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Les retraités français gagnent-ils trop au regard de ce que gagnent les actifs ?
La réforme des retraites de 1993 a modifié de nombreux paramètres notamment la durée de cotisation nécessaire pour bénéficier d'une retraite à taux plein en l'augmentant de 37 ans et demi à 40 ans (durée qui a encore été accrue par la suite), le nombre d'années menant au salaire de référence comptant pour le calcul de la retraite qui est passé progressivement des 10 meilleures années aux 25 meilleures, le mode d'indexation des salaires portés au compte et des pensions une fois liquidées.
Ces deux dernières mesures ont eu un impact majeur sur le niveau de vie relatif des retraités. Le calcul du salaire de référence a pâti de la désindexation en ce sens que les "anciens salaires" dits salaires portés au compte n'étant revalorisés qu'à l'inflation, ils viennent décrocher par rapport aux salaires des actifs, ceux-ci croissants en moyenne comme la productivité du travail.
De la même manière, une fois les pensions liquidées, toute sous indexation par rapport au salaire moyen de l'économie va dégrader le niveau de vie relatif des retraités vis-à-vis des actifs.
Ce mouvement de baisse relative du pouvoir d'achat des retraités vis-à-vis des actifs a été observée depuis maintenant 3 décennies ; en effet, même pendant les crises économiques de la fin des années 2000, entre 2006 et 2008, alors que la productivité du travail baissait, le salaire moyen n'a pas baissé (selon l'OCDE la rémunération horaire moyenne a cru de 0,8% en 2007) de telle sorte que le décrochage relatif des pensions par rapport aux salaires des actifs a été effectif.
A compter du 1er janvier 2020, la revalorisation des pensions est dégressive avec le niveau des pensions : elle se fait sur l'inflation estimée à 1% pour les retraites brutes inférieures à 2000 euros et à 0,3% pour les pensions brutes supérieures à 2014 euros. Avec une augmentation continue de la productivité du travail et des salaires, on mesure bien que le décrochage aurait continué.
Les retraités à venir seront plus riches que les retraités d'hier
La pandémie à la Covid-19 a deux impacts majeurs sur ce mouvement et les conséquences de celui-ci.
L'impact de la crise sur 2020 puis peut-être sur 2021 ainsi que l'inertie qui en découlera sans doute sur plusieurs années vont inverser le mouvement au sens que l'indexation sur les prix sera bien plus "généreuse" qu'une indexation sur les salaires ; il en découlera une revalorisation mécanique du niveau de vie des retraités par rapport à celui des actifs.
En outre, il s'agit d'un frein sur le mécanisme inhérent à la désindexation programmée initialement puisque les ressources du régime de retraite vont baisser s'agissant d'un prélèvement sur les revenus d'activité alors que les dépenses de pension vont continuer à augmenter ("l'économie" générée par la disparition prématurée de personnes en moyenne âgées de 81 ans à cause de la pandémie étant faible par rapport au déficit de ressources induit, d'une part, d'autre part, l'arrivée des baby boomers à l'âge de la retraite continuera à peser sur les régimes). Le déficit des régimes de retraite va se creuser encore de sorte que le débat sur la réforme des retraites ne risque pas de s'épuiser.
Avec "l'effet noria" qui fait augmenter naturellement la pension moyenne à chaque fois qu'une cohorte de retraités s'éteint et est remplacée par une cohorte de jeunes retraités qui a bénéficié de meilleurs salaires et donc a une retraite plus élevée que ses aînés et la "bulle" de niveau de vie que l'on va observer suite à la pandémie, les retraités auront encore durant quelques années un niveau de vie supérieur à celui des actifs (il était selon le COR – conseil d'orientation des retraites – de 2,9 points supérieur à celui des actifs en 2018).
Cet état de fait qui devrait perdurer jusqu'au milieu des années 2020 s'estompera par la suite pour faire revenir le niveau de vie des retraités en deçà de celui des actifs (à hauteur de 90% de celui des actifs en 2040 selon le COR). Il n'empêche que cette situation temporairement très favorable aux retraités dans un contexte de déficits publics élevés sera probablement de nature à engendrer une réflexion sur les efforts à faire consentir aux retraités.