Le projet de loi de finances pour 2025 du gouvernement demande un effort de cinq milliards d'euros aux collectivités locales les plus aisées. Et cela ne sera pas sans conséquences sur votre quotidien.
- 1 - Aurore : En quelques mots, qu’est-ce que l’apprentissage ?
- 2 - A : Pourquoi accueillir un apprenti en entreprise ?
- 3 - A : Est-ce qu’il existe des aides pour recruter un apprenti ?
- 4 - A : D’ailleurs, quelle est la différence entre le contrat d’apprentissage et le contrat de professionnalisation ?
- 5 - A : Disons qu’un ou une chef d’entreprise envisage de recruter en apprentissage, quelles sont les étapes pour faciliter l’intégration d’un nouvel apprenti ?
- 6 - A : Quelles sont les principales spécificités du contrat d’apprentissage ?
Recrutement, conditions d’entrée en apprentissage, conclusion du contrat, rémunération ... le contrat d’apprentissage diffère du contrat de travail classique ! Comment accueillir un apprenti dans votre entreprise ?
Stéphane ALLIGNE, entrepreneur et Président-directeur général de DOTNET, l'éditeur de logiciels SaaS BtoB aux 100 000 utilisateurs professionnels, apporte un éclairage sur le sujet.
Aurore : En quelques mots, qu’est-ce que l’apprentissage ?
Stéphane ALLIGNE : Pour faire simple, l'apprentissage est une formation en alternance permettant d’acquérir des connaissances et de les mettre en œuvre en entreprise. L’apprenti alterne un temps de formation dans un CFA (centre de formation des apprentis) avec un temps de pratique en entreprise.
Lorsqu’il est en formation, l’apprenti suit les enseignements qui lui sont nécessaires pour préparer le diplôme prévu.
En entreprise, ses activités doivent lui permettre de compléter l’enseignement théorique par l’acquisition de compétences pratiques. L’entreprise est chargée de transmettre à son apprenti des connaissances et des savoir-faire en rapport avec le diplôme préparé.
La personne chargée d’accompagner le jeune est le maître d’apprentissage. Il est obligatoirement désigné au sein de l’entreprise, car c’est lui qui est en relation avec le CFA durant toute la durée du contrat d’apprentissage.
A : Pourquoi accueillir un apprenti en entreprise ?
SA : Recruter un apprenti c’est avant tout pouvoir former un jeune professionnel à vos méthodes de travail, lui transmettre votre savoir-faire ainsi que la culture de votre entreprise. Immergé dans votre entreprise, il peut ainsi s’adapter à votre organisation et s’intégrer facilement.
C’est un très bon moyen de recruter vos salariés de demain. De nombreux contrats d’apprentissage débouchent d’ailleurs sur une embauche en CDI après obtention du diplôme. Vous connaissez votre salarié, et lui connaît bien l’entreprise.
Il y a aussi quelque chose de l’ordre de la transmission. On éprouve une certaine fierté à former un jeune, à transmettre un savoir-faire, à lui faire acquérir les compétences nécessaires, à le voir évoluer et s’autonomiser.
En retour, l’apprenti vous apporte aussi les connaissances qu’il acquiert en CFA, qui peuvent être différentes de ce qui est habituellement appliqué dans votre entreprise. Ces jeunes peuvent vous apporter une autre vision, des suggestions d’outils, de nouvelles méthodes, etc.
A : Est-ce qu’il existe des aides pour recruter un apprenti ?
SA : Tout à fait !
L’État encourage le recrutement d’apprenti via des aides substantielles.
Actuellement, et pour les contrats d’apprentissage conclus jusqu’au 31 décembre 2023, les employeurs peuvent bénéficier d’une aide à l’embauche d’un montant de 6000€. Pour les PME de moins de 250 salariés, cette aide est versée sans condition. En revanche, les entreprises plus grandes doivent prendre des engagements de recrutement (par exemple 3 % d’apprentis et de contrat de pro) pour en bénéficier.
De plus, les employeurs bénéficient d’exonération de cotisations sociales sur les contrats d’apprentissage. Attention, ces exonérations sont limitées à 79% du SMIC. Ainsi, la part de rémunération au-delà de 1380€ (en 2023) est soumise à cotisations.
Sachez aussi que les apprentis sont exonérés d’impôts sur le revenu dans la limite du montant annuel du SMIC.
Pour bénéficier des aides, il convient de conclure un contrat d’apprentissage, puis de déclarer celui-ci lors de la première DSN (Déclaration Sociale Nominative) après le 1er bulletin de salaire établi par l’employeur. C’est assez simple et complètement automatisé par l’Agence de Services et de Paiement (ASP Public).
A : D’ailleurs, quelle est la différence entre le contrat d’apprentissage et le contrat de professionnalisation ?
SA : Les deux dispositifs sont des contrats en alternance, mais leur objectif est un peu différent.
En effet, le contrat de pro vise principalement l’insertion professionnelle ou le retour à l’emploi des bénéficiaires, qui doivent répondre à des conditions spécifiques. Le contrat d’apprentissage est conclu dans le cadre de la formation du jeune.
De ce fait il existe des différences sur la durée du contrat, la nature du contrat, l'âge ainsi que la rémunération du bénéficiaire. Par exemple, le contrat de professionnalisation peut être conclu en CDD ou en CDI, alors que le contrat d’apprentissage est un contrat spécifique.
A : Disons qu’un ou une chef d’entreprise envisage de recruter en apprentissage, quelles sont les étapes pour faciliter l’intégration d’un nouvel apprenti ?
SA : La première étape consiste à définir votre besoin avec soin ! Vous devez identifier précisément les contours du poste afin de savoir ce que vous attendrez de votre apprenti. L’idéal, avant de vous lancer dans le recrutement, est de déterminer l’intitulé exact du poste, déterminer la position de l’apprenti dans l’organigramme de l’entreprise (département, équipe, manager, établissement, etc.), ses principales missions, le lieu où il va travailler ou encore sa rémunération.
Faire ce travail en amont facilitera l’intégration de l’apprenti dans l’entreprise et l’aidera à se devenir plus vite opérationnel.
Une fois que vous avez bien défini votre besoin, vous devez choisir soigneusement la formation et l’organisme formateur (CFA). C’est un point essentiel de tout recrutement d’apprenti. Déjà, la formation suivie par l’apprenti doit correspondre au mieux au poste que vous désirez proposer.
Ensuite, le contact avec le CFA est important. En effet, si le premier recrutement est réussi, un véritable partenariat peut se nouer avec l’organisme. C’est un levier de recrutement qui peut s’avérer très efficace. Un vrai plus, surtout sur des métiers en tension !
Enfin, on prépare l’accueil de l’apprenti dans les locaux. L’étape de l’onboarding (ou intégration) fait partie intégrante du processus de recrutement qui ne s’arrête pas à la signature du contrat ! Vous pouvez prévoir un kit d’accueil avec toutes les informations utiles (présentation de l’entreprise, organigramme, avantages sociaux, etc.), un séminaire d’arrivée sur une journée, une visite des locaux avec présentation aux différentes équipes. Tout ce qui peut permettre à l’apprenti, parfois très jeune, de se sentir intégré le plus rapidement possible !
Le maître d’apprentissage retenu devra être présent pour accompagner l’apprenti dès son arrivée.
De plus, avant l’arrivée de l’apprenti dans vos locaux, assurez-vous d’être au fait des spécificités paie des contrats d’apprentissage.
A : Quelles sont les principales spécificités du contrat d’apprentissage ?
SA : À la différence d’un contrat de travail classique signé entre le nouvel embauché et l’employeur, le contrat d’apprentissage est un contrat tripartite. Il doit être conclu entre l’apprenti, l’employeur et le Centre de Formation des Apprentis (CFA). Le contrat d’apprentissage est un modèle spécifique, vous n’avez pas à le rédiger vous-même. Il s’agit d’un formulaire Cerfa (formulaire N°10103*10).
Ensuite, le calcul de la rémunération de l’apprenti est spécifique. Elle dépend cumulativement de la catégorie d’âge à laquelle l’apprenti appartient, de l’année d’exécution du contrat et du SMIC horaire de l’année en cours. Les tranches de salaires d’un apprenti sont réparties en catégories selon l’âge du salarié. Par exemple, si vous recrutez un jeune de 19 ans en 2e année d’apprentissage, son salaire doit correspondre à 51 % du SMIC mensuel en vigueur. En revanche, si ce même jeune de 19 ans est en 3e année de contrat d’apprentissage, sa rémunération doit correspondre à 67% du montant du SMIC en vigueur.
Enfin, sachez qu’il y a une limite d’âge pour conclure un contrat d’apprentissage : 29 ans révolus. Au-delà, impossible de conclure un contrat d’apprentissage sauf dans quelques situations prévues par la loi : apprentis reconnus travailleurs handicapés, apprentis percevant un dispositif d’aide comme l’Acre afin de reprendre ou de créer une entreprise, etc.
Pour plus d’informations sur les spécificités paie d’un contrat d’apprentissage, une rubrique apprentissage est disponible dans l’aide en ligne du site Fiche-paie.net.
Le succès de l’apprentissage, aidé par les mesures gouvernementales, ne se dément pas. En 2022, ce sont 837 000 nouveaux contrats d'apprentissage qui ont été signés au cours de l'année.