La prime de Noël est versée à plus de deux millions de ménages éligibles sous conditions chaque année. Découvrez le montant auquel elle s’élève cette année.
Chaque jour, le portefeuille se fait plus léger. C’est que, en France, le coût de la vie grimpe sans jamais s’arrêter ! Récemment encore, les ménages se chauffant ou cuisinant au gaz en faisaient l’expérience. Depuis le 1er octobre, ils accusent une hausse de 12,6 % des tarifs. Le prix de l’énergie a bondi si haut au cours de l’année que le gouvernement a dû réagir. Jean Castex, le Premier ministre, a donc annoncé un gel temporaire des cours. C’est d’ailleurs loin d’être la seule ressource à peser toujours plus dans le budget des Françaises et des Français…
Par conséquent, il n’est guère étonnant de voir les organisations syndicales réclamer des "réponses urgentes" sur ces questions notamment. Nombre d’entre elles, informe Le Parisien sur son site, appelaient ce mardi 5 octobre 2021 à la grève et à la manifestation. Selon eux, il est urgent de "revaloriser les grilles de classifications des branches professionnelles, d’augmenter le Smic, le point d’indice de la fonction publique, les pensions, les minima sociaux et les bourses d’étude". En bref, il faut venir en aide à toutes les travailleuses et tous les travailleurs, ainsi qu’aux étudiants et autres futurs actifs. Une mauvaise idée, aux yeux de l’économiste Philippe Crevel.
Peut-on vraiment augmenter les salaires et les retraites maintenant ?
Face à "l’urgence salariale" dénoncée par les syndicats, la revalorisation n’est pas la solution, soutient le directeur du Cercle de l’Epargne. Après tout, c’est une réponse compromise par l’inflation. Sur une année, affirmait récemment l’Insee, elle est montée de 2,1%. Une hausse importante, qu’il est assez simple d’expliquer. "Depuis plusieurs mois, nous constatons une reprise de l’inflation. C’est un phénomène de rattrapage, qui fait suite à la très faible inflation de 2020, provoquée par un arrêt presque total de la consommation pendant les périodes de confinement et de crise sanitaire. Pour l’heure, il est difficile de savoir combien de temps cela pourrait durer et il apparaît donc dangereux de jouer la surenchère en gonflant artificiellement le montant des revenus", observe en effet le spécialiste.
Inflation : que se passerait-il si les salaires et les pensions augmentaient brusquement ?
"Deux choix s’offrent à nous. Il est possible de se donner un peu de temps, pour permettre à l’économie de redémarrer et de retrouver une certaine stabilité. Dans ce cas, il ne faudrait pas envisager des augmentations de revenus pour les Français avant la mi-2022. Alternativement, il est aussi possible de surréagir et de décider de hausses immédiates des salaires ou des pensions de retraite. Le risque, bien sûr, c’est d’engendrer une spirale inflationniste", explique encore l’économiste.
"Je pense, pour ma part, qu’il vaut mieux attendre. Autrement, nous prendrions le risque de tuer la croissance dans l'œuf, alors même qu’elle est manifestement de retour. Concrètement, cela signifierait qu’on s’expose à de possibles pertes de compétitivité, qui engendreraient à leur tour des difficultés pour les entreprises à vendre leurs biens et services. Cela ne peut que provoquer plus de chômage et donc une chute de la croissance. Le cercle vicieux commence ainsi", estime Philippe Crevel. Mais que répondre, dans ce cas, à celles et ceux qui peinent à boucler la fin de mois ?
Hausse des salaires : pourquoi n’est-ce jamais le moment ?
"Il y a évidemment un problème de rémunération du travail dans certains secteurs d’activité, en France", reconnaît néanmoins Philippe Crevel, pour qui il faut bien distinguer ce souci de l’inflation qui grimpe dans le pays. "Certains emplois sont sous-payés. C’est en partie lié à la tradition française et aussi au système très cher en faveur duquel nous avons tranché. Il ne faut pas perdre de vue que c’est un arbitrage politique, défavorable au salaire direct", insiste-t-il, non sans rappeler que les professeurs ou le personnel soignant n’étaient pas bien payés avant le retour de l’inflation.
Et lui de conclure, sans appel : "La bonne augmentation des salaires est toujours le fruit de gains de productivité. C’est ce qui s’est passé durant les trentes glorieuses : la croissance a payé les hausses de rémunération. En revanche, quand on décide de financer ces bonus par de la monnaie de singe comme on a pu le faire dans les années 70 ou 80, on engendre mécaniquement de l’inflation et donc du chômage. Ce n’est pas une solution."