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Les Français continuent de soutenir la grève interprofessionnelle, entamée il y a déjà trois semaines. Pour preuve, une cagnotte a été lancée pour venir en aide à ceux qui se mobilisent contre la réforme des retraites. Intitulée "solidarité financière avec les salariés en grève", elle a réussi à convaincre puisque 19 264 personnes ont donné de leurs poches. Le tout, pour la jolie somme de 1,2 million d’euros. Certains donateurs se sont montrés particulièrement généreux en cette période de fêtes puisqu’ils sont nombreux à avoir donné 150, 200 voire 300 euros.
Grève : aider ceux "qui se battent pour l’intérêt de tous"
Cette cagnotte a été organisée par Info’Com-CGT, qui réunit des salariés de l’information et de la communication. Sur le site de la cagnotte, il est écrit que "les salarié.es sont en colère contre le projet de réforme des retraites et plus généralement la politique du gouvernement ou des employeurs". A travers cette cagnotte, il est proposé "d’aider à la construction de grèves reconductibles" pour "aider celles et ceux qui se battent pour l’intérêt de tous, qu’ils soient ‘gilets jaunes’ ou ‘gilets rouges’, syndiqués ou non syndiqués".
Comme le précise Le Point, le syndicat à l’origine de cette cagnotte a d’ores et déjà donné un chèque de 250 000 euros aux grévistes de la RATP. Un montant "symbolique par rapport à la peine financière" mais qui "démontre aussi l’union syndicale", explique un membre de Solidaires RATP, cité par l’hebdomadaire et l’Agence France-Presse. La cagnotte mise en place par Info’Com-CGT existe depuis 2016 et les manifestations contre la loi travail. Pour les organisateurs, cette "caisse de grève" permet "à davantage de travailleurs de cesser le travail plus longtemps". "C’est un levier d’action gréviste autant qu’un outil de solidarité et de mobilisation massive". L’objectif affiché est clair : "soutenir des grèves locales et préparer le prochain mouvement social contre les réformes de régressions sociales".
À en croire les messages laissés par de nombreux participants à la cagnotte, la mobilisation des grévistes est vue d’un bon œil par de nombreux Français, qui les encouragent à poursuivre le mouvement. Le soutien financier est tout aussi important. Comment les syndicats font-ils pour tenir tant de temps ?
Grève : comment les syndicats font-ils pour tenir ?
Après trois semaines de grève, le mouvement ne semble pas s’essouffler et les syndicalistes affirment qu’ils peuvent tenir financièrement. Mais comment font-ils ? Des grévistes de la RATP ont expliqué dès le début de la contestation que leur treizième mois leur avait été versé à la fin du mois de novembre, leur permettant donc de voir venir pour les prochaines semaines de mobilisation. Pourtant, à la CGT, on se montre divisé au sujet de la cagnotte lancée par Info’Com-CGT. Le secrétaire général de la Fédération CGT des cheminots Laurent Brun a expliqué sur Twitter : "Voilà comment on instrumentalise la grève pour collecter de l’argent. Cette collecte ne représente pas les cheminots CGT".
Si les personnes mobilisées perdent de l’argent, plusieurs syndicats proposent des solutions pour leur permettre de tenir le plus longtemps possible. La CFDT peut par exemple compter sur la Caisse nationale d’action syndicale, financée par les cotisations des adhérents. Plusieurs syndicats ont également créé des cagnottes en ligne et fait appel à la solidarité des internautes. Le montant de celle de la CFDT reste confidentiel mais 60 personnes ont participé. Celle de l’UNSA-Ferroviaire a été créditée par 112 personnes. Les grévistes ont aussi pu compter sur un coup de pouce inattendu, celui de plusieurs personnalités qui ont lancé aux Français un appel à la solidarité et au don.
Grève : des personnalités lancent un appel à la solidarité
Les grévistes peuvent compter sur le soutien des artistes. Une quarantaine de personnalités ont récemment publié une tribune sur un blog de Médiapart, appelant à "soutenir financièrement" les cheminots en grève contre la réforme des retraites. Parmi les signataires se trouvent notamment Jean-Marie Bigard, Annie Ernaux, Yvan le Bolloc’h, Laurent Binet ou encore les humoristes Shirley et Dino.
Dans leur tribune, ils expliquent que "les journées de grève coûtent. Pour imposer le maintien du système actuel de retraites, il importe que le mouvement dure et s’amplifie". "Nous nous souvenons des grèves de 1995 et 1968 (…) La solidarité entre voisins et collègues mit en échec le calcul gouvernemental de dresser les usagers contre la grève" ajoutent ces acteurs, chanteurs, philosophes et écrivains. "Ils défendent un de nos biens communs, un système de retraites qui, loin d’avoir été octroyé par les patrons, est le fruit des luttes de nos aînés", concluent les signataires. Apparemment, ils ont été entendus.