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Emmanuel Macron était ce lundi soir à la Conférence des Evêques de France au collège des Bernardins à Paris. A cette occasion, le président de la République a donné un discours qui a fait bondir nombre de commentateurs et de personnalités politiques de gauche, accusant notamment le chef de l’Etat d’avoir franchi la ligne rouge de la loi de 1905.
Parmi les propos qui ont fait réagir, Emmanuel Macron a notamment expliqué qu’il fallait "réparer", le lien qui s’est "abîmé" entre l’Eglise et l’Etat, et c’est bien le cas selon Valentine Zuber, directrice d’études à l’Ecole pratique des hautes études, auteure de La laïcité en débat. Au-delà des idées reçues, (Le Cavalier bleu, 2017). "Emmanuel Macron a voulu avoir une démarche rassurante vis-à-vis de tous les catholiques de France. L’enjeu pour cette communauté, c’est la sécularisation de la société avec des choix qui échappent de plus en plus à la doctrine de l’Eglise. Par ce discours Emmanuel Macron dit qu’il les entend, qu’il écoute les propositions principales des catholiques sur les sujets sociétaux, sans par ailleurs dire qu’il les partage non plus", détaille-t-elle pour Planet. Pour Valentine Zuber, c’est en ce sens qu’Emmanuel Macron ne franchit pas "la frontière ténue de la ligne de 1905. Le président dit qu’ils peuvent participer au débat. Il acte simplement les différences de conviction qui doivent participer à un débat démocratique."
Tous les catholiques
Des questions sociétales qui peuvent crisper les catholiques, il en est notamment question avec les Etats généraux de la bioéthique qui se terminent dans quelques semaines, et où les débats sur la procréation médicalement assistée et la fin de vie, ont été particulièrement prégnant. Plusieurs associations LGBT+ sont d’ailleurs montées au créneau après le discours d’Emmanuel Macron et notamment après un tweet dans lequel, le président écrivait : "chaque jour l’Eglise accompagne les familles monoparentales, homosexuelles ou ayant recours à l’avortement en essayant de concilier ses principes et le réel".
Si Valentine Zuber reconnaît une certaine maladresse dans le message posté sur le compte Twitter présidentiel, elle estime que dans son discours Emmanuel Macron a insisté sur la diversité de la communauté catholique "qui doit parfois confronter ses idéaux à la réalité". "Il ne veut surtout pas s’adresser à une frange, mais plutôt à tous ceux et celles qui se reconnaissent dans le catholicisme. Je crois qu’il s’adresse d’ailleurs plutôt au spirituel et moins à l’Eglise en elle-même, ainsi qu’à tous les catholiques quel que soit leur degré d’implication. C’est aussi en se montrant à l’écoute de tous qu’Emmanuel Macron évite de s’adresser à la frange que pourrait représenter La Manif pour tous par exemple", note Valentine Zuber.
Dans son discours introductif, lors de la conférence, Mgr George Pontier avait également lancé un appel au président de la République sur la question des migrants, un thème sur lequel la politique du gouvernement est jugée comme dure. A cet appel, le chef de l’Etat a répondu en évoquant "une prudence" face aux "flux massif".
Retour aux bases
Ecouter et temporiser, mais convaincre aussi. Dans son discours, estime l’historienne, Emmanuel Macron rappelle "sa vision du politique qui est de préparer un avenir meilleur. En ce sens il rencontre une vision catholique. Même si cela ne se fait pas avec les mêmes moyens ou justifications : "Il consacre d’ailleurs un grand passage de son discours à rappeler la dignité de l’être humain, reconnue à la fois par la République et par les différentes religions et convictions philosophiques''.
Sans pour autant qu'il soit le coeur de cible de son message, les considérations électoralistes du président de la République, qui avait pendant sa campagne usé de codes christiques - ne peuvent être complètement écartées. Et pour cause, au deuxième tour les catholiques dans leur ensemble ont voté à 62% - à 71% chez les pratiquants réguliers - pour Emmanuel Macron, qui doit par ailleurs composer avec les centristes catholiques et humanistes qui constituent une part importante de son socle, ainsi que le rappelait récemment le politologue Bruno Cautrès sur Planet. Quant à la droite et l'extrême-droite, elles ont eu des réactions plus partagées. Marine Le Pen a vu une première tentative d'attaque la loi de 1905, alors que Bruno Retailleau, chef de file des sénateurs LR, a refusé d'en "en tirer une définition très stricte de la conception qu’il se fait de la laïcité"