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©Vivre en béguinageINTERVIEW. Quand on a plus de 60 ans et qu'on souffre de solitude, mais qu'on n'a ni l'envie ni les besoins de vivre en Ehpad, peu de solutions existent. Après les colocations pour seniors, les béguinages séduisent de plus en plus de sexagénaires qui sautent le pas. On vous explique tout.
Ne pas vivre seul chez soi. Arrivé à 65 ou 70 ans, parfois plus, de nombreux Français ne supportent plus la solitude et cherchent des solutions pour la vie quotidienne. Bien sûr, s’inscrire à des activités et rencontrer de nouvelles personnes permet de rompre ce sentiment d’isolement, mais cela ne suffit pas toujours. Comment faire quand on est trop jeune pour aller en Ehpad mais qu’on n’a pas envie de rester seul chez soi ? Planet vous a présenté les colocations médicales pour seniors, avec le témoignage d’une septuagénaire qui a sauté le pas et ne regrette absolument pas son choix. Un nouveau type d’habitat partagé – en réalité vieux de 800 ans – se développe de plus en plus dans l’Hexagone : le béguinage.
Béguinage : une tradition vieille de 800 ans
Isabelle Maccio, chargée de communication pour l’association Vivre en béguinage, rappelle à Planet que ces derniers "sont nés dans les Flandres au XIIIe siècle" et que le phénomène s’est ensuite étendu au fil des siècles "dans tout le nord de l’Europe". Il s’agissait alors "de communautés de femmes, qui avaient la particularité pour l’époque de vivre de façon autonome. Elles étaient essentiellement célibataires par choix ou veuves". Au fil des décennies, l’Eglise a commencé à gérer ces communautés de femmes, qui ont donc perdu de leur indépendance.
La tradition a perduré au fil des siècles, mais il a fallu attendre le XXIe siècle pour que le béguinage renaisse en tant qu’"habitat pour senior", plus précisément au début des années 2010. L'idée est partie d'un groupe de seniors originaires de Perpignan, qui souhaitaient vieillir ensemble autour de la foi religieuse. Après ce premier béguinage ouvert en 2014, les cofondateurs du groupe (issu de l’économie sociale et solidaire) ont décidé de développer le concept, face à la demande. "Le béguinage est devenu un modèle d’habitat inclusif, car il répond aux critères de vivre ensemble et d’inclusion sociale", précise Isabelle Maccio à Planet. Attention, car le béguinage ne correspond pas à tout le monde et tous les seniors ne sont pas faits pour vivre en communauté. Avez-vous le bon profil ?
Béguinage : l'alternative entre le domicile et l'Ehpad
Isabelle Maccio explique à Planet que les béguinages sont destinés aux "séniors autonomes ou en perte partielle d’autonomie". En principe, il s’agit de personnes à partir de 65 ans, "qui veulent rester autonomes et indépendants dans leur logement" et le béguinage est donc "une alternative entre le domicile et les résidences séniors, ou les Ehpads". Ces personnes ne souhaitent plus rester chez elle ou ne le peuvent plus, parce que leur logement n’est plus adapté, parce qu’il est trop loin des commerces ou parce qu'elles sont seules, après le décès du conjoint.
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Les futurs habitants peuvent bénéficier alors d’un appartement individuel, T2 ou T3, à loyer modéré. À ces logements sont adossés "des espaces de vie partagée comme un jardin, une salle de convivialité, où les habitants vont pouvoir se retrouver".
Le béguinage est fait pour ceux qui "décident avant tout de rejoindre un projet de vie sociale et partagée", explique à Planet Isabelle Maccio : "On ne vient pas pour se dire qu’on va faire une partie de cartes de temps en temps. On sait qu’on va trouver l’entraide, la solidarité et donc, forcément, on est là pour ses voisins, dans les bons et dans les mauvais moments. On va, par exemple aider quelqu’un qui a un souci de santé, qui ne peut pas sortir de chez lui par exemple". La vie ensemble est aussi centrale au sein du béguinage, car les habitants vont partager des moments de vie collectifs pour les loisirs ou les activités culturelles.
Si l’entraide est au cœur du béguinage, l’accompagnement au projet de vie partagée et au vivre ensemble est aussi un élément essentiel.
Béguinage : chacun est libre de faire ce qu'il veut
L’accompagnement au sein des béguinages se fait à trois niveaux :
- L’association Vivre en Béguinage, créé en 2017 et reconnue d'intérêt général, "accompagne ce projet de vie", explique Isabelle Maccio. "Six mois avant l’ouverture du béguinage, on organise des Journées Découverte, où les personnes intéressées vont commencer à faire connaissance et construire leur projet de vie".
- Un accompagnateur santé intervient au béguinage. Infirmer diplômé d'état, son rôle est de faire de la prévention auprès des habitants : atelier nutrition, contact avec les proches…
- Le béguinage étant reconnu habitat inclusif, les habitants bénéficient désormais de l'Aide à la Vie Partagée. Un coordinateur de la vie sociale et partagée est présent plusieurs jours par semaine pour les béguins.
"Les béguins mettent en place des activités, qu’ils choisissent de faire ou non", précise Isabelle Maccio, ajoutant : "Quand on vient habiter en béguinage, c’est un choix de vie donc c’est un projet qui se mûrit longtemps à l’avance". Pas de panique, il n’y pas de points pénalisants quand on postule pour un logement ! Nous demandons aux personnes intéressées de remplir avec un questionnaire, qui ne concerne pas l’état de santé, puis un entretien est proposé aux futurs adhérents. "C’est vraiment exceptionnel que ça ne se fasse pas", conclut-elle à Planet.
