié après avoir eu des comportements dangereux au volant de son autocar, alors qu’il transportait des enfants.
Issu d’une famille portoricaine, il rencontre Grimilda Figueroa dans les années 80. Ils se marient, et elle lui donne quatre enfants. Mais très vite, la violence s’installe dans le foyer. Ariel Castro bat sa femme, avec une extrême violence. A plusieurs reprises, Grimilda a les côtes et le nez brisé, les épaules luxées, et elle est menacée de mort. Elle finit par quitter le domicile familial en 1996, ses quatre enfants sous le bras. En 2008, l’une des filles d’Ariel Castro et de Grimilda, Emily, 19 ans, est condamnée à 25 ans de réclusion pour tentative de meurtre sur son bébé de onze mois.
La nouvelle de la découverte des trois jeunes femmes fait les gros titres de la presse nationale. Les chaînes de TV envahissent la rue. Charles Ramsey, le voisin qui a découvert Amanda, devient « un héros » et une coqueluche du web.
La « maison de l’horreur »
Quelques jours plus tard, Amanda, Gina et Michelle sont prêtes à raconter leur calvaire aux enquêteurs.
Michelle, la première jeune femme enlevée, en 2002, raconte avoir accepté ce jour-là de suivre Ariel Castro dans sa voiture, car il lui avait promis de la déposer chez l’assistante sociale, dans le but de récupérer son fils, dont elle venait de perdre la garde. Sauf qu’il n’en est rien. Ariel l’emmène de force chez lui, où elle est ligotée, battue, et enfermée à double tour : d'abord, dans la cave, puis à l'étage.
Le même scénario terrible se reproduit avec Amanda Berry et Gina DeJesus, quelques mois plus tard.
Dans la maison d’Ariel Castro, les trois jeunes femmes vivent un enfer au quotidien. Elles sont battues, enchaînées, et violées quotidiennement par leur ravisseur. Elles ne sont jamais dans la même pièce. Ariel Castro ne veut pas qu’elles fraternisent.
Ces viols provoquent de nombreuses grossesses chez les trois jeunes femmes. Mais une seule arrivera à terme : selon les victimes, Ariel Castro faisait tout pour leur provoquer des fausses couches. Coups violents, privations de nourriture… Michelle Knight confie qu’elle aurait fait au moins 5 fausses couches en l’espace de 12 ans. En 2006, Amanda accouchera, sans aucune assistance médicale, d’une petite fille, Jocelyn.
Cette fillette, qui grandit en captivité, est traitée différemment par Ariel Castro. Il l’emmène parfois au parc, ou au McDonald’s, et se rend même dans sa famille avec la petite Jocelyn.
Parce qu’il est souvent en déplacement, les captives passaient parfois plusieurs jours sans manger. Elles n’avaient le droit qu’à une seule douche par an, et devaient faire leurs besoins dans des seaux, sans quitter leur chambre.
Leur bourreau leur impose aussi une tradition bien sordide : chaque année, il leur offre un gâteau, à la date de leur enlèvement.
La vie d'après
En mai 2013, lorsqu’elles retrouvent la liberté, Amanda Berry, 27 ans, Michelle Knight, 32 ans et Gina DeJesus, 23 ans, ont du mal à y croire. Une lente et difficile reconstruction commencent pour elles.
Michelle a tellement été battue qu’elle souffre de problèmes musculaires et articulaires, de troubles de la vue et de l’audition.
Le 7 août 2013, la « maison de l’horreur » est rasée par les autorités, en présence de nombreux habitants et d’un comité de soutien aux disparues.
Ariel Castro, inculpé et incarcéré, est condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une peine de sureté de 1000 ans. Il évite de justesse à la peine de mort, en plaidant coupable des 973 chefs d’accusation.
Le 10 octobre 2013, il est retrouvé mort, pendu dans sa cellule, probablement à la suite d’une asphyxie érotique.
L’incroyable libération des disparues de Cleveland a permis la résolution d’une autre affaire, non élucidée depuis les années 90. En fouillant dans les cas de disparitions suspectes dans la région, les enquêteurs ont déterré plusieurs dossiers, et sont parvenus à remonter jusqu’à Elias Acevedo, un homme inscrit au fichier des délinquants sexuels qui habitait… à quelques centaines de mètres de la « maison de l’horreur ».
Arrêté dans les mois qui suivent, il est condamné à 445 années de prison pour les viols et les meurtres de deux jeunes femmes en 1994 et en 1995. Il est aussi accusé d’avoir violé sa belle-sœur et d’avoir abusé de ses trois filles pendant des années.