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Aujourd’hui basé sur l’idée d’un retour à l’état naturel, le naturisme a pourtant, par le passé, pu être utilisé à des fins bien moins louables. Né à la fin du XIXe siècle en Allemagne, ce mouvement réunit à la fois des artistes, des médecins et des aristocrates qui prennent pour habitude de se baigner nus dans les nombreux points d’eau que compte le pays.
Cette pratique vient notamment de la jeunesse qui souhaite alors se libérer des mœurs prudes de l'époque, associées, dans leurs pensées, au conformisme matériel particulièrement présent dans les milieux urbains. Le mouvement naturiste prend ainsi de l’ampleur et se répand à travers toutes les sphères sociales allemandes jusque dans les années 1920 où il se divise en plusieurs idéologies bien distinctes voire même contradictoires. Mais deux principales survolent tout de même les autres.
La naissance du "naturisme national"
Il y a tout d’abord le naturisme hérité de l’école socialiste, comme le modèle promu par Adolf Koch axé sur le sport et la gymnastique thérapeutique et hygiéniste, rapporte Le Monde. Mais de l’autre côté, c’est une idéologie bien différente qui se développe puisqu’elle prône un "naturisme national". Hans Sùren est l’un des principaux représentants de cette théorie raciste.
Lors de sa prise de pouvoir, le régime nazi se montre d’abord très récalcitrant vis-à-vis du mouvement naturiste, l’associant aux idéologies marxistes et aux milieux homosexuels. Cependant, dès juin 1933, le parti national-socialiste change d’avis. Comme le précisent nos confrères de Slate, Adolf Hitler donne alors sa bénédiction aux idéologies naturistes car elles pourraient croiser ses propres idées en permettant de rendre aux Allemands leur "pureté originelle". La pratique est donc de nouveau autorisée, sauf pour les juifs et les communistes, et impose une bonne forme physique.
A partir de ce moment-là les idéaux naturistes seront ainsi récupérés par les nazis pour appuyer leurs propres desseins et leur stratégie de propagande.
Le naturisme dans les années 1930 : un instrument de propagande nazie
En feuilletant le journal allemand Das Schwarze Korps, (Le Corps noir), organe de presse officiel des SS paru dès 1935, il était courant de trouver des photos d’hommes nus, au corps svelte, musclé et bronzé. Un livre rempli d’illustrations de gymnastes dénudés écrit par le représentant du "naturisme national", Hans Sùren, se vendra même à 235 000 exemplaires, faisant partie des 350 livres les plus vendus du Troisième Reich, expliquent nos confrères de Ça m’intéresse.
Pour certains intellectuels SS, le naturisme permet avant tout de mettre en évidence la supériorité de la "race aryenne" grâce à ces images de beaux corps sculptés et en pleine santé. Mais l'idée relève aussi du rejet de la pudeur, si importante aux yeux des juifs ou même des chrétiens.
Le projet naturiste du Troisième Reich : un succès pour le régime nazi ?
La tentative de récupération du naturisme par les SS fut donc massive et permit au mouvement de continuer à perdurer sous le Troisième Reich. Pourtant, celle-ci ne fut pas réellement couronnée de succès car la plupart des adhérents à cette pratique ne le faisaient pas dans un but politique et souhaitaient simplement se retrouver entre amis au bord de l’eau.
Pourtant les ouvrages SS mettant en valeur le naturisme connurent un grand succès à l’époque. Johan Chapoutot, auteur de La loi du sang : penser et agir en nazi, expliquait à nous confrères de Ça m’intéresse que "les gens achetaient surtout ces livres pour se rincer l’œil".