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Dimanche 30 avril 2023, des tirs de char brisent le silence matinal, non loin de Laon (Aisne). Au CENZUB, centre d’entraînement aux actions en zone urbaine, plusieurs véhicules blindés tentent de reprendre la ville de Jeoffrécourt des mains de "Mercure", aidés de fantassins débarqués en hélicoptères.
En fin de matinée, la ville est libérée après des affrontements fictifs opposant l’armée française et l’État au nom digne d’un James Bond. La bataille du 30 avril constitue l’une des phases du vaste exercice militaire organisé, entre avril et mai, pendant trois semaines : Orion.
"Orion" : l’armée française se prépare au pire
Selon BFMTV, le champ de bataille a vu défiler 12 000 soldats, 2 000 véhicules de combats, 40 hélicoptères et une centaine de drones. L’exercice simulait une guerre opposant 70 000 alliés à 45 000 combattants de "Mercure". Le tout afin de mimer un conflit de haute intensité et évaluer les capacités de l’armée française à y répondre. "L’ampleur d’Orion constitue une vraie plus-value dans la préparation de nos forces : c’est un stress test de nos organisations", explique le général (2S) Thierry Corbet à nos confères de L’Express.
"On voit qu’il y a des États qui se réarment et il faut être prêt pour ces combats où ça pourrait cogner, ajoute le général Emmanuel Gaulin, commandant la force Orion. Notre objectif est de montrer que l’on est capable de s’opposer à un adversaire à parité dans une opération de haute intensité." Alors que la Guerre en Ukraine fait rage aux frontières de l’Europe, la France serait-elle à même de se défendre en cas de conflit d’ampleur ?
France en guerre : "l’armée de l’air n’aurait plus de missiles au bout de deux jours"
"L’armée française est extrêmement performante pour mener des opérations coup de poing contre des ennemis asymétriques. Mais elle manque de stocks et de masse pour tenir sur la longueur en cas de conflit de haute intensité", explique Marc Chassillan, ingénieur militaire, à L’Express.
Depuis la fin de la Guerre Froide, comme de nombreux pays européens, la France a réduit le budget dédié à sa défense. L’armée comptait 1 329 chars de bataille en 1991, ils sont 222 en 2021. Une trajectoire similaire est observable pour les effectifs : 453 000 soldats professionnels en 1991, 203 000 en 2021.
"Dans un conflit de haute intensité, avec un taux d’attrition proche de celui des Malouines en 1982 (8 %), l’armée de l’air n’aurait plus d’avions en dix jours et vraisemblablement plus de missiles au bout de deux jours", écrivait le général Bruno Maigret dans un rapport parlementaire, rappelle L’Express. Son constat, publié une semaine avant le début de la guerre en Ukraine, est sans appel. La France n’a plus les mêmes capacités militaires que par le passé. Serait-elle prête en cas de guerre ?
France en guerre : comment se défendre ?
Malgré une diminution de ses moyens depuis une trentaine d’années, l’armée française reste la neuvième puissance militaire du monde en 2023, selon le Global Firepower. Des exercices, comme Orion, doivent permettre de mieux cibler ses besoins dans les années à venir. "Une préparation opérationnelle de cette ampleur nous sert à étudier finement comment nous devons nous organiser et nous préparer en optimisant les ressources qui nous sont accordées", détaille le colonel Christophe Richard, concepteur de l’exercice, à nos confères de L’Express.
En cas de conflit, la France peut compter sur ses alliés et son expertise. Le pays est réputé pour son secteur de la défense. "Des personnels extrêmement qualifiés, des équipements perfectionnés et une base industrielle qui existe encore en France", liste Yohann Michel, chercheur sur les questions de défense à l’International Institute for Strategic Studies (IISS).
Surtout, une guerre de haute intensité en France est, dans la conjoncture actuelle, improbable. "Notre pays n’est pas menacé d’être envahi sur son sol. Nous avons donc vocation à intervenir en coalition dans la défense collective, avec nos partenaires et alliés de l’Otan", conclue le général Pierre Schill. Dans l’exercice Orion la France joue d’ailleurs un rôle de soutien d’un allié attaqué par "Mercure".