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"Il n'a cessé de se servir de moi pour justifier l'exploitation sexuelle des enfants et des adolescents", assène Francesca Gee, 62 ans, dans son manuscrit. Cette ancienne journaliste américaine parle évidemment de Gabriel Matzneff, avec qui elle a passé trois ans alors qu'elle n'avait que 15 ans. Lui en avait 37. C'est dans les colonnes du New York Times qu'elle livre son témoignage, rapporte Le Parisien. Le quotidien de référence américain en a d'ailleurs publié une version intégralement traduite en Français, compte tenu de la nature même de l'affaire.
Gabriel Matzneff, écrivain Français de renom et longtemps acclamé par les mondes littéraires, politiques, culturels et économiques, a désormais 83 ans. Il a rencontré Francesca Gee pour la première fois en 1973. Ses parents ont alors donné leur aval pour qu'elle loge chez l'homme qui ne cachait pourtant pas ses attirances pour les mineurs. Il doit d'ailleurs être jugé en 2021 pour "apologie de la pédophilie".
Des faits et gestes a priori connus du monde politique puisque la gynécologue Michèle Barzach, qui fut ministre de la Santé entre 1986 et 1988 aurait prescrit la pilule a plusieurs reprises à la journaliste américaine alors qu'elle fréquentait l'écrivain et était mineur. Aux micros du Times, elle évoque une demi-douzaine de rencontres. A aucun moment, confirme Gabriel Matzneff dans Elie et Phatéon, son journal de l'époque, la médecin "n'a cru devoir faire la morale à ce monsieur de trente-sept ans et à sa maîtresse de quinze".
Un manuscrit jamais publié
Le manuscrit écrit par Francesca Gee en 2004 n'a jamais été publié, faute d'éditeurs. Même Grasset, éditeur du "Consentement", le livre de Vanessa Springora – elle aussi victime – qui révélait déjà les violences sexuelles exercées par Gabriel Matzneff sur des enfants et des jeunes adolescents , a refusé son ouvrage. C'est pourtant ce texte qui a agit comme un électrochoc pour l'ancienne journaliste américaine.
Elle évoque un "cataclysme qui s'était abattu sur moi à 15 ans, et qui devait changer le cours mon existence". Elle en est restée "honteuse, amère, confuse".
Si cette relation s'est avérée possible, c'est parce que les parents de Francesca Gee invitaient régulièrement Gabriel Matzneff a leur table. Son père, raconte son frère cadet, cherchait à se faire une place dans la société française.
"C'était une de ces choses qui comptait beaucoup, socialement parlant, de faire partie de l'intelligentsia. Cela comptait davantage que de réfléchir aux effets collatéraux de la pédophilie", raconte Francesca Gee.