De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Elle a, elle aussi, disparu sur le chemin de l’école. Marion Wagon n’a pas été revue depuis le 14 novembre 1996 vers midi, heure à laquelle elle rentrait de l’école, à pied, pour se rendre à son domicile d'Agen. Comme souvent, elle décide de s’arrêter juste en face de la sortie de son école, où se situe un toboggan de son enfance, alors que son école et son domicile ne sont séparés que de 400 mètres. On est en 1996 et la petite fille, alors âgée de dix ans, est enlevée en pleine ville, en pleine journée, dans un laps de temps de cinq minutes.
Dans une ville qui compte plus de 30 000 habitants, comment personne n'a pu voir ce qu'il s'est passé ? C'est la question que se pose Annie Gourgue depuis vingt-trois ans : "Son école est en pleine ville, à côté de la gendarmerie et du tribunal", explique la présidente de l'association La Mouette. Chaque année, son association organise un lâcher de ballons blancs pour que Marion ne soit jamais oubliée, malgré les années qui ont passé.
"Nous avons diffusé 15 millions d'affiches"
"Quand la petite Marion a disparu, j'étais en ville et c'est un policier qui est venu me voir pour me dire que le commissaire me cherchait, car une petite fille avait disparu à Agen", explique à Planet Annie Gourgue. En 1996, son association a douze ans et elle mobilise rapidement toutes ses ressources pour tenter de retrouver Marion Wagon : "On a diffusé 15 millions d'affiches dans toutes les langues, 10 millions de packs de lait, parce qu'on s'est dit que le lait était un produit qui rentrait à la maison".
Marion a disparu sept ans avant Estelle Mouzin, mais la disparition de l'une fait penser à la disparition de l'autre, explique Annie Gourgue : "Marion et Estelle avaient à peu près le même âge au moment de leur disparition". Alors, avec les récents aveux de Michel Fourniret, l'association a encore l'espoir de voir la disparition de la petite fille d'Agen se résoudre, elle aussi, un jour. "On essaie de maintenir la pression, on ne sait jamais si quelqu'un sait, mais n'a pas osé parler, si cette personne avait peur. Il peut s'agir d'une personne malade ou en fin de vie, qui déciderait de parler. C'est ça notre espoir", confie à Planet la présidente de l'association.
Les forces de l'ordre, elles, n'ont pas abandonné l'enquête, puisque deux personnes travaillent toujours au sein de la cellule Marion, consacrée à l'affaire. "Elles sont chargées de tout contrôler, de tout vérifier", précise Annie Gourgue. Car, derrière la disparition de cette fillette de dix ans, il y a toute une ville qui a tremblé, et qui tremble encore.
Des affiches toujours placardées dans les rues
La ville d'Agen a été particulièrement marquée par la disparition de Marion Wagon. La préfecture du Lot-et-Garonne n'est pourtant pas un village à taille humaine, où tout le monde se connaîtrait. Comment expliquer que, plus de vingt après, la ville soit toujours marquée par cette affaire ? "La petite Marion est devenue la fille, la soeur, la cousine, la nièce de tout Agen", explique Annie Gourgue. Elle se souvient de l'engouement de toute sa ville pour retrouver la fillette, des affiches qu'elle distribuait sans discontinuer, affichant dans toutes les rues le portrait de Marion, dix ans.
"Dans certaines boutiques, l'affiche que nous avions mise il y a 23 ans est encore là", ajoute la présidente de La Mouette. Bien sûr, le papier a jauni avec le temps et l'affiche s'est défraîchie au fil des années, mais elle est toujours placardée sur les portes de nombreux commerces. Comme chez le chapelier, qui ne peut se résoudre à la décrocher : "J'ai l'impression que, si je l'enlève, il n'y a plus d'espoir", explique-t-il.
"Le temps a passé, mais on est encore traumatisés. Agen a été et est encore sous le choc, la ville en parle toujours", assure Annie Gourgue. Pour elle, la disparition de la petite fille va bien au-delà de la ville du Lot-et-Garonne.
"L'oubli, c'est une seconde mort"
Personne, à Agen, n'a oublié Marion Wagon, ni le jour de sa disparition. Au milieu des années 1990, on était encore loin du dispositif Alerte enlèvement, mis en place en février 2006 et qui a, depuis, fait ses preuves. "La disparition de la petite Marion a fait prendre conscience qu'un enfant pouvait être pris. Qu'à dix ans, un enfant ne fuguait pas, contrairement à ce que disaient certains policiers lorsqu'on leur signalait l'absence d'un enfant", explique Annie Gourgue. Vingt-trois ans après, pas question d'oublier : "Il n'y a rien de pire que l'oubli. L'oubli, c'est une seconde mort", assène la présidente de La Mouette.
"On parle de Marion au présent. Quand on aura trouvé, et si c'est négatif, alors on pourra tourner la page, mais il faudra continuer à parler pour les autres, pour tous ceux qui ont disparu", conclut-elle. Et de rappeler qu'en cas de disparition d'un enfant, il faut contacter le 116 000, le numéro européen d'urgence.