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Un scandale sanitaire s'apprête-t-il à éclabousser la marque Buitoni ?
Vendredi 18 mars 2021, Buitoni, appartenant au groupe Nestlé a lancé une procédure de rappel à grande échelle de toutes l es pizzas surgelées de sa gamme Fraîch’Up. La présence de bactéries Escheria Coli, responsable de graves infections, aurait été détectée dans leur pâte. Mais il était, hélas, déjà trop tard.
E.Coli dans les pizzas Buitoni : deux enfants sont décédés
Le même jour, les autorités sanitaires rapportaient en effet que 58 cas graves de syndromes hémolytiques et urémiques graves (SHU) certainement en lien avec la consommation de ces pizzas avaient été signalés depuis le 1er janvier.
Cette affection, provoquée par la bactérie E.Coli, est sérieuse : elle peut provoquer une insuffisance rénale, des crises d'épilepsie et même, des accidents vasculaires cérébraux.
Les victimes seraient essentiellement des enfants en bas âge. Deux d’entre eux auraient même succombé à leurs symptômes après avoir consommé l’une des pizzas contaminées.
De nombreux autres consommateurs, dont des adultes, se disent victimes de douleurs insoutenables, et ont dû être hospitalisés. Certains se sont regroupés sur les réseaux sociaux pour tenter de comprendre ce qu’il leur est arrivé.
Sur le groupe Facebook “SHU - Syndrome Hémolytique et Urémique Typique "Sortons du Silence", ils sont des dizaines à témoigner. Comme Fanny, qui raconte son calvaire. Elle a mangé une pizza Fraîch’Up le 13 mars. Depuis, elle souffre atrocement et ne cesse de vomir. Elle s’est rendue aux urgences, où on lui a appris que ses deux trompes étaient infectées par des abcès. Pour elle, le lien est évident. “Cette pizza à failli me tuer, cette pizza décidera de ma stérilité”, confie la jeune femme de 32 ans sur le réseau social.
E.Coli dans les pizzas Buitoni : “son pronostic vital était engagé”
Jennifer Oudinot, elle, est aussi en colère. Le 3 mars, sa famille consomme une première pizza Buitoni. Très vite, Eléa, sa fille de 3 ans, souffre de diarrhées. Mais “rien d’alarmant”, nous confie la maman. Sauf qu’une semaine plus tard, le 10 mars, une seconde pizza Fraîch’Up est dégustée par le foyer.
Et là, c’est la descente aux enfers. Eléa a cette fois des diarrhées hémorragiques, qui durent plusieurs jours. Jennifer l’emmène aux urgences. “Il n’y avait que du sang, c’était très inquiétant. Les médecins, qui soupçonnaient un SHU, ont fait des analyses. On a découvert plus tard qu’il s’agissait d’une infection à la bactérie E.Coli probablement dûe à la pizza”, raconte cette maman de 32 ans.
Originaire de Saint-Jean-de-Luz, elle doit se rendre en urgence à Bordeaux, où sa fillette est admise en réanimation. “Ils m’ont dit qu’ils devaient la mettre sous dialyse car les reins et le côlon étaient inflammés, et il y avait surtout un risque que le cœur, le cerveau et le foie soient touchés à leur tour. Son pronostic vital était engagé”, nous confie Jennifer.
Heureusement pour Eléa, finalement, son cœur et son cerveau sont intacts. Jennifer est soulagée. "J'ai eu très peur pour sa vie", souffle la maman. Pour autant, le combat de la fillette ne fait que commencer. “Ses reins sont touchés, et on m’a prévenu qu’il pourrait y avoir des séquelles à long terme. Elle est en réanimation pédiatrique, sous dialyse 24 heures sur 24 depuis 9 jours”, explique la mère de famille. Jennifer décrit “11 jours de cauchemar”, et un quotidien chamboulé par l’hospitalisation et l’inquiétude.
E.Coli dans les pizzas Buitoni :“ma petite fille est méconaissable”
Aujourd’hui, après 9 jours en réanimation, Eléa va un peu mieux mais son quotidien est loin d’être évident. La fillette et sa maman sont hébergées dans une unité stérile de l’hôpital, où il n’y a pas de sanitaires, et où la porte de sa chambre est automatique. “Nous n’avons aucune intimité, mais ça n’est pas grave, je veux juste qu’elle aille mieux, et qu'elle n'ait pas de séquelles”, raconte Jennifer.
Eléa devrait être transférée bientôt dans un service pédiatrique hors réanimation, ou elle ne sera plus sous dialyse que quelques heures par jour. “Les médecins ne savent absolument pas quelle est la suite, ses reins ne fonctionnent toujours pas tout seuls, ils ne peuvent pas nous donner de date. On ne sait pas combien de temps cela va encore durer, peut-être des jours, des semaines…Tout ça à cause d’une “connerie”.
Jennifer ne reconnaît plus sa petite fille. “Elle est branchée de partout, elle qui est hyperactive, elle ne plus bouger. Et puis, sous l’effet des médicaments, elle est amorphe, comme si elle n’avait plus d’énergie, et il y a des moments où elle n’est plus lucide… Elle a seulement recommencé à sourire un peu hier”, confie la maman. “En tant que parent, il faut avoir le coeur bien accroché”, poursuit-elle.
A Bordeaux, dans le service où se trouve Eléa, et où Jennifer tient à saluer le travail remarquable du personnel hospitalier, d’autres enfants ont eux aussi été admis après avoir consommé la pizza Buitoni. Certains ne sont pas encore tirés d’affaire.
E.Coli dans les pizzas Buitoni : les victimes envisagent une action en justice
Les familles des victimes ne veulent pas en rester là. Ils dénoncent le comportement de la marque face à la crise.
“Des employés de Buitoni m’ont contactée après l’hospitalisation de ma fille pour me dire que la bactérie présente dans la pizza se détruisait si celle-ci était bien cuite, au lieu d’assumer qu’il y avait eu une erreur. Cette bactérie n’aurait jamais dû se retrouver là dans un premier temps”, raconte Jennifer.
Pour elle, il y a très certainement eu un défaut dans la fabrication, et l’entreprise doit prendre ses responsabilités. “La pâte de ces pizzas est assez épaisse, et je présume que cette bactérie peut en effet être tuée pendant la cuisson, mais l’intérieur très épais de la pâte ne peut peut-être pas atteindre 170 degrés : il peut y avoir un défaut. En tout cas, il y a forcémment quelque chose : pourquoi y aurait-il autant d’enfants victimes sinon ?”, déplore la maman.
Elle s’est rapprochée de plusieurs autres victimes qui comptent bien faire entendre leur voix. Ils envisagent même d’engager une action en justice contre la marque du groupe Nestlé. “Il faut qu’ils réparent leurs torts et qu’ils disent la vérité, pour que ça ne puisse plus se reproduire”, conclut Jennifer Oudinot.