De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Cédric Jubillar est dans le viseur des enquêteurs depuis le début. Son implication dans la disparition de sa femme Delphine, survenue le 16 décembre 2020, a été immédiatement la piste privilégiée par les enquêteurs. Et ce n’est pas qu’une affaire de statistiques. Même si celles-ci "sont implacables ", rappelle Paris Match. En 2019, 146 féminicides ont été comptabilisés sur 173 crimes conjugaux. En 2020, malgré une chute générale, 90 femmes (sur 106 homicides conjugaux au total) ont succombé sous les coups de leurs conjoints. Ces chiffres ne suffisent évidemment pas à mettre en examen une personne, si des preuves ne sont pas trouvées. Or, dans l’affaire Jubillar, plusieurs éléments troublants ont poussé les gendarmes à creuser la piste du mari.
Affaire Jubillar : les premières déclarations de Cédric sont incohérentes
Alertés par l’artisan en pleine nuit, les gendarmes arrivent sur les lieux à 4 h 50. L’homme, qui les reçoit en pyjama, vient de lancer une lessive avec une couette à l’intérieur. "C’est celle de ma femme. Les chiens ont pissé dessus, je l’ai mise au nettoyage", explique-t-il. Une attitude étonnante dans une telle situation.
Ses premières déclarations sont également remplies d’incohérence. Par exemple, d’après l’analyse de son podomètre, relié à son mobile, Cédric Jubillar n’a effectué que 40 pas, avant l’arrivée des gendarmes. Il n’a donc pas cherché sa femme, avant d’appeler les forces de l’ordre. Lors du tour de la maison en leur compagnie, le podomètre indiquera 360 pas, rien que dans le jardin.
Autre fait interpellant, Delphine a disparu avec son téléphone, vêtue, d’après les dires de son époux, avec qui elle est en instance de divorce, d’une doudoune blanche et de boots. Son sac à main, ses lunettes, ses papiers, ses clefs, sont en revanche toujours dans la maison. La disparition de la jeune mère de famille de 33 ans est dès lors qualifiée judiciairement d’"inquiétante". Les investigations sont alors menées habilement, pendant plusieurs mois. Faute de preuve, une ingénieuse tactique a dû être mise en place…
Affaire Jubillar : des investigations menées dans la prudence
Des semaines durant, d’énormes moyens humains et techniques ont été déployés pour retrouver la jeune infirmière. Drones, plongeurs, brigades cynophiles, militaires, quadrillage par hélicoptère, multiples battues… Une zone d’un diamètre de 10 kilomètres autour du domicile Jubillar est systématiquement fouillée, en vain.
De son côté, la cellule d’investigation explore, toute en discrétion, l’ensemble des pistes. Cela afin de "fermer les portes", au fur et à mesure, selon les mots de Dominique Alzeari, procureur de la République de Toulouse. Les différentes possibilités ont ainsi été écartées : chute, accident, agression de rôdeurs, enlèvement… Dans le même temps, les déclarations de Cédric Jubillar sont examinées, et ses faits et gestes sont subtilement surveillés. Au total, une quarantaine d’expertises et 1500 actes et procès-verbaux sont venus enrichir le dossier, depuis le 23 décembre 2020, indique Paris Match.
La stratégie de deux juges a permis aux enquêteurs de mettre en cause celui qui a été immédiatement suspecté.
Cédric Jubillar : les juges ont accepté qu’ils se portent partie civile pour mieux l’appâter
Malgré les multiples moyens déployés, la cellule d’investigation n’a retrouvé aucune trace de Delphine. Audrey Assemat et Coralyne Chartier, les deux juges d’instruction nommées sur cette affaire, la requalifie de "disparition inquiétante" en "enlèvement et séquestration". Adroitement, les juges acceptent alors que le père de famille se porte partie civile, à l’instar des parents de sa femme. À ce moment-là, il ne se doutait pas que cette mesure était en réalité une simple mais habile stratégie pour ne pas éveiller sa méfiance.
C’est ainsi, que six mois après la disparition de son épouse, Cédric Jubillar a été mis en examen pour "meurtre aggravé", en raison, d’après le procureur, "d’indices graves et concordants". Des indices présentés de manière inéquitable selon les avocats du mari de Delphine Jubillar. "À ce stade du dossier, sans corps, sans connaître les origines d’un décès dont on ignore jusqu’à la réalité, retenir une intention homicide est ahurissant", avait dénoncé dès le 22 juin Jean-Baptiste Alary, l’avocat de Cédric Jubillar, dans les colonnes de Ouest-France.
Ce mardi 6 juillet, la demande de remise en liberté de Cédric Jubillar effectuée par ses avocats, Mes Emmanuellle Franck, Alexandre Martin et Jean-Baptiste Alary, sera examinée par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Toulouse. La mère de Cédric Jubillar serait elle-même en train de sérieusement douter de son innocence. "Pour l’instant, elle prend un peu de recul sur tout ça. Elle n’est pas en capacité de penser à lui rendre visite. Ce n’est pas anodin d’aller voir son fils en détention, quel que soit le motif", a assuré son avocate à La Dépêche. Selon le quotidien régional, lors de sa garde à vue de la mi-juin, elle aurait assuré penser que son fils était impliqué dans la disparition de sa belle-fille Delphine Jubillar dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020.