"Papy Guetta" : un disc-jockey de 78 ans pour animer vos soirées

Vous habitez la Sarthe (72) ? Vous avez forcément entendu parler de "Papy Guetta" ? Si ce n'est pas le cas, nous vous présentons ce septuagénaire hors du commun. C'est Le Petit Courrier L'Echo de la Vallée du Loir qui nous l'a fait découvrir, via Actu.fr. "Je suis originaire des Ardennes, et depuis toujours, je voue une grande passion pour la musique" déclare au journal local celui qui a fêté ses 78 ans en novembre dernier. Chez lui, à Thoiré-sur-Dinan, c'est devenu une célébrité. 

Sa passion vient effectivement de loin, de son enfance. Il ne pensait déjà "que" musique. "Je me souviens que le professeur avait dit à mes parents, 'vous allez en faire quoi de celui-là' ?"  Sauf que ses parents étaient au diapason, excusez le jeu de mots. "Mes parents tenaient un bar-restaurant et savaient mettre l’ambiance ! Mon père était Basque et chantait tout le temps."

"Ca me faisait chier, j’ai tout envoyé balader"

Pour animer des soirées et mettre l'ambiance, il faut avoir de la gouaille. Et Jean-Michel Dublanc en a à revendre. Il explique que quand il était jeune, il cherchait à devenir saxophoniste : "à l’époque, c’était obligatoire de faire du solfège. Mais ça me faisait chier, j’ai tout envoyé balader."  Il se tournera vers la batterie, "ça demandait moins d’effort" et réussira en prenant des cours, jusqu'à devenir membre de différents groupes de passage.

"La musique et moi, ça ne fait qu’un"

Jusqu'au boutiste "Papy Guetta" ? "La musique et moi, ça ne fait qu’un. À tel point que quand je fais les courses, je chante !" Il faut dire que notre disc-jockey avait 20 ans pendant les années Yéyé. Une période particulièrement riche : "Durant ce temps-là, c’étaient les Stones, les Beatles […] Alors, avec des copains, comme on adorait danser, faire de la musique, on a monté notre groupe. J’étais toujours batteur. On a joué ensemble durant deux ans, avant que la vie nous sépare."

Car il était alors comme aujourd'hui difficile de vivre de cette activité. Jean-Michel Dublanc est ainsi devenu chauffagiste. Ce qui lui permettait avec son salaire, de sortir, notamment pour aller au bal... Puis il a voulu changer de secteur, professionnel comme géographique. Malgré une préférence pour le sud, il part de ses Ardennes natales pour s'installer à Paris avec sa femme. "On habitait dans le XVIII ^e arrondissement. Mais mon épouse n’a pas su s’adapter, on est parti en Seine-et-Marne." Où ils resteront 44 ans. 

En 1975, pendant les années disco, c'est la révélation

"En 1975, j’avais un copain qui fêtait les 18 ans de son garçon. Il m’a demandé d’être l’animateur de sa soirée d’anniversaire puisque j’avais énormément de vinyles. Je n’y voyais pas d’inconvénient mais le problème était que je n’y connaissais rien." C'est un autre ami, professionnel de la sonorisation, qui lui permet de commencer en lui prêtant le matériel nécessaire. "Arrivé devant le matos, j’étais comme un gosse devant son nouveau jouet. J’étais émerveillé." 

Jean-Michel Dublanc a droit à une petite séance d'entraînement et part animer sa soirée. Ce qu'il ne sait pas, c'est que son ami l'a suivi par curiosité mais surtout pour évaluer sa performance. "À l’époque, c’était simplement que deux tourne-disques. J’avoue que j’avais un peu les jetons, d’autant plus qu’il y avait 70 personnes. Mais je m’en suis plutôt bien sorti."

"Papy Guetta" étonne à tel point qu'il travaille désormais pour la même entreprise. "J ’ai fait mes premières soirées dansantes, et on n’organisait pas des soirées qu’en week-end ! À l’époque, c’était tout le temps. Ça n’avait rien à voir avec aujourd’hui, mais c’était du boulot !"

Après la retraite, la légende "Papy Guetta" commence

En 2002, l'heure de la retraite a sonné, direction la Sarthe et Thoiré-sur-Dinan. Où jean-Michel Dublanc et son épouse se la coulent douce. Mais la fibre artistique est toujours là : "C’est l’ancien maire de Thoiré, Jean-Claude Chollet, qui m’a conseillé de continuer. J’ai rencontré les associations locales, ça a matché, j’ai alors décidé de m’y remettre et de m’investir bénévolement pour ma commune."

"Papy Guetta" est né ! Il décide même de devenir auto-entrepreneur : "C’est surtout pour les assurances. Mon matos coûte un bras !" Public ou privé, il est sollicité de toutes parts : "Je pense que les gens m’aiment bien car je fais des conneries, je chante, je danse avec eux. Ce que j’aime le plus, c’est de leur donner le sourire, les voir heureux. C’est en tout cas ce que l’on me dit à la fin des soirées, que les gens sont restés parce que j’étais à l’animation."

Un DJ qui respecte la vieille école, sans informatique

"Je suis moderne, mais je ne travaille pas sur ordinateur. J’ai 78 ans, ça sert à rien d’investir, je me contente de ce que j’ai." Soit des platines CD et un graveur pour diffuser ses propres compilations. Et il n'a pas besoin de faire de démarchage pour faire tourner sa petite auto-entreprise. "Je ne fais pas trop de pub. Chez moi, ça fonctionne grâce au bouche-à-oreille. Parfois, il m’arrive d’ouvrir la fenêtre et d’animer la rue. Les voisins sont contents." On ne peut pas reprocher à "Papy Guetta" des nuisances sonores tout de même ! 

Si vous passez par Thoiré-sur-Dinan, si vous voyez un homme portant chaussettes et lunettes lumineuses, c'est qu'une bonne très soirée se profile. Et la relève est prête : "Avec mon épouse Janine, nous avons eu deux enfants et des petits-enfants qui sont tout aussi mordus de musique ! Ils sont tous plus ou moins musiciens et j’ai même une petite fille qui travaille chez Sony !"