De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Il est devenu l’un des protagonistes de la nébuleuse affaire Jubillar, du nom de l'infirmière disparue en décembre 2020 à Cagnac-les-Mines (Tarn). Car “Marco” aurait séjourné dans la cellule voisine de celle de son mari, Cédric Jubillar, mis en examen pour “meurtre” depuis un peu moins d’un an.
Les enquêteurs soupçonnent le peintre plaquiste d’avoir tué sa femme Delphine qui souhaitait divorcer et avait un amant. Mais jusqu’alors, Cédric Jubillar s’enferme dans ses dénégations. En prison, son attitude trouble. Et surtout, le corps de la jeune infirmière demeure introuvable.
Les révélations du codéténu de Cédric Jubillar, vérités ou opportunisme ?
Il y a quelques mois, lorsque les enquêteurs recueillent alors les confidences de “Marco”, ils croient enfin tenir la preuve irréfutable de la culpabilité du mari. Mais rien ne va se passer comme prévu.
Ce père de famille de 37 ans est un habitué des prisons. Il a passé près de 15 ans derrière les barreaux. Entre août et octobre 2021, il est le voisin de cellule de Cédric Jubillar, à la maison d’arrêt de Toulouse-Seysses.
Peu de temps avant sa libération, il fait des révélations aux enquêteurs, qui posent encore question aujourd’hui. L’ancien détenu aurait reçu des confidences troublantes de Cédric Jubillar, voire des aveux. Le tarnais lui aurait raconté avoir tué sa femme avant de dissimuler son corps dans une ferme brulée.
“Marco” aurait-il affabulé pour bénéficier d’une remise de peine ?
Dans le Parisien, l’intéressé, parti vivre depuis au Portugal, s’exprime “pour la première et la dernière fois”. “Que les choses soient claires : je ne suis pas une balance qui aurait monnayé ses informations en contrepartie de je ne sais quelle libération anticipée et qui aurait agi dans son intérêt personnel”, assure t-il, ajoutant qu’il a agi “dans l’espoir que la vérité éclate, et que les enfants de Delphine sachent un jour où est leur mère”.
Marco, ancien codétenu de Cédric Jubillar : un profil glaçant
Dans les colonnes du journal, l’ancien détenu livre également des détails sur son propre parcours criminel. Condamné pour “viol avec actes de torture et de barbarie”, il passe 16 ans derrière les barreaux entre 2003 et 2016. “C’était un viol avec un objet contondant. J’étais encore mineur et j’ai été pris par l’effet de groupe dans un milieu délinquant. Ce n’est pas une fierté, évidemment, mais j’ai assumé”, rapporte le trentenaire au Parisien.
Son casier judiciaire ne s’arrête pas là. Marco a par la suite été condamné pour “subordination de témoins”, et “ pour deux affaires de menaces de crime sur des surveillants de prison”, explique t-il. C’est ainsi qu’il s’est retrouvé à la maison d’arrêt de Seysses, aux côtés de Cédric Jubillar, à l’automne 2021.
Sur place, il sent que le peintre plaquiste s’est fait des ennemis, mais lui n’a pas eu vent de l’affaire qui porte son nom, et se présente. Ils discutent par barreaux interposés.
“Je sens qu’il essaie de rentrer dans mon cerveau. Il me pose quelques questions pièges sur mon passé. (...) Je comprends que c’est un grand calculateur, il réfléchit beaucoup plus que la moyenne des autres détenus. Je l’estime aussi très cultivé. Mais je trouve qu’il parle vraiment beaucoup…”, rapporte Marco. Le déténu est troublé par cet homme, qui apelle sa femme disparue “l’autre”, et ne semble pas affecté par le drame. “Même à l’égard de ses enfants, je ne sens jamais l’amour d’un père” poursuit t-il.
Pour avoir la paix, Marco lui vend un peu de cannabis, car il sait comment s’en procurer en prison. C’est là, au cœur de la nuit, après avoir fumé, que Cédric lui fait ses premières confidences.
Affaire Jubillar : ce que Cédric a vraiment dit à son codétenu
Marco se souvient : “Une nuit, il me raconte le moment où les choses se seraient passées. Il est sorti de sa chambre, il a surpris sa femme en train d’envoyer des messages à son « connard », c’est comme ça qu’il parlait de l’amant, et c’est là qu’il a « vrillé »”. Mais ce routier du milieu carcéral, au début, ne le prend pas au sérieux.
“Il me demandait des détails sur l’enfouissement de cadavres… Il s’inquiétait de la possibilité qu’un corps enterré finisse par être découvert à cause des intempéries ou des animaux. C’est là qu’il me dit que le corps de sa femme est enterré pas loin d’un endroit qui a brûlé. Il me parle aussi de deux grands arbres, sans donner plus d’explications”, raconte encore Marco dans le Parisien.
Et puis, germe dans sa tête l’idée d’obtenir des aveux précis de son comparse, pour, peut-être, pouvoir enfin retrouver le corps de l’infirmière disparue.
“Je lui suggère de détourner les soupçons non pas vers l’amant de Delphine, ce qui n’aurait pas eu beaucoup de sens, mais plutôt vers la femme de l’amant. Je lui dis que si le corps est découvert à côté de leur domicile, avec des traces d’ADN et de sang que l’on pourrait aller chercher dans leurs poubelles, il sera forcément blanchi”, poursuit le trentenaire, qui veut alors pousser son voisin de cellule à livrer des indications précises sur l'endroit où repose Delphone.
La libération de Marco approche. Cédric Jubillar lui aurait alors intimé de prendre contact avec Séverine, sa nouvelle compagne, et lui confie même des lettres codées à lui transmettre.
“Quelques jours plus tard, vers la fin septembre, j e me sens dans l’obligation de raconter tout ça à une personne qui travaille au service de renseignement pénitentiaire. C’est elle, ensuite, qui fait le lien avec les gendarmes”, explique Marco.
Ces révélations, Cédric Jubillar assure ne jamais les avoir faites à Marco, ni à personne.
Le 12 mai dernier, une confrontation judiciaire était organisée entre les deux anciens voisins de cellule. “Cédric n’a pas nié m’avoir parlé, mais il a esquivé pas mal de questions en disant que c’est moi qui avais mal interprété certains de ses propos.”, a commenté Marco dans le Parisien. “Pour les phrases les plus embarrassantes, comme « J’ai vrillé et je me suis débarrassé d’elle », il a répondu : « J’ai peut-être dit ça, mais c’était de la rigolade ». Mais moi, j’étais présent quand il a prononcé ces mots et je peux dire qu’il ne rigolait pas du tout”, conclut l’ancien déténu.