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Ce jeudi 6 juin 2024 marque les 80 ans du débarquement de Normandie. En 1944, et après plus de trois mois de bataille, la France est enfin libérée de l'Allemagne nazie. Près d'un siècle après la bataille, l'heure est toujours propice à se remémorer l'histoire et à comprendre ce qu'il s'est passé. Quel était le sort des centaines de milliers de civils qui étaient présents dans les villes bombardées de Normandie ?
Planet s'est entretenu avec Françoise Passera, ingénieure d'étude au laboratoire de recherche Histemé de l'université de Caen. Elle s'est notamment intéressée à la question des populations civiles pendant la bataille de Normandie et le Débarquement, en répertoriant de nombreux témoignages de l'après-guerre. L'ingénieure a par ailleurs co-écrit un ouvrage spécialement dédié au sort des civils durant le Débarquement. On vous en dit plus.
Une collaboration entre deux chercheurs au profit de l'histoire
Françoise Passera, en collaboration avec Jean Quellien, ancien professeur de l'université de Caen, publie le livre Les civils dans la Bataille de Normandie, en 2014. Grâce à leurs travaux de recherches, les deux protagonistes ont été capables de fournir un chiffre précis sur le nombre de civils morts pendant les trois mois du Débarquement : 14 000. "Nous avons, pour la première fois, partagés un chiffre certain du nombre de victimes civils, grâce à un travail que nous avons réalisé à l'aide des archives locales et des monuments aux morts" nous confirme Françoise Passera.
Par ailleurs, la source principale pour comprendre le sort des civils se trouve dans "les témoignages écrits dans l'immédiat de l'après-guerre, parce qu'ils sont souvent beaucoup plus précis et plus sûrs en termes de faits", évoque l'ingénieure d'étude. Les archives de la Manche étant, de plus, quasi inexistantes en raison des multiples bombardements ayant fait disparaître les quelques traces restantes. De longues années de travail pour les deux chercheurs pour faire connaître la vérité à tous les publics. Voici l'histoire des civils du Débarquement.
"Les populations se sont réfugiées sous terre"
La particularité du Débarquement réside dans le fait que les Alliés ont volontairement bombardé les centres des villages environnants, pour en faire des amas de ruines et ainsi empêcher l'arrivée des blindés ennemis. Le sort des civils se divise alors en deux. Tout d'abord, ceux qui décident de rester sur place. Les populations se sont réfugiées sous terre, dans des tunnels, des caves ou des carrières abandonnés", et partagent toutes et tous les mêmes incertitudes. Toujours sous occupation allemande, "ils subissent les demandes de réquisitions, des pillages et toutes sortes de contraintes", le tout dans une hygiène de vie précaire : "Ils se lavent dans la rivière et doivent trouver eux-mêmes de l'eau."
Quant aux autres, ils prennent la fuite et descendent vers des "itinéraires d'évacuations, vers l'Orne et Ille-et-Vilaine, dans des centres d'accueil" où des aides humanitaires les attendent. Maisune fois le débarquement terminé et la victoire remportée, l'heure est au constat des dégâts humains et matériels. Une nouvelle forme de souffrance prend alors le dessus. Celle de l'après-guerre.
"Les Normands ont cherché leurs morts dans les rues"
L'après-bataille n'est pas de tout repos pour les civils. "Il a fallu abriter les populations, même après les interventions militaires. Les villes, les champs et les territoires étaient minés. Un travail de déminage a été fait" non sans difficulté. "Les Normands ont cherché leurs morts dans les rues". Sans nouvelles d'une partie de leur famille, ils fouillent au milieu des ruines pour tenter de retrouver des corps : "Ils cherchaient à savoir où étaient leurs proches, beaucoup ont eu des morts à déplorer" nous explique Françoise Passera.
Par ailleurs, l es souvenirs des Normands qui ont souffert ont été très rarement partagés. À travers ces mots et ces recherches, "l'idée était de raconter une histoire qui était très méconnue du grand public, c'est cela qui a été très motivant pour nous. La première commémoration pour les victimes civiles date de 2014, c'est très récent".
Aujourd'hui, le Débarquement prend une dimension touristique
Face "à une demande sociale très forte sur la bataille de Normandie", la dimension historique d'origine, avec des morts et des blessés, tend à être vue de manière plus positive, avec l'organisation d'événements plus festifs sur place : feu d'artifice ou encore bals populaires. Un principe donnant-donnant, qui permet d'instruire les générations actuelles, tout en permettant d'attirer les touristes et des sources de revenus dans la région. Entre respect des protocoles d'hommages traditionnels et un nouveau volet plus populaire axé sur l'immersion et le divertissement, le Débarquement n'a pas fini de faire parler de lui et se doit de rester dans les mémoires collectives.