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Depuis maintenant plusieurs semaines, la guerre en Ukraine pèse lourd sur le budget des Français. Essence, gaz, blé… Les jours passent et l’inflation ne cesse d’empirer. Pour les portefeuilles des ménages, 2022 s’annonce donc particulièrement difficile.
Surtout que selon les prévisions de la Banque de France, la situation ne devrait pas s’arranger de sitôt.
Dimanche 13 mars 2022, l’institution a publié son rapport trimestriel. Inflation record, croissance revue à la baisse... Ses prévisions sont loin d’être optimistes.
L'incertitude ambiante pourrait nous coûter cher
La Guerre en Ukraine, et le climat d’incertitude actuel, a contraint la Banque de France à revoir ses prévisions pour l’année 2022. Dans ses projections, l’établissement déroule deux scénarios macroéconomiques découlant directement de la situation géopolitique.
Un premier, qui correspond aux projections réalisées le 28 février, avant que la guerre n’éclate. Et un second, bien plus sombre, qui examine “l’effet additionnel d’une hausse encore plus importante des prix du pétrole, du gaz et du blé (...) conjugué à un choc d’incertitude marqué”, précise la Banque de France dans son rapport.
Une reprise de courte durée
La reprise de la croissance, observée depuis quelques mois, ne devrait donc pas durer, si l’on en croit ce deuxième scénario. Mais l’institution émet toutefois des réserves : ces dynamiques peuvent changer selon les actions du gouvernement et la mise en place d’un éventuel plan de résilience.
Pour l’heure, la Banque de France estime que, selon ce scénario “dégradé”, la croissance est estimée à 2,9% à la fin du premier trimestre 2022, et à 2,8 % pour l’ensemble de l’année.
Selon le scénario conventionnel, elle était initialement prévue à 3,4%.
Une croissane en berne
Mais l’impact de la crise actuelle devrait surtout se faire sentir dans la durée. Ainsi, l’institution prévoit une croissance de 1,3% en 2023 et de 1,1% en 2024, contre 2,0 et 1,4% initialement.
Si la guerre rebat les cartes de l’économie française, c’est en grande partie à cause du pouvoir d’achat, qui est sévèrement impacté par le conflit russo-ukrainien.
Les séquelles de la crise pourraient durer plusieurs années. On parle même d’un choc pétrolier comparable à celui de 1973. Avec des conséquences désastreuses pour notre pouvoir d’achat.
Une inflation record
La Banque de France prévoit, sans surprise, une inflation élevée en 2022. Dans le scénario conventionnel, elle s'élèverait à 3,7% en moyenne, mais serait plutôt de l’ordre de 4% jusqu’à septembre. Dans le scénario dégradé, l’inflation est évaluée à 4,4% sur l’ensemble de l’année. En 2023, elle reculerait à 3,3% (contre 1,9% dans la projection initiale) et, en 2024, à 1,5% (contre 1,7%).
Les prévisions à l’horizon 2024…
La Banque de France estime que qu’à l’horizon 2024, la France ne devrait pas rejoindre la trajectoire initialement prévue en 2022, s’il n’y avait pas eu de conflit, avant 2024, voire plus tard…
Dans ses projections du scénario dégradé, l’inflation hors énergie et alimentation va perdurer jusqu’en 2024, au moins, à un rythme assez soutenu, et devrait s’installer à 2%, un taux supérieur à celui des dix dernières années.
La perte de PIB cumulée en 2024 par rapport à son niveau projeté dans le scénario d’avant-guerre serait d’un peu moins de deux points de pourcentage, ajoute l’institution dans son rapport.
Le pire des scénarios
Mais ça n’est pas tout. Malgré ses prévisions déjà peu réjouissantes, la Banque de France annonce que la situation pourrait être encore pire, si un arrêt brutal des importations d’énergie russes se produit. Mais pour l‘heure, ces conséquences sont difficiles à quantifier, selon l’institution.
Par ailleurs, la Banque de France ajoute que ces deux scénarios ne représentent pas une fourchette, mais une description de deux trajectoires possibles. Les prévisions sont donc à nuancer, et la situation, incertaine et incontrôlable, pourrait faire fluctuer davantage les chiffres de la croissance et de l’inflation dans les mois à venir.
Prix de l’énergie : les prévisions jusqu’en 2024
La Banque de France retient, dans le scénario dégradé, l’hypothèse d’un prix du baril à 125 dollars et un prix du mégawattheure de gaz naturel de 200 euros jusqu’en 2024.
Initialement, les prévisions annonçaient un baril à 100 dollars de février à avril 2022, puis une baisse progressive de son prix, jusqu’à 74 dollars en 2024…
Même chose pour le gaz : il devait être, hors conflit, autour de 107 euros le mégawattheure (MWh), avant d’atteindre seulement 40 euros fin 2024.
Pour conclure son rapport, la Banque de France précise que l’économie française pourrait aussi être perturbée dans les prochains mois par une grande volatilité sur les marchés financiers, ainsi que par des perturbations sur les chaînes de production. Certaines entreprises pourraient faire face à des ruptures d’approvisionnement, et être contraintes d’arrêter leur activité.