De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Quand les enfants prennent la place des parents. S’il est difficile de voir ses parents vieillir, il l’est encore plus de prendre certaines décisions avec ou pour eux. Celle d’un déménagement dans un Ehpad en est une particulièrement douloureuse lorsqu’on y est confronté. Comment savoir qu’on fait le bon choix ? Comment être certain que l’établissement conviendra à notre père ou à notre mère ? Toutes ces questions n’ont pas toujours leurs réponses alors que les enfants sont plongés subitement dans un monde qui leur est inconnu.
"Quand il y a une décision à prendre, il faut que ce soit un choix de vie, véritablement", explique à Planet Véronique Boriello, vice-présidente de la FNADEPA (Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées). Elle rappelle que l’inscription dans une maison de retraite doit être une volonté du résident, "sinon une entrée ne peut pas fonctionner". Bien sûr, cet accord est plus compliqué à obtenir lorsqu’il s’agit de personnes "qui ont des troubles cognitifs majeurs, mais ils peuvent toujours exprimer leur volonté". "La décision, ce n’est pas à nous, les enfants, de la prendre, c’est vraiment le choix des personnes concernées", insiste-t-elle.
Ehpad : "Le prix n'est pas toujours un gage de qualité"
Y a-t-il un bon moment pour se poser la question, pour en discuter avec ses parents ? "Le bon moment, c’est en général avant que le problème se pose, explique Claudette Brialix, présidente de la FNAPAEF (Fédération nationale des associations et des amis des personnes âgées et de leurs familles). Il y a d’abord une lente ou brutale dégradation de la santé. La personne n’est plus du tout en capacité, malgré les aides qui l’accompagnent, de rester à domicile". Lorsque la décision est prise, lorsque la personne a donné son accord pour rejoindre une maison de retraite, alors "il faut en visiter beaucoup et poser beaucoup de questions", explique Claudette Brialix. "Il faut demander combien il y a de personnels par résident pour accompagner les soins, mais aussi consulter les menus, voir s’il s’agit d’une alimentation de qualité. Il y a beaucoup de petits détails qui sont importants, comme l’entretien du linge, les animations, la gestion de la mobilité, celle de l’incontinence…".
Véronique Boriello, directrice d’un Ehpad, pense qu’il est important de se renseigner sur "les différents projets développés, les valeurs qui sont défendues par l’institution, les modes et les types d’accompagnement…". "Tous ces éléments-là doivent être croisés avec ses propres besoins. Il faut savoir s’ils sont en adéquation, si la structure, si le lieu de vie correspondent aux attentes de la personne", insiste-t-elle. Bien sûr, il y a également le prix qui rentre en jeu, avec "le financement et le mode de financement". "Les prix sont extrêmement variables, qu’on soit dans un établissement public, un établissement privé non lucratif ou en commercial", prévient Claudette Brialix. "Il n’est pas toujours un gage de qualité !", prévient Véronique Boriello.
Ehpad : quelles sont les bonnes questions à poser ?
Renseignements pris, il est indispensable de visiter l’établissement contacté et d’y passer du temps, de tout regarder, de voir à quoi ressemblent les chambres. "C’est la même chose que lorsqu’on visite un appartement, c’est un lieu de vie, avec des personnes qui accompagnent et qui aident", résume Véronique Boriello. La directrice évoque "une atmosphère, un ressenti" lors de la visite et une seule question à se poser : "Est-ce que je veux vivre là ?". Si la réponse est non, alors on passe son chemin. Claudette Brialix invite à s’arrêter sur d’autres détails et à ne pas hésiter à se renseigner sur les droits de visite, sur la présence du wifi et dans quelles pièces. "Il faut aussi demander quels types d’objets les résidents ont le droit d’amener avec eux, s’il y a une limite autorisée pour la décoration des chambres, s’il y a des stores ou des volets, surtout lors des épisodes de chaleur", prévient-elle.
Il y a également une question importante pour pouvoir anticiper l’avenir, même s’il est difficile de la poser à ses proches : les directives anticipées. "La question est de savoir comment elles se gèrent, en particulier celles qui ont trait au décès, évidemment", précise Claudette Brialix. Un sujet délicat, qu’un enfant n’a pas forcément envie d’aborder concernant ses parents, mais qui revêt une grande importance. "Il faut s’interroger sur le type de structure que l’on recherche, pour quel type de besoin et surtout quelle anticipation", ajoute Véronique Boriello, avant de conclure : "La question fondamentale à se poser est : un Ehpad pour quoi faire, pour répondre à quel besoin ?". En répondant à cette question, avec vos parents vieillissants, vous prendrez la bonne décision avec eux.